Santé

«Workaholiques» menacés d'éboulements

«Workaholiques» menacés d'éboulements

iStockphoto.com Photographe : iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Les  «workaholiques» sont perçus comme responsables, mûrs, vertueux. On croit qu’ils atteignent tous les sommets. Rien de moins sûr. La dépendance au travail provoque parfois une chute vertigineuse.

C'est vers la fin des années 1960 qu'apparaît la notion de «workaholisme»: une relation pathologique avec le travail. Les personnes qui en souffrent entretiennent une véritable compulsion, consacrant de plus en plus de temps et d'énergie à leurs activités professionnelles au détriment des autres aspects de leur vie. Mais il s'agit d'une dépendance «propre», socialement acceptée et qui suscite même l'admiration. Autrement dit, un mal très sournois.

«Gros travailleur» ou «workaholique»?

Les experts s'entendent pour établir la différence entre «gros travailleur» et «workaholique». Le «gros travailleur» prend tous les moyens pour accomplir son travail. Il peut faire des heures supplémentaires lorsque la situation l'exige, mais ses objectifs et ses délais sont clairement définis. Surtout, il décroche une fois la tâche accomplie et recommence à consacrer du temps à sa famille et ses amis.

Le «workaholique», lui, fait du travail le centre de son univers. Il lui sacrifie tout. Son bien-être physique et sa santé mentale en sont affectés. Guidé par sa logique, il se prend au sérieux, se donne de hauts standards de performance et rejette la faiblesse. Il lui est difficile de travailler en équipe, son agressivité et son manque de confiance envers les autres le portent en effet à tout faire seul. Et lorsqu'un travail est terminé, il se sent déprimé ou anxieux.

Santé en chute libre et stress psychologique

Le «workaholique» vit un état de stress chronique: maux de tête et migraines, tension artérielle élevée, douleurs musculaires, indigestions fréquentes, constipation ou diarrhée, ulcères d'estomac, fatigue chronique et insomnie... Tout cela le connaît. Psychologiquement, les choses ne sont pas plus roses: l'anxiété, l'irritabilité, la tristesse, la colère, l'hypersensibilité, l'apathie, le désespoir, l'insécurité et la dépression sont souvent son lot. Il peut aussi être affecté par certains troubles du comportement: agressivité, augmentation de la consommation d'alcool ou de drogues, tabagisme et isolement.

Plus de frontières entre le travail et la vie de famille

Le téléphone cellulaire, le courrier électronique, Internet, les Blackberry et autres extensions électroniques abolissent aujourd'hui les frontières entre bureau et vie privée. Autant de moyens de faire entrer le travail dans toutes les sphères de sa vie, la famille en particulier.

Résultat? Le conjoint se sent ignoré et craint de perdre le contrôle de sa vie de couple. Les disputes sont fréquentes, les risques de divorce augmentent. Le climat malsain a souvent des répercussions sur les enfants, qui peuvent manifester à leur tour une tendance au contrôle et un perfectionnisme exagéré... Jusqu'à devenir eux-mêmes «workaholiques».

Du stress supplémentaire pour les collègues et l'entreprise

À première vue, il peut sembler profitable pour une organisation d'engager un «workaholique». Mais attention! Le dépendant créera une atmosphère de stress parmi ses collègues. Il voudra tout contrôler, s'accorder tous les crédits. Son efficacité laissera pourtant à désirer. Sa manie de faire des listes, de tout vérifier et revérifier, son incapacité à déléguer ou à partager les tâches le pousseront à faire un tas de choses inutiles et à en prendre trop. La fatigue aidant, sa productivité en souffrira, et il sera plus susceptible que les autres de commettre des erreurs de jugement.

«Workaholique»? Reprenez de saines habitudes de vie!

Dormez huit heures: obligez-vous à dormir huit heures par nuit. Pas question de vous dire: «Je dormirai demain ou je ferai une sieste plus tard». Le manque de sommeil ne se rattrape pas et il n'existe pas de substitut.

Éteignez tout: ne laissez vos ordinateurs, cellulaires et Blackberry allumés que pendant les heures ouvrables ou à des périodes fixes de la journée. Ne prenez vos messages et vos courriels qu'à des moments déterminés. Concentrez-vous sur ce que vous êtes en train de faire.

Passez les week-ends en famille: si vous trouvez de bonnes excuses pour travailler sans relâche du lundi au vendredi, vous en trouverez certainement pour passer les fins de semaines en famille.

Mangez bien: ne sautez pas de repas. Si vous ne pouvez quitter votre travail, commandez un repas à l'extérieur ou prévoyez une collation.

Confinez le travail... aux lieux de travail: résistez de temps en temps à la tentation d'apporter du travail à la maison. Et tenez-vous-en aux heures régulières de travail. Petit à petit, vous reprendrez le contrôle de vos heures de liberté.

Bougez: si vous travaillez sans arrêt, votre corps ne peut répondre aux efforts que vous lui demandez. Accordez-vous une demi-heure à une heure par jour pour faire de l'exercice. Marchez, courez, nagez.

Planifiez: plutôt que d'essayer de tout faire en même temps, dressez une liste de vos priorités et attaquez-vous à une tâche à la fois.

Au bout du compte, un bon diagnostic, la prise en charge par un médecin de famille, et une psychothérapie adaptée pourront vous aider à rétablir durablement vos priorités. Pour mordre pleinement dans la vie.

Partage X
Santé

«Workaholiques» menacés d'éboulements

Se connecter

S'inscrire