Santé
Mammographie: qu'est-ce qu'un faux positif? Qu'est-ce qu'un surdiagnostic?
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À l’intérieur du Programme de dépistage du cancer du sein, qui s’adresse aux Québécoises de 50 à 69 ans, il arrive qu’on produise un faux positif ou un surdiagnostic. Qu’est-ce que ça veut dire au juste? On fait le point.
Depuis 1998, le Programme de dépistage du cancer du sein propose aux Québécoises de 50 à 69 ans de passer une mammographie aux deux ans. L'objectif: réduire la mortalité attribuable au cancer du sein d'au moins 25% chez cette tranche d'âge, sur une période de 10 ans. «Les résultats obtenus vont dans ce sens. Ils nous incitent à poursuivre le programme, même si certaines études remettent sa pertinence en question», affirme Maxime Dumais, vice-président, programmes et investissements à la Fondation du cancer du sein du Québec.
Ce qu'on reproche notamment au dépistage systématique, c'est qu'il détecte parfois des faux positifs. Il lui arrive de découvrir une masse suspecte qui, à la suite de tests plus poussés, se révèle tout à fait bénigne. De 5 à 10% des femmes devront subir ces tests, parfois même une biopsie, sans pour autant recevoir un diagnostic de cancer. «Ça peut être très angoissant, admet Maxime Dumais. Elles paniquent, mais au final, tout va bien, car il n'y a pas de cancer.»
Malgré le stress occasionné par les faux positifs, la Fondation recommande aux femmes de participer au programme, tout en se préparant à cette éventualité. M. Dumais précise que les faux positifs ont plus tendance à survenir lors des premières mammographies car, au fil des ans, le radiologiste aura plus de données comparatives pour suivre l'évolution du sein.
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Surdiagnostic et surtraitement
Le surdiagnostic, aussi une conséquence du programme de dépistage, est très différent du faux positif. À cause de lui, le cancer d'une patiente sera traitée (ablation de la tumeur, chimiothérapie) même s'il ne menace pas sa vie. «Certaines études vont jusqu'à dire que 20% des patientes atteintes d'un cancer du sein seraient traitées même si leur vie n'est pas en danger. Le problème est que quand on détecte une masse, on ne peut pas nécessairement prévoir son évolution», reconnaît Maxime Dumais.
Dans une lettre publiée dans le quotidien Le Devoir, Jennifer Beeman, directrice générale de Action cancer du sein du Québec, écrit : «Nous comprenons très bien la peur que peuvent éprouver les femmes lorsque les mots "cancer du sein" sont prononcés. Mais nous ne pouvons fermer les yeux sur le fait que trop de femmes sont traitées inutilement pour des lésions qui n'auraient jamais causé de problèmes.»
«Il y a des études qui nous poussent à nous questionner sur la pertinence du programme, je pense que c'est sain, dit Maxime Dumais. Mais pour le moment, on continue de recommander une mammographie aux deux ans, entre 50 et 69 ans. On espère que les recherches nous permettront d'améliorer le dépistage. Il ne devrait plus se fonder uniquement sur l'âge de la patiente, mais aussi sur d'autres facteurs de risques, comme l'histoire familiale ou les habitudes de vie.»