Santé
Que faire quand le stress nous rend malade?
Selon Statistique Canada, les problèmes de santé chroniques liés au stress, tels les ulcères, les maux de dos ou les migraines, augmentent chaque année. Il est temps de changer ça!
Stress : ce qui se passe dans mon corps
La sécrétion d'hormones dites du stress (principalement l'adrénaline et le cortisol) n'est pas négative en soi, puisqu'il s'agit d'une réaction de notre cerveau pour nous défendre et, éventuellement, nous sauver la vie face à un événement menaçant. Ce qui devient dommageable, c'est la sécrétion continue de ces hormones, car, en même temps qu'elles s'activent, elles mettent en alerte tout notre système hormonal: les taux de glucose et de cholestérol sanguin grimpent, le taux d'insuline dégringole, le rythme cardiaque et la pression s'accélèrent, le système digestif ralentit, les vaisseaux se dilatent, les muscles et les artères se contractent, et notre système immunitaire finit par être trop sollicité. Bref, la machine s'emballe... et nous épuise!
Le stress est à l'origine de bien des maux familiers. Selon Robert Béliveau, médecin omnipraticien offrant des ateliers en santé mentale et gestion du stress au Centre EPIC de l'Institut de cardiologie de Montréal, il pourrait être en partie responsable des maladies psychosomatiques du tube digestif ou de la peau, des maux de dos, des céphalées et migraines, du syndrome de la fatigue chronique, etc. En fait, c'est parce qu'on est de plus en plus convaincus de ses ravages sur la santé que le stress est aujourd'hui largement pris en considération par la médecine, au plan physiologique comme au plan psychologique.
Sonia Lupien, directrice du Centre d'études pour le stress humain de l'hôpital Douglas, affilié à l'université McGill, explique le mécanisme du stress comme une accumulation progressive de facteurs qui finissent par nous faire tomber: «Imaginez que vous êtes debout et qu'on vous ajoute progressivement des poids au bout de chaque bras. Vos genoux vont plier, votre corps va sécréter du cortisol et de l'adrénaline pour vous aider à tenir le coup. Le jour où on vous enlèvera ces poids d'un coup, vous allez tomber, comme si on vous en avait mis un de trop. Votre corps était rendu trop bas pour garder l'équilibre.» Cela explique un fait à première vue paradoxal: pourquoi on tombe souvent malade au moment de partir en vacances! «Si on passe 51 semaines à se mettre du poids sur les épaules et à tenir bon parce qu'on sait que, la 52e semaine, on part à Cuba, c'est certain qu'on va attraper le premier virus qui passe.» Le stress cumulé finit par épuiser notre système immunitaire, qui ne joue plus son rôle de défense.
Le stress n'est pas seulement dommageable pour notre santé physique, il l'est aussi pour nos fonctions cérébrales. Sonia Lupien et son équipe confirment diverses études selon lesquelles le stress chronique a un effet nocif sur le cerveau, particulièrement sur la mémoire. En effet, un taux de cortisol continuellement élevé provoque un amenuisement de l'hippocampe, la partie du cerveau responsable de l'apprentissage et de la mémoire. Il est donc urgent de s'occuper de son stress!
Au Canada comme dans bien des pays industrialisés, le stress a trois origines principales: des journées trop chargées, une situation financière difficile (perte d'emploi, dettes) et des problèmes relationnels (séparations, échecs amoureux).
Est-ce que je laisse le stress prendre le dessus sur ma santé?
Notez les énoncés qui s'appliquent.
- Prendre le petit-déjeuner assise à la table avec les enfants? Pas le temps! M'arrêter une heure pour dîner? Jamais la semaine!
- J'accumule les cartes de chiros, d'ostéos, de massos... au cas où je déciderais un jour de m'occuper de ce fichu mal de dos!
- Au boulot, mon meilleur copain s'appelle Van Houtte.
- Étourdissements, palpitations... Au réveil, je me sens souvent comme si j'avais trop bu la veille.
- Grosse journée demain. J'aurai sûrement mal à la tête.
Plus on a noté d'énoncés, plus cette facette de notre vie est affectée par le stress.
Stress: Ce qu'on peut faire
On laisse place à l'imprévu
Pour éviter de tomber malade, il faut se ménager des périodes pour souffler, partir en week-end sur un coup de tête ou prendre du bon temps régulièrement au lieu de décompresser seulement une ou deux semaines par année. «Et n'oublions pas d'être socialement actif pour ne pas s'enfermer dans une routine qui limite nos contacts avec autrui, conseille Sonia Lupien. Un souper improvisé et une discussion à bâtons rompus autour d'une bouteille de vin, il n'y a rien de tel pour faire tomber la pression. Même si on n'a pas fait un ménage à la Martha Stewart avant!»
On médite... ou on s'active!
Pour contrer les effets du stress, on obtient d'excellents résultats avec la méditation. Mais attention! prévient Sonia Lupien: ce n'est pas une réponse universelle. Question de personnalité. «Certains ont besoin de bouger. La réponse au stress n'est pas la relaxation ou la méditation, c'est la résilience, ce qui veut dire trouver des solutions pour que ce qui nous rend malade ne nous affecte plus.» Se défouler ou se calmer, à chacune sa méthode!
Voici quelques ressources intéressantes:
- Le Groupement d'entraide pour un mieux-être (GEME), à Saint-Hubert, offre des ateliers sur le stress et des cours de gymnastique respiratoire.
- Taï chi, gymnastique respiratoire, réflexologie, Pilates... On peut trouver la technique antistress qui nous convient au YWCA de Québec.
- Le Complexe sportif de l'Université de Montréal (CEPSUM) propose des ateliers de gestion du stress.
- Au Centre EPIC de l'Institut de cardiologie de Montréal, on peut suivre des ateliers de gestion du stress avec le Dr Béliveau. Ces séances s'adressent aux gens qui veulent vivre de façon plus détendue, joyeuse, consciente et bienveillante. «On pratique la relaxation profonde pour visiter les parties du corps et prendre conscience du fait qu'on le maltraite avec le stress quotidien. L'idée, c'est de créer une relation plus chaleureuse avec lui», explique le Dr Béliveau.
On fait de l'humour
C'est bon pour le moral, mais aussi pour la santé: le rire est une gymnastique qui «masse» le corps (on parle même de «yoga du rire») et favorise la sécrétion d'endorphines, hormones du bien-être. Pour apprendre à rire, il est possible de suivre des ateliers dans les Clubs de rire.
Moins audacieux mais tout aussi efficace: on adopte des lectures rigolotes et on cesse de se sentir coupable de passer du temps devant le petit écran à se bidonner devant des émissions ou des films légers!
Pour aller plus loin
Oui, il y a des alternatives aux médicaments dans le processus de guérison, comme l'écrit le psychiatre français David Servan-Schreiber dans Guérir le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse (Robert Laffont, 2003).
À consulter: Guérir.org.