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Les insectes du Québec: lequel pique et lequel mord?

Les insectes du Québec: lequel pique et lequel mord?

  Photographe : iStock

Au Québec, seuls les moustiques possèdent des pièces buccales capables de percer le tégument des humains et d'en aspirer du sang. Les autres insectes vont plutôt mordre et déchirer localement la peau afin de boire le sang qui jaillira.

Quelque 53 espèces de moustiques habitent le Québec. Je dis bien «moustiques». Lorsqu'on dit «moustiques», on ne parle que des maringouins et de leurs cousins, même si les mouches noires, les taons, les frappe-à-bord, les mouches à cheval, les mouches à orignal, les mouches à chevreuil, les brûlots et d'autres insectes qui appartiennent à des familles proches des moustiques ont aussi une caractéristique commune: ils piquent.

 
Les maringouins: des piqueurs femelles

Au royaume des piqueurs, ce sont les moustiques «qui donnent la claque» et qui arrivent bons premiers. Parmi eux, les maringouins et leurs cousins sont particulièrement abondants en juin et juillet. Ils aiment sortir tôt le matin, en fin d'après-midi, après le coucher du soleil ou après la pluie. Très actifs la nuit, le temps frais peut cependant les éloigner. Ils apprécient les jours sombres, le temps nuageux et les endroits ombragés.

Les larves vivent en eau stagnante peu profonde que ce soit une mare, un étang, une tourbière, un récipient abandonné, un bassin et même le creux des vieux pneus. Seules les femelles piquent afin d'assurer le développement de leurs oeufs: ce sont des mamans. Contrairement à la croyance populaire, une fois que la femelle a piqué et qu'elle est gonflée de sang, elle ne meurt pas. Ce sont plutôt les mâles qui meurent après s'être accouplés une fois, parfois plusieurs fois; leur germe procréateur ayant été confié à leurs compagnes, ils ne servent plus à rien.

Les moustiques peuvent piquer à travers les vêtements et leur piqûre provoque une enflure locale et une vive démangeaison. Une fois sur dix, la rougeur et l'enflure peuvent provoquer une réaction cutanée sur plus de 10 mm. Les réactions anaphylactiques ou générales sont extrêmement rares, mais l'enflure peut être plus importante si on est piqué sur une paupière ou si on souffre d'allergie. Chez un enfant, notamment, la paupière peut devenir si gonflée que l'oeil peut complètement disparaitre.

 
Transmission de virus

Les moustiques québécois ne sont pas porteurs de malaria. Il faut bien qu'il y ait des avantages à l'hiver! Nos moustiques peuvent cependant transmettre, quoique rarement, différents virus responsables de fièvre et d'inflammations diverses, dont le fameux virus du Nil occidental, qui cause une encéphalite - une inflammation du cerveau - chez les oiseaux, les chevaux et les humains. Les complications sont rares et surviennent surtout chez les personnes âgées ou immunodéprimées. Ces dernières années, face à ce virus parti d'Afrique et qui a dû passer par la Roumanie et les États-Unis avant d'arriver sur nos rivages, le Québec a adopté différentes stratégies.

 
Protégez vos oreilles et vos chevilles des mouches noires

La mouche noire est généralement de taille inférieure au moustique. Présentes jusqu'en septembre dans les régions de conifères, les mouches noires se lèvent aux aurores et reviennent un peu avant le crépuscule, mais si le temps est chaud et humide et qu'il souffle un vent léger, elles peuvent être en activité toute la journée. Les larves apprécient toutes les sortes d'eaux vives, particulièrement celles des ruisseaux et des rivières. À son premier voyage à la baie James, une appétissante Montréalaise, agressée par ces créatures féroces, cria, découragée: «Mais qu'est ce qu'elles mangeaient avant qu'on arrive?»

Leur taille permet aux mouches noires de se faufiler à travers une minuscule fente de tissu. Elles aiment particulièrement les endroits du corps qui sont à l'ombre comme l'arrière des oreilles, le cou ou les chevilles. La morsure est ronde et présente des traces de sang frais ou de sang séché. Elle provoque une enflure douloureuse et une sensation de chaleur. Cette réaction disparaît la plupart du temps au bout de quelques heures ou de quelques jours. Cependant, si on gratte les morsures à répétition, on peut provoquer une infection cutanée sérieuse. De plus, les morsures de mouches noires peuvent entraîner, dans de rares cas, des réactions allergiques plus sérieuses, voire, un choc anaphylactique.

