Santé
Mastectomie : on fait le point
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À la suite des révélations d'Angelina Jolie, qui expliquait avoir opté pour une double mastectomie préventive, le sujet a fait la manchette partout dans le monde. Mais que sait-on réellement de cette intervention? On fait le point.
Selon une étude de l'Institut canadien de la santé et du Partenariat canadien contre le cancer, environ 26% des Québécoises atteintes d'un cancer invasif subiraient une mastectomie. Petit rappel: une mastectomie consiste en l'ablation totale d'un sein ou, plus rarement, des deux seins.
La mastectomie préventive, pour qui?
«Une patiente dont un des seins est cancéreux peut choisir de se faire retirer l'autre par mesure préventive», explique le Dr John Keyserlingk, chirurgien oncologue et directeur médical du centre du sein VM Médical. Une femme dont les antécédents médicaux révèlent de nombreux cas de cancer du sein pourrait aussi envisager une mastectomie préventive, mais c'est souvent une combinaison de facteurs qui amèneront une femme à considérer cette chirurgie radicale ou un médecin à la proposer, comme dans le cas de l'actrice, dont la mère est décédée relativement jeune du cancer du sein et qui est, comme sa mère, porteuse d'une mutation du gène BRCA1.
Des gènes... gênants!
En temps normal, les gènes BRCA1 et BRCA2, naturellement présents dans l'organisme, protègent du cancer du sein et des ovaires. «Dans le cas d'une mutation, leur effet protecteur s'annule et les risques de développer un cancer du sein peuvent grimper jusqu'à 80% (50% dans le cas d'un cancer de l'ovaire) alors qu'ils sont évalués à environ 11% dans la population en général», explique le spécialiste. Après une mastectomie préventive, ces risques chutent à environ 5%.
«Bien que seulement 1% des gens soient porteurs d'une mutation génétique, 90% de ceux qui le sont ne le découvrent qu'après avoir développé un cancer», déplore le Dr Keyserlingk. Ce dernier se réjouit toutefois des avancées médicales préventives et souligne le courage dont a fait preuve Angelina Jolie. «Les gens qui ont qualifié l'acte de Mme Jolie de coup publicitaire devraient venir voir comment les patientes doivent traverser cette épreuve. Ils changeraient sûrement d'avis!»
L'importance de faire un choix éclairé
Bien qu'une mastectomie préventive ne revête pas un caractère aussi grave qu'une transplantation cardiaque, par exemple, il s'agit néanmoins d'une intervention importante, suivie de la reconstruction des seins. Après la chirurgie, qui dure de deux à quatre heures, la patiente peut généralement rentrer à la maison le jour suivant. «Et lorsqu'il n'y a pas de complications, le temps de convalescence est relativement court, soit environ trois semaines», mentionne le Dr Keyserlingk. Couverte par la RAMQ, la mastectomie préventive comporte un temps d'attente de un à deux ans.
«Le choix final revient à la femme, affirme le spécialiste. L'important est que celle-ci le fasse de façon éclairée.» Elle doit connaître les différentes mesures de prévention offertes (suivi étroit, imagerie par résonance magnétique, médication, etc.).
Vous êtes à risque?
«Je conseille aux femmes qui ont des antécédents familiaux de cancer du sein de passer des tests de dépistage dès l'âge de 40 ans. Les autres peuvent le faire à partir de 50 ans», dit le chirurgien, qui insiste sur le fait que la meilleure prévention qui soit contre le développement d'un cancer du sein est l'adoption de saines habitudes de vie: exercice, alimentation équilibrée, consommation modérée d'alcool et absence de tabac.
Le test de dépistage génétique
Vous craignez d'être porteuse d'une mutation des gènes BRCA et vous aimeriez en avoir le coeur net? Il est possible de passer un test de dépistage, qui se fait grâce à un prélèvement sanguin. Cependant, vous devrez répondre à certains critères pour y avoir accès: historique personnel de cancer, antécédents familiaux, etc. De plus, comme il implique plusieurs facteurs d'ordre psychologique et émotif, ce test ne se fait pas à la légère. Pour en savoir plus, consultez le document créé par des experts de l'Université Laval.
Le cancer du sein en chiffres
- Le cancer du sein compte pour 26% des cancers chez les Canadiennes.
- Le cancer du sein est la troisième cause de décès, après les maladies cardiovasculaires et le cancer du poumon.
- Une Canadienne sur neuf devrait développer un cancer du sein au cours de sa vie. De celles-là, une sur neuf en mourra.
- Depuis une trentaine d'années, le nombre de décès à la suite d'un cancer du sein a diminué de 40%.
- 19% des nouveaux cas de cancer du sein surviennent chez les femmes de moins de 50 ans.
- Environ 5% de tous les cancers du sein sont attribuables à une mutation génétique des gènes BRCA.
Sources: Institut canadien d'information sur la santé, Fondation canadienne du cancer du sein et la Société canadienne du cancer.