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Peut-on prévenir la maladie d'Alzheimer?

Peut-on prévenir la maladie d'Alzheimer?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

Peut-on se protéger contre la maladie d’Alzheimer? Quelques conseils pour prévenir l'Alzheimer et retarder l'apparition des problèmes de mémoire et cognitifs qui y sont associés.

«Les causes de la maladie d'Alzheimer sont multiples, indique le Dr Judes Poirier, professeur de médecine à l'Université McGill et coauteur du livre La maladie d'Alzheimer: le guide. Certains facteurs de risque, comme l'âge, le sexe, la génétique et les antécédents familiaux, ne sont pas modifiables, mais en agissant sur d'autres facteurs et en adoptant certaines habitudes de vie, il est possible de ralentir son développement, voire même de la prévenir.» La prévention reste le meilleur espoir des personnes atteintes, puisque la maladie d'Alzheimer est toujours incurable.

Les facteurs de risques irréversibles

Plus on vieillit, plus le risque de développer la maladie d'Alzheimer augmente. L'âge est donc au nombre des facteurs de risque sur lesquels il est impossible d'agir. Dans son livre Ma stratégie anti-Alzheimer, le Dr Marwan Sabbagh soutient que 5 % des personnes âgées de 65 ans et plus sont atteintes de la maladie d'Alzheimer, un risque qui, par la suite, doublerait tous les cinq ans, pour atteindre de 35 % à 40 % à l'âge de 85 ans.

Les femmes seraient aussi plus exposées à la maladie que les hommes. «Cet écart s'explique certainement par la différence de survie entre les hommes et les femmes. On sait que l'espérance de vie est plus grande chez les femmes. Par contre, certaines recherches indiquent que l'apparition de la maladie pourrait être imputable à une baisse d'œstrogène chez la femme ménopausée», précise le Dr Poirier.

Les antécédents familiaux et la présence d'un gène, l'apoprotéine E ou allèle E4, sont également associés à un plus grand risque de maladie. Ces facteurs ne sont toutefois ni nécessaires et ni suffisants pour déclencher la maladie. Dans de rares cas, la maladie d'Alzheimer est héréditaire et se transmet d'une génération à l'autre. Ce phénomène s'observe particulièrement chez les personnes âgées de 35 à 60 ans, où la mutation de trois gènes déclencherait la maladie, peut-on lire dans l'ouvrage du Dr Marwan Sabbagh.

Les facteurs de risques réversibles

Un taux de cholestérol élevé, un diabète de type 2 et une hypertension non contrôlés constituent des facteurs de risque réversibles de la maladie d'Alzheimer, selon le Dr Poirier. «On remarque que le taux de cholestérol augmente chez les individus qui présentent des symptômes de la maladie. Un taux de cholestérol élevé, jumelé à la présence de l'allèle E4, doublerait les risques. Les personnes atteintes de la maladie présentent aussi une résistance à l'insuline, qui est l'une des principales caractéristiques du diabète de type 2.»

Pour réduire les risques, le Dr Poirier soutient qu'il suffit de faire des analyses de cholestérol, des tests de glycémie et de faire vérifier sa tension artérielle. Si un problème est dépisté, on prend assidument la médication prescrite par le médecin. «Contrôlés, le diabète, le cholestérol et l'hypertension ne représentent plus des facteurs de risque pour la maladie d'Alzheimer», confirme le Dr Poirier.

Les saines habitudes de vie

En matière de prévention, le médecin est formel. «Les habitudes de vie dont les résultats sont validés scientifiquement se résument à deux choses, c'est-à-dire adopter une diète méditerranéenne - huile d'olives, poissons, viandes blanches, fruits et légumes frais - et faire de l'exercice modéré, entre 30 et 45 minutes par jour, et ce, trois fois par semaine. Ensemble, ces habitudes de vie repousseraient le développement de la maladie de manière significative.»

Combiné à d'autres facteurs de risque, le stress chronique influencerait l'éclosion de la maladie. «On a constaté la présence de cortisol, l'hormone du stress, chez les personnes atteintes d'Alzheimer, jusqu'à deux ou trois ans avant l'apparition des premiers symptômes. Et comme on connait l'effet toxique du stress sur l'hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la mémoire, une saine gestion du stress n'est certes pas à négliger dans la prévention de la maladie.»

Des espoirs se dessinent également du côté des vitamines et des suppléments alimentaires, comme les acides gras oméga-3, le thé vert, le Ginkgo biloba, la lécithine et l'extrait de pépin de raisins. «Mais il n'a pas été démontré scientifiquement qu'ils retardaient l'éclosion de la maladie de manière significative, précise le Dr Poirier. En revanche, la consommation quotidienne de vin rouge, en quantité modérée, réduirait légèrement, soit de 10 %, le risque de maladie», conclut-il.

Pour aller plus loin:

Ma stratégie anti-Alzheimer, Marwan Sabbagh, Éditions Transcontinental, 2011, 348 pages.

La maladie d'Alzheimer: le guide, Judes Poirier et Serge Gauthier, Trécarré, 2011, 192 pages.

www.prevenir-alzheimer.ca

  

Bientôt un test sanguin pour dépister l'Alzheimer?

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a récemment mis au point une technique de dépistage précoce de la maladie d'Alzheimer.

Le Dr Vassilios Papadopoulos, directeur de l'Institut de recherche du CUSM, et ses collaborateurs, ont démontré que la maladie pouvait être détectée «de façon précise et répétée» à partir d'échantillons sanguins. Le test a aussi permis de poser un diagnostic différentiel à des stades précoces de la maladie. Actuellement, seule une autopsie permet de diagnostiquer de façon certaine la maladie. Les principaux critères de diagnostic sont les antécédents familiaux et les renseignements sur le patient et son état de santé (état mental, physique et signes neurologiques).

La technique mise au point par le CUSM pourrait permettre de mieux adapter le traitement et donc de mieux contrôler l'évolution de la maladie d'Alzheimer. D'autres études seront nécessaires pour s'assurer de la fiabilité et de la précision de cette nouvelle approche.

Les résultats de l'étude ont été publiés dans l'édition de mai 2011 du Journal of Alzheimer's Disease.
* A lead study on oxidative stress-mediated dehydroepiandrosterone formation in serum: The biochemical basis for a diagnostic of Alzheimer's disease, Rammouz G., Lecanu L., Aisen P., Papadopoulos V., J Alzheimers Dis.; 2011; 24 Suppl 2;5-16.

  

Lire aussi: La maladie d'Alzheimer: devenir aidant naturel et Perte de mémoire: doit-on s'en inquiéter?

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