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Réduire les îlots de chaleur: une question de santé

Réduire les îlots de chaleur: une question de santé

?Fairmont Le Reine Elizabeth Photographe : ?Fairmont Le Reine Elizabeth Auteur : Coup de Pouce

Les îlots de chaleur envahissent les villes, provoquant de fortes différences de température en été. Faiblesse, stress, crampes, problèmes respiratoires, leurs conséquences sur la santé sont indéniables. Et il appartient à chacun d’agir pour réduire les îlots de chaleur urbains.

On a tous déjà ressenti la température accablante qui règne dans les stationnements des centres commerciaux en plein cœur de l'été. C'est ce qu'on appelle des îlots de chaleur. «Il en existe deux définitions. Selon la première, ils représentent la différence de température entre le milieu urbain et le secteur rural environnant, qui peut aller de 2 °C à 12 °C. La seconde se concentre sur les îlots thermiques urbains situés dans une même ville. Ce sont des zones dotées de peu de végétation et pourvues de surfaces imperméabilisées où se concentre la chaleur et où la température peut varier de plusieurs degrés», explique Mélissa Giguère, agente de planification, de programmation et de recherche à l'Institut national de santé publique du Québec.

Les institutions se mobilisent depuis quelques années autour de cet enjeu de santé publique, notamment depuis la canicule qu'a connue la France en août 2003. Cet été-là, 15 000 personnes sont décédées sous l'effet de la chaleur. De trop fortes températures peuvent créer du stress et de l'inconfort, comme des crampes, voire des syncopes. Elles influent également sur la santé des personnes vulnérables comme les gens âgés, les jeunes enfants, les personnes atteintes de troubles mentaux ainsi que celles souffrant de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires.

La formation des îlots de chaleur

La formation des îlots de chaleur s'explique par les conditions météorologiques et l'activité humaine, par exemple les gaz à effet de serre, la diminution du couvert forestier en ville et l'utilisation de matériaux imperméables. Les solutions pour y remédier consistent, en gros, à ajouter des végétaux: installation de toits et de murs verts, aménagement de jardin, plantation d'arbres, etc. D'autres actions possibles touchent la perméabilité du sol, soit une réduction des surfaces asphaltées ou leur remplacement par des espaces recouverts de gravier, et le type de matériaux employés en construction. On parle, par exemple, de poser des matériaux réfléchissants sur les toits plats, de les peindre de couleur pâle ou d'utiliser des matériaux à forte inertie thermique telles que la pierre, le béton, la terre crue et la brique.

Vers une réduction des îlots de chaleur

Dans son plan de développement durable 2010-2015, la Ville de Montréal indique que d'ici 2020, elle prévoit réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre de la collectivité par rapport à 1990. Elle veut aussi faire passer le couvert forestier de 20% (en 2007) à 25% en 2025. Des actions fortes qui, si elles se réalisent, devraient changer la donne.

Des organismes communautaires travaillent déjà à la diminution des îlots de chaleur. Entre 2007 et 2011, Soverdi a participé notamment à la plantation de plus de 14 000 arbres dans le cadre de 150 projets, dont une cinquantaine de ruelles vertes. «Il y a urgence dans le sens où nous sommes déjà confrontés à un problème sérieux», signale Pierre Bélec, l'un des administrateurs de l'organisme qui soutient des projets de verdissement sur l'île de Montréal depuis 1992. Selon lui, il faut attendre 15 ans pour qu'un arbre remplisse pleinement sa fonction d'ombrage. D'où la nécessité d'anticiper.

Toitures végétales efficaces

Le Centre d'écologie urbaine de Montréal travaille pour sa part au reverdissement par la mise en place d'îlots de fraîcheur et de toits végétaux. En mai 2011, il a réalisé l'une des premières études montréalaises sur la performance énergétique d'une telle couverture. Les résultats sont probants: un toit végétal irrigué permettrait entre autres de réduire de 99% l'entrée de chaleur qui en provient. Assez pour qu'on puisse éteindre le climatiseur!

Le concept de toiture végétale a du chemin à faire pour s'imposer. En 2009, la faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal n'en avait recensé que 34 dans la ville. Les avantages sont pourtant nombreux. «Les toits verts permettent de réduire le volume des eaux pluviales, d'atténuer le problème des îlots de chaleur et de favoriser la biodiversité. On croit qu'ils auraient aussi des effets sur la réduction du stress», énumère Danielle Dagenais, professeure adjointe à la faculté. Néanmoins, ce type de couverture peut paraître difficile à installer. «Un frein existe à l'implantation de toits verts. Il y a une question de poids et de construction de bâtiment qui n'est pas forcément compatible avec nos vieux triplex montréalais», poursuit la chercheuse.

Rafraîchir son environnement

Sans aller jusqu'à implanter une toiture végétale, le propriétaire d'un condo ou d'une maison peut contribuer à la réduction des îlots thermiques à son échelle. Il peut couvrir son bâtiment d'un mur vert, planter un arbre dans sa cour ou poser des volets extérieurs pour éviter le rayonnement solaire.

Chacun de nous peut diminuer l'emploi de la climatisation dans son appartement en favorisant la ventilation par l'ouverture de plusieurs fenêtres ou encore utiliser les transports actifs comme le vélo pour se déplacer. Des gestes simples qui devraient produire leur effet si tout le monde s'y met.

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