Loisirs et culture
Alexandre Bilodeau aux Jeux olympiques de Sotchi
Alexandre Bilodeau
Alexandre Bilodeau, 26 ans
Ski acrobatique, médaille d'or à Vancouver
Qu'est-ce qui fait la beauté de votre sport? C'est un sport assez complet, où il faut être extrêmement rapide en descente, habile en ski, exceptionnellement acrobate, et accepter que, quels que soient nos résultats à l'entraînement, la consécration ou le sacrifice peuvent se jouer sur une seule bosse! Mon sport n'a rien à voir avec la performance continue - comparativement au ski de fond, par exemple. Moi, je manque une bosse et je suis fini!
Quand avez-vous réalisé que vous aviez une chance d'aller aux Olympiques un jour? Très tard. En bref, je n'ai jamais été le meilleur. Sur l'équipe du Québec, j'étais 4e ou 5e. Je n'ai jamais participé aux Jeux du Canada. C'est d'ailleurs une grande déception dans ma carrière. Ma bataille pour une médaille olympique a été soudaine. Mes résultats ont fait boule de neige et je me suis retrouvé à Turin, là où personne ne m'attendait. Je n'ai donc pas eu trop de temps pour rêver aux Olympiques.
Vous avez grandi à Rosemère, auprès des fils de Gaétan Boucher... Il nous disait: «Les boys, être le meilleur, c'est facile. Il faut juste travailler plus fort que tous les autres.» Ça fesse! Mon père, une sommité en fiscalité, m'a, quant à lui, inculqué son éthique de travail - je suis donc un athlète travaillant - et l'amour du monde des affaires, et ma mère, un ange, a mis sa vie de côté pour élever trois enfants.
Une personne significative? Avoir grandi avec un frère handicapé, qui avait les mêmes rêves que moi, à la différence qu'ils étaient pour lui inatteignables, c'est tout un destin. Et ça fait toute la différence au monde. Malgré qu'il souffre de paralysie cérébrale, Frédéric n'a jamais jalousé personne. Il rend les choses positives. C'est une lumière, ce gars-là. Un don du ciel.
Une chose qu'il vous a apprise? On n'atteint pas toujours nos rêves. Mais, lorsqu'ils sont à notre portée, on a le devoir d'essayer. À Turin, j'étais 2e au monde, j'y allais pour l'or et j'ai fini 11e. Après ma défaite, je devais traverser la salle de presse et je pleurais. Soudain, qui est là? Mon frère. Il avait convaincu les gardes de sécurité de le laisser passer. Il m'a dit: «Félicitations!» Je lui ai demandé avec ironie s'il avait vu ma descente. «Hey! Tu viens de participer aux Jeux olympiques! Tu as réalisé un rêve universel. T'as pas de médaille, mais c'est bien la seule chose que t'as pas... Arrête de pleurer et fête ça!» Grande leçon de vie. Il sera toujours là dans les meilleurs et les pires moments.
Une heure avant une épreuve, que faites-vous? Ma préparation varie selon mon état d'esprit. Une chose est sûre, je n'aime pas être sur la montagne une demi-heure à l'avance. À Vancouver, j'ai écouté le show de Louis-José Houde et, pendant les 40 dernières minutes avant de monter au sommet, je n'ai pensé à rien. J'ai ri! La détente est peut-être mon meilleur allié.
Quels sont vos espoirs pour ces jeux? Je suis à Sotchi pour l'or. Je suis de plus en plus constant et, si je suis dans le bon état d'esprit, il n'y a aucune raison que ça ne fonctionne pas. Frédéric a l'air tellement certain, en plus. Si ça va mal, il va me dire: «Pourquoi t'es déçu? Tu as tout essayé. Tu as déjà gagné.» Si je remporte l'or, il va dire: «Je te l'avais dit!»