Santé
Votre chum nuit-il à votre santé?
Un chum fumeur, bon mangeur ou sédentaire peut-il vraiment nous nuire? Absolument! Voici 7 conseils pour changer… ensemble.
1. «Sportif, mon chum? Basket, hockey, football, tout le passionne... à la télé.»
Quand notre conjoint n'est pas fana d'exercice physique, il est fort probable qu'il ne nous y encourage pas non plus. L'effet que cela peut avoir sur notre motivation dépend de notre personnalité, estime Chantal Daigle, coordonnatrice de l'enseignement clinique au Département de kinésiologie de l'Université de Montréal. «Certaines femmes demeurent actives indépendamment des habitudes de leur compagnon de vie, dit-elle. Elles peuvent justement pratiquer leur sport pendant que leur conjoint regarde la télé. D'autres sont moins motivées à bouger sans leur conjoint et ont tendance à devenir plus sédentaires parce qu'elles veulent passer du temps en couple.»
La kinésiologue rappelle les risques de la sédentarité. «Moins on bouge, plus notre corps devient paresseux et moins on brûle de calories. On se retrouve alors avec une prise de poids, souvent associée à une augmentation du taux de cholestérol et à l'hypertension artérielle, deux facteurs qui augmentent nos risques à long terme de souffrir de maladies cardiovasculaires.»
Comment corriger la situation: Il suffit de 30 minutes d'exercice par jour à intensité modérée pour en retirer des bénéfices santé. Pour faire bouger notre homme - et passer du temps avec lui -, on devrait trouver une activité à pratiquer en couple, comme un cours de danse, du ski de fond, de la raquette, de la marche ou du jogging. Si on a des enfants, on peut sortir plus souvent jouer dehors avec eux. «Mine de rien, glisser en traîneau, construire un fort ou faire un bonhomme de neige, c'est de l'exercice! » ajoute Chantal Daigle. Certains jeux vidéo permettent aussi de bouger davantage. «Des jeux comme Dance Dance Revolution ou des simulations de sports avec console peuvent nous mettre en action.» Et pourquoi ne pas proposer à notre conjoint d'aller marcher 30 minutes avant de s'asseoir devant la télé, certains soirs? «L'important, c'est de pratiquer un sport ou une activité qu'on aime, indique Mme Daigle. Quand le plaisir est là, la motivation suit.»
2. «Pas question de lui faire avaler du brocoli, des haricots ou de la courge! Les seuls légumes qu'il mange sont ceux qui vont sur la pizza ou dans la sauce à spaghetti.»
Les préférences alimentaires de notre conjoint peuvent restreindre notre consommation de légumes, constate Stéphanie Côté, nutritionniste chez Extenso, le Centre de référence sur la nutrition de l'Université de Montréal. «Pour éviter le gaspillage, on peut être portée à acheter moins de légumes, dit-elle. On peut aussi être moins motivée à cuisiner des légumes quand on est seule à les manger. Et en mangeant moins de légumes, on compense avec des aliments souvent plus riches en calories, ce qui peut engendrer un gain de poids.» En principe, une femme devrait consommer quotidiennement sept ou huit portions de fruits et légumes. «Quand on ne respecte pas ces recommandations et qu'on mange peu de légumes, on se prive de leurs nombreux minéraux, antioxydants et vitamines diverses, qui réduisent nos risques de souffrir du cancer, du diabète et de maladies cardiovasculaires», ajoute-t-elle.
Pour corriger la situation: Il n'y a pas de recette miracle! Il faut vraiment essayer d'inclure des légumes dans tous nos repas du midi et du soir. On essaie de varier leur présentation afin que notre conjoint les apprécie davantage. «On lui propose des potages, des jus ou des crudités, on les cuit en papillote, etc., suggère la nutritionniste. Cette diversité pourrait bien lui donner le goût d'en manger davantage.»
3. «Mon chum a fumé toute sa vie. De mon côté, j'ai arrêté depuis quelques années déjà.»
Pas de doute, vivre auprès d'un fumeur a un impact direct sur notre santé, même si on ne fume pas. «La fumée secondaire combine la fumée de la cigarette qui se consume à celle exhalée par le fumeur, explique Nathalie Juteau, agente de communications pour le Conseil québécois sur le tabac et la santé. Cette fumée contient 4 000 substances chimiques, dont 50 reconnues comme étant cancérigènes. De plus, la fumée secondaire contient trois fois plus de goudron, cinq fois plus de monoxyde de carbone et six fois plus de nicotine que la fumée respirée par le fumeur.»
