Santé
Qu'est-ce qui déclenche une migraine?
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Outre par l’hérédité, contre laquelle nous ne pouvons faire grand-chose, la migraine peut se déclencher pour de nombreuses de raisons. Les voici.
Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence la présence de comorbidités multiples associées à la migraine et qui peuvent influencer son évolution de façon importante. Voici donc des causes des facteurs déclenchants de la migraine.
Le stress
Un travail de plus en plus exigeant et compétitif sous les ordre d'un patron antipathique, voilà un contexte propre à déclencher la migraine du migraineux, lequel doit s'absenter souvent de son poste, dans la plus grande indifférence de ses collègues et la plus grande incompréhension de ses patrons.
Il y a le milieu familial avec tous ses tracas qui ajoutent au stress du travail: le petit dernier qui ne fait pas encore ses nuits, le débutant à l'école avec qui il faut faire les devoirs, l'adolescent qui commence à ruer dans les brancards, le grand Tanguy qui continue, à 30 ans, à vivre chez papa-maman. Et puis, il y a les grands-parents qui déclinent et dont il faut aussi s'occuper.
Les irritants quotidiens du travail et de la maison semblent jouer davantage sur la migraine que les grands événements de la vie, comme un deuil, une réorientaton de carrière ou encore la maladie grave d'un proche. Pour le migraineux, ces irritants sont comme le suplice chinois de la goutte d'eau. Le stress montre bien le lien étroit qui unit la psychologie et la biologie de l'être. D'où l'importance pour les migraineux d'apprendre à gérer le stress quotidien.
Les aliments et les boissons
Plusieurs aliments et boissons peuvent déclencher une migraine chez la personne susceptible: le chocolat au lait, le fromage vieilli, le beurre d'arachide, les noix, les agrumes, l'excès de caféine et ne l'oublions pas, le jeûne. Aussi, l'alcool, sous toutes ses formes, même en petite quantité, surtout le vin rouge.
Des substances chimiques - rehausseurs de goût ou édulcorants -, comme le glutamate monosodique que l'on retrouve surtout dans les mets chinois mais aussi dans plusieurs produits préparés, comme les soupes en conserve ou en sachet; le nitrate, destiné à préserver la fraîcheur des saucisses à hot-dog, du salami et de la plupart des charcuteries; l'aspartame utilisé pour sucrer les boissons gazeuses diète.
Des migraineux se consolent de toutes ces restrictions en pensant qu'ils ne manquent pas grand-chose: à part les agrumes, les noix et le beurre d'arachide, les autres produits interdits sont souvent mauvais pour la santé. Ils évitent les crises de migraine en adoptant un meilleur régime alimentaire.
Le sommeil et la migraine
Il représente aussi un élément important dans la genèse ou le soulagement de la migraine. Si vous dormez trop, migraineux, vous risquez de souffrir d'une migraine - même chose si vous ne dormez pas suffisamment.
De nombreux migraineux présentent des migraines nocturnes, la plupart se produisant entre 4 h et 9 h du matin. Le problème avec ce type de migraine est que la médication orale n'est guère efficace. Avant de réveiller le migraineux, la migraine est déjà présente depuis un moment, Or, la médication orale prend de 30 à 45 minutes avant d'agir, et c'est très long. Il y a la formule intra nasale qui agit en une quinzaine de minutes, ou mieux, la formule injectable sous-cutanée qui, elle, agit en cinq à dix minutes.
Un autre exemple de l'importance du sommeil sur la migraine est bien démontré par les migraines de fin de semaine. Le migraineux ne peut tout simplement pas faire la grasse matinée... En général, il ne peut pas varier ses heures de sommeil de plus d'une heure, en plus ou en moins, sous peine de migraine. Pour éviter les migraines de fin de semaine, il doit dormir le même nombre d'heures que la semaine. La régularité en tout est un gage du bonheur pour le migraineux: sa vie peut paraître bien monotone s'il ne fait pas preuve d'imagination.
L'activité physique
Elle représente aussi un facteur important dans le déclenchement de la migraine. Encore une fois, ici comme pour le sommeil, trop ou pas assez d'exercice physique peut contribuer à l'apparition de la migraine. Il faut surtout être en bonne condition.
