Sexualité

Souffrez-vous d'hypersexualité?

Souffrez-vous d'hypersexualité?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

La sexualité est un besoin essentiel de tout être humain. Toutefois, elle peut devenir déviante chez certains individus.

À notre époque, difficile de donner une définition de la sexualité dite «normale». Bien que certaines pratiques sexuelles puissent sembler un peu bizarres aux yeux du commun des mortels, elles n'entraînent généralement pas de conséquences fâcheuses et la société les tolère si elles se font, bien sûr, entre partenaires consentants. Certains troubles, cependant, peuvent comporter une compulsivité sexuelle. Touchant principalement les hommes, ces troubles vont de la maladie mentale à la dépendance pure et simple. Mais quand donc peut-on parler d'«anormalité» en matière de sexe?

La sexualité vue comme une maladie

Le DSM IV (Diagnostic and Statistic Manuel of Mental Disorders - 4th Edition, American Psychiatric Association) classe les comportements sexuels excessifs en trois grandes catégories qui regroupent la plupart des manifestations d'hyperactivité sexuelle : les paraphilies, les troubles du contrôle des impulsions non spécifiés ou les troubles sexuels non spécifiés. Certaines maladies ou l'abus de substances peuvent aussi mener à une activité sexuelle intense. Par exemple, la maladie bipolaire, les troubles de l'anxiété, la maladie d'Alzheimer ou la consommation abusive de cocaïne sont souvent caractérisés par une hyperactivité sexuelle.

À LIRE: Quelle place occupe le sexe dans ma vie?

1. Paraphilies

Selon le DSM-IV, les paraphilies se caractérisent par une excitation sexuelle, des fantasmes, des besoins ou des comportements que l'on considère déviants selon les normes de notre société et qui interfèrent avec les différents aspects de la vie quotidienne, que ce soit au niveau social, occupationnel ou personnel. Ils impliquent généralement l'utilisation d'objets inanimés ou d'animaux, le besoin d'humilier ou de faire souffrir le partenaire ou les relations sexuelles avec des personnes non consentantes, y compris des enfants. Les paraphilies les plus communes sont l'exhibitionnisme, la pédophilie, le voyeurisme, le fétichisme, le sadisme, le masochisme et le frotteurisme.

2. Troubles du contrôle des impulsions non spécifiés

Une autre catégorie du DSM-IV peut impliquer des comportements sexuels excessifs. Les troubles du contrôle des impulsions sont décrits comme une incapacité à résister à un besoin d'accomplir un acte que l'on sait néfaste pour soi-même ou pour les autres. Ils sont caractérisés par des actes répétés, incontrôlables, sans motivation rationnelle claire. Le passage à l'acte est typiquement précédé par une période de tension et d'excitement. Après avoir agi, la personne ressent immédiatement un sentiment de soulagement et de gratification. Parfois, mais pas toujours, elle peut avoir des remords de ce qu'elle a fait. Pour que le comportement soit diagnostiqué comme un trouble du contrôle des impulsions, il faut aussi que le comportement ne puisse être expliqué par une autre maladie dont il pourrait être un symptôme et n'est pas non plus la conséquence d'une intoxication à l'alcool ou à d'autres substances.

À lire: L'argent dans le couple: plus tabou que le sexe

3. Troubles sexuels non spécifiés

Certaines hypersexualités ne peuvent être considérées ni comme des paraphilies ni comme des troubles du contrôle des impulsions. C'est pourquoi le DSM-IV a créé le chapitre des troubles sexuels non spécifiés. L'exemple le plus commun de ce type de trouble est la détresse engendrée par un mode de relations sexuelles répétitives impliquant une succession de partenaires que la personne ne considère que comme des objets dont il se sert.