Une exposition régulière à la fumée secondaire augmente de 25 % les risques de maladie pulmonaire et de 10 % ceux de maladie du coeur, ajoute Mme Juteau. «Au Québec, chaque année, 136 non-fumeurs meurent d'un cancer du poumon et 223, de maladies cardiaques causées par une exposition à la fumée secondaire.»
Pour corriger la situation: Pour diminuer notre exposition, on demande à notre conjoint de fumer à l'extérieur de la maison et de s'en abstenir lorsqu'on est ensemble en voiture. L'humour peut aider à faire passer le message, note Mme Juteau. On peut aussi encourager notre conjoint à participer au Défi J'arrête, j'y gagne, dans le cadre duquel il devra cesser de fumer pendant six semaines. De l'aide et des outils sont disponibles sur le site Défi J'arrête, j'y gagne. On s'y inscrit du 4 janvier au 28 février 2011.
4. «Bière après le travail, vin au repas, digestifs avec les chums: parfois, je trouve qu'il boit un peu trop.»
Selon les statistiques, on risque de boire plus quand on côtoie quelqu'un qui boit. «Le contexte de consommation dans lequel on se trouve exerce une influence considérable sur la quantité d'alcool qu'on va prendre», confirme Hubert Sacy, directeur général d'Éduc'alcool. Il rapporte d'ailleurs que certaines études ont montré qu'on boirait davantage en compagnie des hommes qu'entre filles. «Et les conjointes d'alcooliques courent plus de risques de le devenir que celles dont les conjoints boivent modérément», ajoute-t-il.
«Quand on boit trop, on expose notre organisme aux méfaits de l'alcool», dit M. Sacy. Ainsi, une consommation excessive peut entraîner à la longue une hépatite sévère ou une cirrhose. Des études indiquent aussi que les femmes qui ont un conjoint alcoolique souffrent davantage d'anxiété, d'insomnie, de tension et de dépression.
Comment corriger la situation: Les femmes devraient se limiter à deux consommations par jour et les hommes, à trois. Quelques trucs pour boire modérément: on se fixe une limite à ne pas dépasser, par jour ou par semaine. On boit plus lentement. Une ou deux journées par semaine, on s'abstient complètement de boire de l'alcool. On apprend à dire non. On choisit à l'occasion des apéros sans alcool, comme une bière sans alcool ou un jus de légumes. Enfin, on se rappelle que «ce n'est pas parce que la bouteille de vin n'est pas finie qu'il faut la finir», comme le souligne Hubert Sacy.
5. «La plupart du temps, je réussis à manger santé, mais, quand mon chum me propose de faire livrer une pizza pour le souper ou m'offre une poutine après le cinéma, j'ai beaucoup de difficulté à résister.»
Difficile de choisir de préparer un repas pour soi alors que notre chum mange son trio au bout de la table! «Ça finit par déteindre sur notre alimentation», note Stéphanie Côté. Et il n'y a pas grand-chose de bon pour la santé dans le fast-food, rappelle la nutritionniste. «Ce sont souvent des aliments riches en gras et en sel, servis en grandes portions qui incitent à manger plus que ce dont on a besoin. À la longue, cela peut entraîner un surplus de poids, qui vient avec une augmentation des risques de souffrir de maladies cardiaques, de diabète de type 2 et d'hypertension.»
Comment corriger la situation: Pour éviter de consommer trop de restauration rapide, Mme Côté suggère de convertir notre chum à la restauration rapide maison: frites au four, burger à la viande maigre garni de légumes frais ou grillés, ou pizza gastronomique avec moins de charcuteries et plus de légumes. «Si on accompagne notre conjoint dans une chaîne de restauration rapide, ajoutet- elle, on essaie de choisir des mets plus santé dans le menu, par exemple une salade avec une vinaigrette plutôt que de la mayonnaise, un sandwich au poulet ou un hamburger accompagné de verdures à la place des frites.»
6. «Un chum qui ronfle, ce n'est pas de tout repos!»
Les ronflements, dont l'intensité peut atteindre 80 décibels, soit l'équivalent du bruit d'une motocyclette, peuvent sérieusement perturber notre sommeil. Et quand on dort mal, c'est notre quotidien au complet qui en souffre: fatigue intense, irritation, maux de tête, vertiges et manque de concentration. La relation de couple en prend aussi pour son rhume, par exemple, quand on décide de faire chambre à part.
