Santé
Se débarrasser des allergies avec l'immunothérapie
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L’immunothérapie permet à des milliers de personnes allergiques de se débarrasser de leurs allergies et des éternuements, écoulement nasal et larmoiement qui les accompagnent grâce à des injections d’allergènes.
Qu'il s'agisse de pollen, d'herbe à poux, de poils d'animaux, d'acariens ou de poussière, de nombreux allergènes provoquent des symptômes inconfortables que les personnes souffrant d'allergies traitent habituellement avec des vaporisateurs nasaux ou des antihistaminiques. Le seul moyen de se débarrasser définitivement de certaines allergies est d'avoir recours à l'immunothérapie, c'est-à-dire à des injections d'extraits des substances causant les allergies (les allergènes). Mais ces injections en valent-elles la peine?
Tout comme la vaccination, l'immunothérapie permet de développer une résistance ou une immunité aux allergènes concernés. Ainsi, le corps ne réagira plus exagérément lorsqu'il sera exposé à ces substances. Pour y parvenir, on injecte des doses de l'allergène à intervalles réguliers. La fréquence des piqûres et la durée du traitement varient selon les allergènes concernés. La plupart du temps, les injections ont lieu une fois par semaine pendant trois à six mois, puis une fois par mois pendant trois ans (jusqu'à cinq ans pour le venin de guêpe). On peut alors combiner plusieurs allergènes si la personne est allergique à différentes substances. Toutefois, aucune allergie alimentaire ne peut être traitée de cette façon, pour l'instant.
Lorsqu'il s'agit d'une allergie à un pollen particulier, comme l'herbe à poux ou le bouleau, il est possible d'avoir recours à des vaccins pré-saisonniers. Dans ce cas, on procède à huit ou 11 injections avant la saison pollinique.
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À qui s'adresse l'immunothérapie?
La plupart des médecins recommandent l'immunothérapie lorsque les symptômes de l'allergie sont importants, notamment en présence d'asthme, ou lorsque les médicaments s'avèrent peu efficaces ou ne sont pas tolérés. « On peut être allergique aux chats, mais cela ne veut pas dire qu'il faut prendre des piqûres pendant trois ans, surtout si l'on n'a pas de chat », mentionne le Dr Marek Rola-Pleszynski, allergologue-immunologue, chercheur-clinicien et directeur du service d'immunologie-allergologie du département de pédiatrie de l'Université de Sherbrooke.
« Pour les venins de guêpe, l'immunothérapie est toujours une indication formelle non négociable, parce que les risques sont trop importants », ajoute le Dr Jacques Hébert, allergologue-immunologue au CHUL et directeur du Centre de recherche appliquée en allergie de Québec.
Bien sûr, chaque personne allergique peut décider d'avoir recours à l'immunothérapie si elle le souhaite et si elle est prête à en subir les contraintes. Le coût varie de 100 $ à 600 $ par année, selon la forme de vaccin, mais est généralement couvert par les assurances, contrairement aux antihistaminiques. « Toutefois, c'est un gros contrat, un gros investissement de temps », prévient le Dr Hébert. En effet, pendant trois ans, à raison d'une fois par mois, la personne doit recevoir une injection dans un bureau de médecin et rester sur place 30 minutes après l'injection pour s'assurer qu'aucun effet secondaire ne survienne.
Peu d'effets secondaires
Les effets secondaires rencontrés sont plutôt mineurs. « Il s'agit surtout de réactions locales au site d'injection, qui peuvent survenir dans les 30 minutes qui suivent l'injection, explique le Dr Hébert. On voit apparaître un œdème local, plus ou moins inconfortable. Il peut aussi y avoir une réaction locale tardive, dans les heures qui suivent, qui se traite par des médicaments anti-inflammatoires. Les réactions plus générales qui peuvent survenir sont beaucoup plus rares et arrivent en général une demi-heure après avoir reçu l'injection. Ces réactions sont facilement traitables si elles sont prises à temps.»
Quelle efficacité pour l'immunothérapie?
« Pour le venin de guêpe, on obtient 100 % d'efficacité, annonce le Dr Pleszynski. Les pollens obtiennent un bon succès aussi, avec 80 à 90 % d'efficacité. Pour les poussières et acariens, on tombe à 60-70 %. Enfin, les animaux obtiennent moins de 50 % d'efficacité. »
Selon le Dr Hébert, l'efficacité devrait persister pendant au moins une dizaine d'années après l'arrêt du vaccin et il y a une chance sur deux que l'allergie ne revienne jamais.
Un avenir prometteur
Que ceux qui ne sont pas prêts à investir du temps dans l'immunothérapie se rassurent: la plupart des allergies partent d'elles-mêmes. « Par contre, on ne sait jamais combien de temps l'allergie va durer, précise le Dr Hébert. La légende urbaine parle de sept ans, mais c'est vraiment une légende! Cela peut durer aussi bien 30 ans, que 10 ans ou 5 ans. Je mentionne toujours à mes patients qu'il serait surprenant qu'ils prennent leur retraite avec leurs allergies! »
L'avenir pourrait nous apporter d'excellentes nouvelles. En effet, un vaccin oral pourrait bientôt être disponible au Canada. « Plusieurs vaccins par voie orale sont à l'essai clinique au Canada et aux États-Unis et finiront par être approuvés par les autorités réglementaires, mentionne le Dr Hébert. Ils sont en circulation en Europe depuis vingt ans et les études qui les concernent sont éloquentes. Cela fonctionne bien, on peut le prendre à domicile et les risques d'effets secondaires sont quasiment nuls! »
Saviez-vous que?
Appelé aéroallergène, le pollen de certaines variétés de plantes et d'arbres est si petit et léger qu'il peut être disséminé sur plusieurs kilomètres. Du pollen d'herbe à poux a déjà été recueilli à environ 645 kilomètres des côtes ainsi qu'à 3000 mètres d'altitude.
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