Sexualité
Briser l'abstinence sexuelle sans souffrir
Quand on a déjà été blessée, il n'est pas facile d'aimer de nouveau. Mais en se donnant le temps...
«Il y a un moment maintenant que je suis seule. J'aurais tant envie d'être importante pour quelqu'un, d'être dans ses bras. Il y a bien un homme à qui je plais et qui me plaît aussi... mais on dirait que j'ai peur de me laisser aller. C'est ridicule, je veux et je ne veux pas. Qu'est-ce qui m'arrive?»
Aimer et être aimée, on en a absolument besoin. Pourtant, il n'est pas très facile de recréer des liens intimes... On a peur: les blessures précédentes ont laissé leur marque! La sexualité joue un rôle important dans les séparations. L'autre est parti avec une femme plus jeune et plus dégourdie comme il disait, ou parce qu'on ne faisait pas l'amour assez souvent à son goût. Peut-être que c'est moi qui suis partie parce que je ne me sentais plus intéressante ni désirée, ou parce qu'il attendait de moi des choses que je ne pouvais lui donner, etc. Sans compter les abus et les viols assez fréquents entre partenaires!
Quelle que soit la cause de la séparation (même un décès), il y a eu un temps où l'on s'est sentie abandonnée, vidée, trahie par la vie, par l'autre. Ce sont tous ces éléments qui font qu'il est difficile de renouer des liens intimes; on s'aperçoit qu'on est fragile, que nos blessures ne sont pas entièrement cicatrisées... Est-ce qu'il va m'arriver encore la même chose? Est-ce que ça va marcher cette fois-ci?
Les nouvelles peurs
L'inquiétude s'empare alors de nous, pouvant même provoquer une certaine panique: «Que va-t-il penser de mon corps? Est-ce que je suis encore désirable? J'ai des vergetures, j'ai les seins un peu plus tombants depuis mes allaitements; comment me verra-t-il?» Et on ne voit que nos petits défauts en oubliant de regarder aussi nos qualités. Il faut comprendre que si on ne s'aime pas soi-même, si on n'a pas confiance, on aura de la difficulté à se laisser aimer par l'autre. On peut très bien décider de se replier sur soi-même, se dire que de toute façon ça ne changera pas, que les hommes sont tous pareils... Il vaut peut-être mieux prendre conscience que ce sont nos vieilles blessures et nos peurs qui nous retiennent. Mais l'espoir et notre besoin d'être aimée, eux, nous tirent vers l'avant.Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
Et si on se faisait un peu confiance? Avez-vous déjà pensé que l'autre éprouve peut-être les mêmes craintes? Et si on commençait par partager nos craintes avec lui...
J'ai remarqué qu'habituellement les gens tournent autour du pot pour se donner du temps, pour se mettre en confiance, ce qui est bien en soi, mais que dans le fond, ils n'abordent pas les sujets qui les préoccupent. Je sais, par tout ce que j'ai entendu en consultation, que les hommes et les femmes en sont au même point quant à la peur d'être rejetés ou abandonnés ou ridiculisés. On gagnerait donc à s'en parler, on serait sur le même pied. Et quelle belle complicité, quelle belle intimité on serait en train de créer! J'ai aussi remarqué que côté sexualité on veut aller beaucoup trop vite. On pourrait se donner des permissions, s'entendre pour se caresser par-dessus ses vêtements sans s'obliger à arriver tout de suite à la pénétration. Mais souvent, on ne respecte pas ses peurs et on exige trop de soi-même. On pense que l'autre pense que... mais on ne va pas vérifier! Il est bon de faire des ententes, de se dire ce qu'on veut. On a le droit de prendre soin de soi, avec l'autre. Si on veut que cette relation dure, autant qu'elle parte du bon pied!
On pourrait donc prendre le temps de se parler, de se courtiser, de se toucher graduellement et de rire ensemble et de s'amuser. La confiance y gagnerait probablement, et le désir aussi.
Association des sexologues du Québec