Un exercice physique régulier et bien dosé semble bénéfique au migraineux. Surentraînement ou, à l'opposé, déconditionnement mènent tous deux à la migraine. Même chose pour l'activité sexuelle que le migraineux doit pratiquer avec jugement.
Il peut y avoir un coup de tonnerre dans le ciel bleu, et c'est la céphalée coïtale. Elle survient surtout chez les hommes pas nécessairement migraineux et elle est bénigne, jusqu'à preuve du contraire. Rarement (très rarement), il peut s'agir d'une petite hémorragie sous arachnoïdienne sentinelle précédant la rupture d'un anévrisme cérébral, mais là, nous nous éloignons de la migraine.
Le cycle hormonal
Chez 60 % des migraineuses, le cycle hormonal a une nette influence sur le déclenchement des migraines. Les fluctuations hormonales, surtout la chute des oestrogènes en période prémenstruelle, semblent à l'origine de l'apparition de la migraine. La grossesse, par contre, libère une bonne partie des migraineuses de leur fardeau migraineux. D'autres verront apparaître les migraines pour la première fois au début des premières règles, au moment de l'initiation de la prise d'anovulants ou encore durant une grossesse. À la ménopause, la plupart des migraineuses seront enfin libérées de leur migraine, pour leur grand bonheur.
Les facteurs environnementaux
Plusieurs facteurs environnementaux peuvent aussi contribuer au déclenchement de la migraine chez les personnes susceptibles. Les changements de pression atmosphérique, surtout le passage d'une zone de haute pression vers une zone de basse pression annonçant de la pluie et du vent, sont souvent annonciateurs de migraine. Tous les stimuli sensoriels exagérés, visuels, auditifs ou olfactifs, peuvent contribuer à déclencher la migraine. Les édifices mal ventilés, la climatisation mal réglée, le poste de travail non ergonomique ou mal adapté, certains plastiques peuvent tous agir comme déclencheurs de migraine chez les personnes susceptibles.
Des facteurs variés
Les traumatismes crâniens légers peuvent aussi déclencher ou aggraver la migraine. De même, les douloureux problèmes cervicaux, survenant soit suite à une entorse cervicale traumatique ou dus à un poste de travail non ergonomique, peuvent déclencher ou aggraver la migraine. Finalement, certains médicaments peuvent nettement aggraver la migraine. Les anovulants, la nitroglycérine, certains antihypertenseurs et quelques antibiotiques peuvent aussi contribuer à provoquer ou à augmenter la migraine.
Les comorbidités associées
La migraine est associée à plusieurs comorbidités: une des plus fréquentes est le mal des transports, qu'on retrouve surtout chez les enfants futurs migraineux mais aussi chez les adultes. Ce mal se traduit par une incapacité de lire en autobus, dans le métro ou en auto, et par une intolérance aux voyages en avion.
Les gens qui souffrent du syndrome de fatigue chronique ou de fibromyalgie sont souvent migraineux. En période de dialyse rénale, les migraineux sont souvent plus sensibles à la migraine. On retrouve aussi plus souvent chez le migraineux certaines conditions bien spécifiques: maladies cardiovasculaires comme l'hyper ou l'hypotension, le phénomène de Raynaud, le prolapsus mitral, l'angine et l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral.
Parmi les maladies neurologiques plus fréquentes chez le migraineux, on retrouve l'épilepsie et le vertige positionnel bénin. Le migraineux est plus susceptible aussi de présenter un syndrome de l'intestin irritable, ou encore de l'asthme ou des allergies. Finalement, dans la sphère psychiatrique, la migraine est plus souvent associée à la dépression, la manie, le désordre panique et à l'anxiété que dans la population en général.
Comme on vient de le constater, le migraineux a son lot de problèmes associés. La migraine, c'est un fardeau qui donnerait mal à la tête à n'importe quel non-migraineux...
Lire aussi: Comment prévenir la migraine et La migraine a-t-elle une origine génétique?
Sources
SWANSON, J.W., Maux de tête et migraines. Clinique Mayo. Broquet Éditeur, 2005.
SILBERSTEIN, S.D,, LIPTON, R.B., GOADSBY, P.J., Headache in Clinical Practice. ISIS Medical Media, 1998.
SILBERSTEIN, S.D., LIPTON, R.B., DALESSIO, DJ., Wolff's Headache and Other Head Pain. Oxford University Press, 2001.