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Orthorexie: l'obsession de bien manger

Orthorexie: l'obsession de bien manger

iStockphoto.com Photographe : iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

L’obsession de bien manger peut devenir une maladie: l’orthorexie, nouveau-venu parmi les troubles alimentaires.

On est bombardés d'informations sur l'importance de bien manger. Les saines habitudes alimentaires sont valorisées, et avec raison. Le hic, c'est que ce désir de bien manger tourne parfois à l'obsession. C'est ce qu'on appelle l'orthorexie, un trouble alimentaire mis en lumière il y a quelques années par le docteur américain Steven Bratman.

Si l'orthorexie n'est pas encore officiellement reconnue comme une maladie, comme le sont l'anorexie et la boulimie, elle existe néanmoins. Sauf qu'à la différence de celles-ci, l'orthorexie n'est pas associée à la quantité de nourriture avalée, mais bien à sa qualité. Les personnes orthorexiques s'imposent la perfection au menu. Elles planifient leurs repas plusieurs jours à l'avance, s'inventent des règles alimentaires et peuvent passer des heures à l'épicerie à lire et relire les étiquettes de façon compulsive afin de s'assurer de ne consommer ni gras, ni sucre, ni aliments transformés ou contenant des additifs. Manger devient un véritable casse-tête.

Quête obsessive de la perfection

Nutritionniste et psychothérapeute à la Clinique psychoalimentaire, Josée Guérin, membre de la Société québécoise des psychothérapeutes professionnel-les (SQPP), remarque que les personnes orthorexiques sont peu portées à consulter. « Quand elles le font, c'est parce que ça occupe toute la place dans leur vie. Quand ça devient une obsession; que ça prend beaucoup de place dans leur tête et beaucoup de temps dans leurs activités quotidiennes », explique la spécialiste.

La ligne est mince entre une saine alimentation... et une quête obsessive de la perfection alimentaire, selon Josée Guérin. Quant aux risques de l'orthorexie, ils seraient davantage psychologiques que physiologiques. Bien des orthorexiques en viennent à se couper de leur cercle social. « Elles vont s'empêcher d'aller voir des amis de peur qu'on leur offre de la nourriture, ou encore d'aller souper au restaurant ou dans leur famille, par crainte de ne pas être capables de respecter les strictes règles alimentaires qu'elles se sont elles-mêmes imposées. Petit à petit, elles se retrouvent isolées », constate Josée Guérin.   

Les personnes orthorexiques se retrouvent coincées dans une spirale sans fin: le fait de commettre une « faute » alimentaire engendre chez elles une forte culpabilité. Elles deviennent par la suite encore plus rigides face à la nourriture admise dans leur assiette.

À l'instar de l'anorexie et de la boulimie, l'orthorexie toucherait davantage de femmes que d'hommes. « Les personnes qui ont un trouble du comportement alimentaire ont souvent des traits de personnalité communs, observe la nutritionniste Josée Guérin. Parmi ceux-ci, le perfectionnisme et une attitude d'intransigeance envers soi-même.

Test de Bratman

L'orthorexie passe souvent inaperçue, surtout au début. Le Dr Bratman a élaboré, en 1997, un test en 10 questions pour aider à en reconnaître les symptômes.

  • Est-ce que vous planifiez vos repas plusieurs jours à l'avance?
  • Passez-vous plus de trois heures par jour à penser à votre alimentation?
  • Accordez-vous plus d'importance à la valeur nutritionnelle des aliments qu'au plaisir de manger?
  • Vous sentez-vous bien et en contrôle lorsque vous mangez sainement?
  • Est-ce que vous éprouvez un sentiment de culpabilité lorsque vous dérogez de votre « régime parfait »?
  • Vous arrive-t-il de refuser des sorties ou des activités par peur de ne pas pouvoir respecter votre régime alimentaire?
  • Avez-vous l'impression que votre qualité de vie se détériore à mesure que la qualité de votre nourriture s'améliore?
  • Avez-vous placé certains aliments sur une liste noire, malgré que vous les aimiez?
  • Êtes-vous de plus en plus exigeant(e) envers vous-mêmes?
  • Votre estime personnelle est-elle liée à ce que vous mangez?

Une réponse positive à plus de quatre de ces questions révèle habituellement une anxiété liée à l'alimentation. Des réponses positives à toutes les questions révèlent quant à elles la présence de pensées obsessives face à la nourriture. Si ces pensées engendrent une souffrance, mieux vaut alors consulter.

Traitement

Le traitement de l'orthorexie se rapproche de celui des autres troubles du comportement alimentaire. D'abord et avant tout, la personne doit reconnaître qu'elle a un problème et que sa quête de la perfection alimentaire est devenue source de souffrance et de tristesse. C'est le premier pas. Ensuite seulement une prise en charge thérapeutique est possible.

« On utilise beaucoup l'approche cognitivo-comportementale dans le traitement des troubles du comportement alimentaire, explique Josée Guérin. Ça signifie qu'on va travailler au niveau des pensées de la personne, de ses croyances et de son estime personnelle. On va regarder avec elle l'impact de ses croyances sur sa vie sociale et comment on pourrait modifier celles-ci afin qu'elles soient moins envahissantes », conclut-elle.

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