Sexualité

Trouble d'érection: que faire quand il n’y a pas de facteur physique?

Trouble d'érection sans facteur physique

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

Comme de nombreux patients, Marcel, 57 ans, me consulte pour un trouble érectile. Après avoir fait son bilan de santé, son médecin conclut qu’aucun facteur d’origine physique ne peut expliquer sa dysfonction érectile.

Marcel fait partie de ces hommes professionnellement actifs et préoccupés par leur santé physique. Bref, c'est un homme «moderne». C'est son médecin qui insiste pour qu'il consulte une sexologue... Dans la pratique, peu d'hommes consultent spontanément, sans y être encouragés par un tiers. 

La fonction psychosexuelle: désir et satisfaction

L'évaluation de l'aspect psychosexuel demande du temps et de l'implication de la part du patient. Les questions de routine sur le désir, l'orgasme, la satisfaction sexuelle antérieure au problème doivent êtres abordées. Devant un problème d'étiologie psychogène, il faut écouter attentivement le récit du patient. Homme ou femme, c'est pareil.

Ainsi, j'apprends de Marcel, qu'il a du désir, «mais pas d'érection quand c'est le temps... quand il le faut.» 

Consulter un sexologue qui pose de bonnes questions

Un bon thérapeute est celui qui pose les bonnes questions. Sans questions, un sexologue risque de proposer des solutions «toutes faites» de type «one size fits all» (taille unique). Le but du questionnement est de détecter les perceptions personnelles du patient, de détecter celles qui sont nuisibles et de proposer un cheminement.

Que veut donc dire Marcel par «quand il le faut»? Il répond: «Quand il le faut pour mon épouse, et puis c'est mieux de le faire souvent.» Par son discours, Marcel me dévoile ses perceptions et ses exigences personnelles face à sa sexualité. Il s'efforce de satisfaire à des critères extérieurs à lui-même: «pour son épouse», «pour atteindre une fréquence normale», «pour être comme les autres»...

Marcel, parlant de son épouse, m'invite à explorer l'influence qu'elle peut avoir sur la dynamique sexuelle. J'apprends que le désir de sa conjointe est historiquement moins grand que le sien. Que Marcel a toujours fait les avances sexuelles et qu'il est important pour lui qu'elle éprouve du plaisir, et que jamais, il n'aurait pu la forcer à faire l'amour.  Souvent, il sentait qu'elle le faisait  par «devoir». Jocelyne serait-elle comme lui, dans le «il faut que...»? Ce serait bien qu'ils s'en parlent...

Les troubles somatiques de l'impuissance sexuelle

Les troubles somatiques (qui se rapportent au corps) ont un sens. Quel est donc celui de l'impuissance sexuelle? Ce problème a-t-il son utilité? L'absence d'érection aurait-elle ses avantages?

Lorsque je lui pose les questions, Marcel réfléchit:

- Peut-être que je ne suis plus capable de vivre le rejet?

- Est-ce que j'ai démissionné à tenter de la satisfaire?

- Est-ce qu'inconsciemment je souhaite qu'elle s'inquiète de me perdre?

- Peut-être que je lui en veux pour quelque chose qu'on n'arrive pas à régler?

- Suis-je déçu?

Le désir de performance ne suffit pas. Ne suffit plus...

Marcel me raconte ses inquiétudes sexuelles, familiales et conjugales... mais il ne sait plus se situer: «Un homme ne devrait pas se poser autant de questions, il devrait BANDER! On dirait que c'est moi maintenant qui ai mal à la tête.»

Subir de la pression: rien pour régler le problème

Marcel, comme beaucoup d'autres hommes, souhaiterait avoir une puissance érectile inébranlable. Cependant, la capacité érectile de l'homme mature ne peut plus faire écran aux conflits qui le hantent. Le désir d'un homme mature peut difficilement faire abstraction des différends sexuels non réglés. En plus, Marcel sent une pression à taire ce qui le mine. Cette pression peut provenir des stéréotypes, de ses exigences personnelles, de son milieu familial ou d'une absence de réceptivité chez l'autre.

Dans ce cas, l'impuissance sert à provoquer une discussion, à contester l'état actuel des choses et aussi, à protéger sa psyché, contre la peur du rejet et de la critique. Il faut donc comprendre à quoi sert la dysfonction érectile et y travailler. Dans cette dynamique, ni le viagra, ni l'aspirine ne vont régler ce qui donne à l'homme un «mal de tête».

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