Vacances et voyage
Un safari pour croquer toute la splendeur africaine
Catherine Cr�peau Photographe : Catherine Cr�peau
Ce voyage, j'y songeais depuis des années, me disant qu'un jour, j'aurais les moyens de partir photographier les «big five» (lion, léopard, éléphant, rhinocéros et buffle africain) et camper dans l'immensité de la savane. Et un matin, j'ai décidé que ce serait maintenant. Deux mois plus tard, je partais. Au programme: deux semaines de camping dans cinq des principales réserves naturelles du Kenya et de la Tanzanie, au sein d'un groupe d'une dizaine de personnes. Mes finances et ma méconnaissance de l'Afrique de l'Est m'ont incitée à choisir la formule de groupe plutôt qu'un voyage en solitaire. Surtout que, pour moi, un safari-photo devait se faire dans la nature. Pas question de dormir à l'hôtel - bien qu'il existe de très bons établissements en bordure des parcs. C'est sous la tente que je voulais vivre l'aventure!
La saison des safaris s'étend sur toute l'année, mais j'ai opté pour le début du mois d'octobre, afin de voir la migration des grands animaux. Un spectacle impressionnant auquel j'ai assisté dans la réserve du Masaï Mara, qui doit son nom au peuple Masaï. Un après-midi, nous nous sommes retrouvés dans une plaine entourés de milliers de gnous qui se préparaient à migrer vers le parc du Serengeti voisin, à la recherche de verts pâturages. Impossible de ne pas canarder le troupeau, même si l'animal en soi n'est pas particulièrement attrayant - avouez qu'ils n'ont pas la beauté des fauves ou les grands yeux des girafes! Mais il se dégage une telle énergie et une telle puissance de ces milliers de bêtes rassemblées.
Visite sous surveillance
Les visites des réserves se font généralement en 4x4, avec des guides, et selon des règles strictes. Pas question de sortir du véhicule, sauf près des centres d'information, de certains hôtels ou de points d'eau. La nuit, des gardes armés assurent notre sécurité, sauf dans le Serengeti, où notre groupe était laissé à lui-même sur l'aire de camping. Et la nuit, pas question de sortir seul, pas même pour gagner la toilette à moins de cent mètres du campement. Il faut réveiller son voisin de tente, au cas où on croiserait un fauve ou un éléphant. On comprend vite pourquoi lorsqu'on entend les hurlements des lions dans la nuit avant de se glisser dans son sac de couchage.
À pied dans la savane
Le premier soir, nous plantons nos tentes dans un parc que nous partageons avec un groupe de marabouts. Ces oiseaux qui atteignent près d'un mètre cinquante ne semblent aucunement effrayés par notre présence. À genoux à quelques pas d'un d'entre eux, je mitraille littéralement le volatile les yeux dans les yeux, sans qu'il détourne la tête.
En fin d'après-midi, nous partons pour un premier safari sur une île. Nous y observons nos premières gazelles, des dik-diks et les fameux acacias parasols, indissociables du paysage kenyan. C'est aussi un des rares moments de liberté loin de l'espace sécurisé du véhicule. Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir eu les moyens de choisir un forfait prévoyant davantage de promenades à pied dans les réserves. La majorité de mes 15 jours de safari se feront en 4x4. C'est évidemment le meilleur moyen de voir un maximum de paysages et d'animaux, mais il manque cette sensation grisante de circuler sur un territoire sauvage, à la merci de ses occupants. Un peu comme lorsqu'on plonge au milieu des requins. Certains s'en sentiront rassurés, alors que moi, j'aurais aimé un peu plus de piquant!
Le Serengeti, le Masaï Mara et Amboseli
Chaque matin, nous quittons le campement aux premières lueurs du jour pour profiter de la fraîcheur, plus propice à l'observation. De point d'eau en point d'eau, nous sommes à la recherche d'éléphants, de lions, de zèbres, d'hippopotames et d'autres oiseaux.
Le safari m'a amenée au célèbre parc du Serengeti, en Tanzanie. Mais étrangement, ce n'est pas l'endroit qui m'a le plus impressionnée. J'ai préféré le Masaï Mara, au Kenya. À certains endroits, la savane se transforme en un tapis vert piqueté de fleurs sauvages. Sans oublier les collines boisées et les termitières. Le parc national d'Amboseli, avec ses plaines désertiques et ses marais dans lesquels se vautrent les éléphants et les buffles avec en toile de fond le Kilimandjaro perçant les nuages, est magique.
Les lions, magnifiques et royaux
Les lions restent les meilleurs souvenirs de mon séjour en Afrique. J'ai vu mes premiers spécimens dès le premier jour dans la réserve du Masaï Mara. Ils étaient étendus à moins de trois mètres de la piste. Un mâle et une femelle, légèrement assoupis sous la pluie, abrités sous le frêle abri d'un arbrisseau, le nez caché par le foin... Tout pour composer une superbe photo. Quelques jours plus tard, c'est une femelle à l'affut qui retient mon attention. Elle avance lentement, aux aguets, surveillant du coin de l'œil un gnou quelques centaines de mètres. Finalement, elle le laissera aller pendant que nous reprendrons la route.
Cette apparence calme est toutefois trompeuse. Après avoir observé un lion et sa femelle assoupis à un mètre de la piste pendant une vingtaine de minutes, j'ai vu le mâle se dresser sur ses pattes, les crocs à découvert en une fraction de seconde au bruit du moteur d'un autre véhicule. J'en garde une séquence image par image impressionnante.
Des zèbres et des girafes
Les zèbres, au contraire, sont des animaux on ne peut plus placides. Impossible de les photographier courant dans la savane, même lorsqu'ils traînent sur la piste et que le véhicule fonce sur eux. C'est à peine s'ils font deux ou trois bonds de côté avant de se mettre à brouter calmement! Et ils sont partout. Comme les gazelles. Ces dernières sont d'ailleurs si présentes que les derniers jours, je ne prenais même plus la peine de dégainer mon appareil photo pour tout ce qui y ressemblait. J'aurais bien fait la même chose pour les zèbres, mais jusqu'à la fin, j'ai gardé espoir d'en croquer un en pleine course!
Les girafes semblent également passer une grande partie de leur temps à manger, souvent à quelques pas de la piste, offrant à nos objectifs leurs grands yeux bordés de longs cils. Elles sont parfois si près qu'il est impossible de les immortaliser sur pellicule. Même avec un grand angulaire. Cette proximité permet d'observer des moments fascinants comme ces girafes surprises en plein ballet. «Un combat pour les yeux de leur belle», m'explique la guide. Pour ma part, j'aurais cru à un rituel de séduction, alors que les cous des deux animaux se courbent, se tendent et se penchent à l'unisson, quasi parallèlement. Fascinée, j'ai capté des dizaines d'images de la scène, qui me revient en tête comme un des moments marquants de cette aventure photographique.
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La version originale de cet article a été publiée sur le site Servicevie.com.