 

Concept de dépendance sexuelle

Depuis quelques années, le concept de dépendance sexuelle a permis d'inclure l'hypersexualité dans la grande famille des dépendances, au même titre que l'alcoolisme ou le jeu pathologique. En psychiatrie clinique, on parle de dépendance lorsqu'une personne aliène sa liberté et organise son existence autour d'un produit ou d'un comportement. C'est le psychologue et chercheur américain Patrick Carnes qui a le premier étudié l'hyperactivité sexuelle en tant que dépendance vers la fin des années 1970. Ses recherches l'ont conduit à désigner une série de comportements qui peuvent révéler une dépendance sexuelle. Si certains de ces comportements sont déjà décrits dans le DSM-IV, d'autres ne relèvent pas du domaine des maladies mentales mais plutôt du domaine des dépendances:

À lire: Dépendance au sexe ou désir insatiable?

  • Idées obsédantes et masturbation compulsive à l'aide de fantasmes, de films, de revue, de lignes téléphoniques ou de sites Internet pornographiques, ou parfois même en utilisant certains objets non sexuels, comme des sous-vêtements.
  • Recours fréquent aux services de prostitués (hommes, femmes ou travestis).
  • Relations sexuelles anonymes avec de multiples partenaires.
  • Aventures en série, même si la personne est déjà engagée dans une relation stable.
  • Fréquentation assidue de bar de danseuses nues, de studios de massages érotiques ou de librairies pour adultes.
  • Exhibitionnisme.
  • Voyeurisme.
  • Frotteurisme, c'est-à-dire propension à toucher la poitrine ou les organes génitaux d'une autre personne de manière à ce que la chose paraisse accidentelle, dans une foule par exemple.
  • Pédophilie.
  • Viol.
  • Sadomasochisme.

Quoique l'utilisation de jouets sexuels, le visionnement de films érotiques, voire l'échangisme et le sadomasochisme puissent parfois faire partie d'une sexualité dite «normale», on parle de dépendance lorsque ces comportements sont dictés par des besoins irrépressibles, qu'ils sont répétitifs et qu'ils interfèrent avec les activités quotidiennes et les relations interpersonnelles de la personne qui en souffre. Contrairement aux hommes et aux femmes qui trouvent dans leurs multiples conquêtes un certain épanouissement, les victimes de dépendance sexuelle ont un rapport douloureux avec leur sexualité et se sentent engagées dans un engrenage dont elles ne peuvent plus sortir. Certains chercheurs ont même observé un effet d'accoutumance, tout comme chez les alcooliques ou les toxicomanes, qui oblige la personne à multiplier les relations sexuelles ou à s'engager dans une sexualité de plus en plus marginale.

À LIRE: Sexologie: «Suis-je normal?», l'éternelle question

Conséquences parfois dramatiques

La plupart des personnes qui souffrent d'hypersexualité ressentent de la honte et de la culpabilité devant leur impuissance à contrôler leur comportement même s'ils en connaissent les conséquences. Et elles sont nombreuses: négligence du partenaire, divorce, accumulation de dettes (prostitués, pornographie, lignes téléphoniques, etc), contraction de maladies transmises sexuellement, perte d'emploi, risque élevé de s'engager dans d'autres comportements néfastes, comme l'abus de drogue ou d'alcool, dépression, suicide. De plus, les personnes engagées dans des relations sexuelles qui ne sont pas tolérées par la société (voyeurisme, frotteurisme ou exhibitionnisme) ou qui sont hautement criminelles (pédophilie, viol, pornographie infantile, inceste) risquent de faire face à la justice pour offenses sexuelles.

Traitement complexe

Le traitement de l'hypersexualité est compliqué par le fait que le but ultime est de faire cesser le comportement inapproprié sans toutefois supprimer complètement la sexualité. Selon le type d'hypersexualité (paraphilie, troubles du contrôle des impulsions, etc), le traitement peut avoir recours aux médicaments antidépresseurs ou régulateurs de l'humeur, aux psychothérapies individuelles ou familiales ou aux associations d'aide sur le modèle des Alcooliques Anonymes. Dans certains cas extrêmes (pédophilie, viol), on aura recours à des médicaments capables d'inhiber l'excitation sexuelle ou à des techniques de renforcement négatif.

Ressources:

  • Dépendants affectifs et sexuels anonymes (DASA), (514) 983-0671
  • Sexoliques anonymes, (514) 254-8181

 

Partage X
Sexualité

Souffrez-vous d'hypersexualité?

Se connecter

S'inscrire