Maquillage
Cosmétiques périmés: un danger pour la santé?
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On connaît tous les dates de péremption sur les aliments, mais qu’en est-il de nos petits pots? Est-il risqué de toujours les utiliser après quelques années de bons et loyaux services? On fait le point.
Des bactéries dans nos produits
En ce qui concerne les produits que l'on utilise quotidiennement, donc qui s'épuisent rapidement, la question du potentiel risque de contamination bactérienne ne se pose pas. Or, en ce qui a trait à nos fards à paupières ou à nos blushs, que l'on utilise plus ponctuellement et que l'on conserve donc de nombreuses années, la question mérite d'être posée. Après tout, si l'on veille à ne pas consommer de yogourt périmé, doit-on attribuer une durée de vie à notre gloss préféré?
Une dangerosité scientifiquement prouvée?
Des scientifiques de la London Metropolitan University ont analysé plusieurs produits cosmétiques envoyés par des blogueurs de Grande-Bretagne. Au premier abord, leurs constatations peuvent faire peur. En effet, leurs résultats montrent que la plupart des échantillons fournis contiennent des bactéries, comme Eubacterium, Aeromonas ou encore Propionibacterium, pouvant, a priori, être à l'origine d'infections vaginales, d'infections digestives ou d'irruption d'acné. L'étude va même jusqu'à trouver Enterococcus faecalis dans les rouges à lèvres et les gloss, une bactérie impliquée dans de nombreux cas d'infections urinaires et de septicémies. Alors, risque-t-on notre santé à nous maquiller? «Il faut relativiser les choses», affirme le Pr. Vincent Cattoir, chef du Service de microbiologie au CHU de Caen, en France. «Ces germes ne sont pas des pathogènes majeurs. Eubacterium est une bactérie naturellement présente dans le tube digestif de l'homme pouvant engendrer de rares infections dans des contextes particuliers (immunodépression, chirurgie...). Propionibacterium est aussi une bactérie commensale, qui se trouve au niveau du bulbe pilosébacé, et, outre l'acné, elle est essentiellement responsable d'infections sur prothèses après une chirurgie orthopédique. Quant à Aeromonas, c'est une bactérie de l'environnement aquatique responsable d'infections de plaies au contact de l'eau et de diarrhées après l'ingestion d'aliments contaminés; or, a priori, on ne mange pas sa crème! Ce serait beaucoup plus alarmant si de "vrais" pathogènes cutanés étaient isolés de ces produits, comme le staphylocoque doré. Enfin, il est fort à parier que les produits cosmétiques sont contaminés bien avant la date de péremption.» De plus, la littérature scientifique montre que toutes ces bactéries sont plus ou moins abondantes sur la peau du commun des mortels. Bref, on vit le plus naturellement du monde avec ces petites bêtes, et ce, sans grand danger pour notre santé!
Faire du tri dans sa pharmacie
Conclusion, le plus gros risque à courir en utilisant des produits de beauté périmés, c'est que notre rouge à lèvres change d'odeur, que notre vernis s'applique moins bien ou que notre fond de teint trahisse nos imperfections. L'hygiène et l'utilisation de nos produits cosmétiques relèvent donc du bon sens. On se lave les mains avant de tremper nos doigts dans notre pot de crème, on jette éventuellement un produit périmé, car son odeur ou sa texture aura changé mais, si on l'utilise, il n'y a aucune crainte à avoir. Enfin, on n'applique pas un écran solaire ouvert depuis plus d'un an, car ses filtres protecteurs se sont dégradés.
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