Si son ronflement s'accompagne d'apnée du sommeil, la santé de notre homme est aussi en péril. «Une personne qui fait de l'apnée a de multiples arrêts respiratoires d'au moins 10 secondes durant la nuit, explique Venise Cyr, inhalothérapeute à la Clinique du sommeil des Laurentides. Si on pense que notre conjoint en souffre, il faut consulter un médecin.» À long terme, la privation d'oxygène durant les pauses respiratoires augmente notamment les risques d'hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires.
Comment corriger la situation: «Pour diminuer les ronflements, on peut demander à notre conjoint de limiter sa consommation d'alcool en soirée», suggère Venise Cyr. Dormir sur le dos favorise aussi les ronflements. «S'il dort avec une camisole ou un t-shirt, on peut fixer une balle de tennis dans le dos du vêtement en y cousant un morceau de tissu, dit-elle. Cela le forcera à demeurer sur le côté.» Éviter les somnifères, ne pas fumer et garder un poids santé sont d'autres moyens de réduire les ronflements.
7. «Ses assiettes sont toujours bien remplies et, quand c'est bon, il n'hésite pas à se resservir. Sans m'en rendre compte, je fais souvent comme lui.»
«On mange généralement au même rythme que les personnes avec qui on est, signale Stéphanie Côté. Cette habitude peut donc déteindre sur notre comportement. Par exemple, si on est à table avec quelqu'un qui mange vite, on mangera plus rapidement et on aura tendance à se servir une deuxième fois. Il est aussi prouvé qu'on est portée à manger davantage quand on a beaucoup d'aliments devant soi. Évidemment, manger beaucoup peut se traduire par un surplus de poids, avec les conséquences néfastes que l'on connaît.»
Comment corriger la situation: «On commence le repas avec une entrée de salade ou de potage contenant beaucoup de légumes, suggère Mme Côté. Ce sont des mets faibles en calories, mais ils peuvent apaiser un peu la faim de notre conjoint. Cela aide à manger plus raisonnablement par la suite. Si notre conjoint aime avoir devant lui une assiette bien remplie, on mise sur de grosses portions de légumes à côté des autres aliments comme la viande et les pâtes. Cela met du volume dans l'assiette. De plus, les légumes contiennent beaucoup de fibres, ils rassasient et demandent une mastication importante qui nous force à manger plus lentement. De cette façon, on ne se sent pas privé et on mange une bonne assiette sans prendre trop de calories.»
La prévention, une habitude féminine?
«Les femmes ont naturellement un comportement préventif par rapport à la santé, note le Dr Mario Messier, spécialiste en promotion de la santé au travail. Elles ont aussi des besoins, notamment en matière de contraception, qui les amènent à consulter leur médecin plus régulièrement.» Voilà une bonne habitude qu'on devrait transmettre à notre homme. Certains ennuis de santé peuvent être prévenus ou vite guéris s'ils sont pris à temps.
«Les hommes prennent plus soin de leur voiture que d'eux-mêmes. C'est un cliché, mais c'est vrai!» dit le Dr Messier. L'hypertension, un taux de cholestérol élevé ou un début de diabète, entre autres, ne peuvent être détectés que par une prise de sang, avertit le médecin. «Dans la vingtaine et la trentaine, après un premier bilan, on peut espacer nos visites de trois à cinq ans. Dans la quarantaine, on recommande un examen tous les deux ou trois ans, et à 50 ans, on devrait voir notre médecin annuellement.»
S'il est d'accord, on propose à notre conjoint de prendre le rendez-vous pour lui ou de fixer nos rendez-vous en même temps pour y aller ensemble. Des études prouvent qu'il est bon qu'on s'en mêle un peu. Une enquête américaine a révélé que les hommes ayant une conjointe étaient 40 % plus nombreux à se soumettre à un test de dépistage du cancer de la prostate que les célibataires, les divorcés ou les veufs. Un sondage de la Fondation canadienne de recherche sur le cancer de la prostate montre aussi que, dans 50 % des cas, c'est la femme qui prend le rendez-vous pour l'examen de dépistage de son conjoint. La moitié des hommes qui prennent eux-mêmes leur rendez-vous avouent l'avoir fait devant l'insistance de leur compagne.
Des lectures pour lui
- Bouger santé, par Guy Thibault et André Roy, Rudel Médias, 2007, 176 p., 17,95$.
- La Santé au masculin: pourquoi les hommes entretiennent mieux leur char que leur corps?, par Harold C. Dion, M.D., Éditions La Presse, 2010, 128 p., 22,95$.
- La Santé par le plaisir de bien manger, par Richard Béliveau et Denis Gingras, Trécarré, 2009, 264 p., 39,95$.