 
Les vêtements à l'épreuve des brûlots

Les brûlots sont les plus petits des insectes piqueurs du Québec. Ils se manifestent à partir de la fin juin et en juillet. Ils sont actifs de jour comme de nuit, mais sont particulièrement abondants à partir de la fin de l'après-midi ou lorsqu'on remue la terre. À cause de leur petite taille, ils ne peuvent pas piquer à travers les vêtements, mais ils peuvent passer à travers une moustiquaire ordinaire. Les brûlots doivent leur nom à la sensation de brûlure que provoque leur morsure. Comme la morsure des mouches noires, la morsure des brûlots provoque une enflure locale et peut entraîner des réactions anaphylactiques.

 
Les mouches à chevreuil visent le cuir chevelu

Les mouches à chevreuil («frappe-à-bord» ou «frappe-de-bord») ressemblent aux mouches domestiques, mais leurs ailes forment un triangle et présentent une tache. Elles sont actives de juin à août et elles préfèrent sortir le jour, lorsqu'il fait soleil et que le temps est chaud. Elles affectionnent particulièrement le cuir chevelu et leur morsure est douloureuse, causant une enflure locale. Des réactions anaphylactiques sont possibles. Dans de rares cas, la piqûre d'une mouche à chevreuil québécoise et infectée peut transmettre la tularémie, une maladie bactérienne qui peut frapper autant les animaux que les hommes.

 
Les taons sont voraces de sang

Malgré leur taille importante, les taons peuvent se poser sur votre peau sans que vous vous en rendiez compte. Comme les mouches à chevreuil, les taons sont actifs le jour et affectionnent le temps chaud. Ils vivent de juin à août et sont particulièrement voraces. On estime que, dans certains cas, les hordes de taons s'attaquant au bétail peuvent soutirer jusqu'à un quart de litre de sang par jour à un même animal. Leur morsure est très douloureuse. Ils adorent la peau mouillée et il n'est pas rare de les voir tournoyer autour des baigneurs ou des canoteurs. Comme dans le cas des mouches à chevreuil, des réactions anaphylactiques peuvent se produire et les taons peuvent aussi (rarement) transmettre la tularémie.

 
Ne dérangez pas les abeilles et les guêpes

On désigne souvent les abeilles, les guêpes et les frelons comme des insectes piqueurs. En réalité, ils ne font que se défendre lorsqu'ils sont dérangés. Les guêpes peuvent infliger des piqures multiples, mais les abeilles ne piquent qu'une seule fois et meurent après vous avoir agressé. Quand ces hyménoptères vous piquent, ils laissent leur dard et leur réservoir à venin dans votre peau. Plus vite on le retire, moins il y aura de venin dans la chair et moins douloureuse sera la piqûre. La piqûre entraîne une douleur immédiate et une enflure. On peut extraire le dard en le grattant rapidement. Il faut éviter d'écraser le dard et ne pas utiliser de pinces à épiler afin de ne pas favoriser la pénétration de plus de venin dans la peau. La plupart du temps, ces piqûres ne sont pas dangereuses, mais elles peuvent entraîner des réactions graves si elles sont situées au niveau du cou, dans la bouche ou si une personne est allergique. 

Chez de 0,4 à 0,8 % des victimes de piqûres, le choc anaphylactique peut s'avérer fatal en moins de 15 minutes. La piqûre est le plus souvent causée par une guêpe. La réaction se manifeste quelques minutes à peine après avoir été piqué: enflure au visage, urticaire généralisée, difficulté à respirer ou à avaler, sensation d'étouffement, crise d'asthme, nausées, vomissements persistants, diarrhée, état de choc, chute de tension artérielle et perte de conscience.

Aussi, même en l'absence d'allergies, des piqûres multiples peuvent entrainer des réactions toxiques généralisées, avec insuffisances sévères du coeur et des reins - si vous êtes tombé dans un nid, par exemple.

 
Les tiques, rares mais dangereuses

Les tiques sont de minuscules insectes (en réalité, des acariens) qui se nourrissent du sang des animaux, mais qui peuvent parfois piquer les humains. La tique plante sa trompe dans la peau de sa victime et suce son sang pendant des heures, parfois une journée ou même deux. Elles sont actives durant les mois chauds, d'avril à octobre. Les tiques peuvent transmettre de nombreuses maladies, comme la maladie de Lyme, la paralysie des piqûres de tiques, la fièvre des montagnes Rocheuses et la tularémie. Bien que peu répandue au Canada, la maladie de Lyme peut causer des problèmes sérieux au coeur, au système nerveux et aux articulations si elle n'est pas traitée aux antibiotiques.

Ailleurs dans le monde, les insectes transmettent la malaria, la filariose, la peste, le typhus, l'onchocercose, etc. Réactions anaphylactiques mises à part, au Québec, la plupart des victimes en seront quittes pour quelques piqûres d'insectes. D'où la devise des Québécois: «On est-tu ben, chez nous!».

 
À quoi servent les insectes piqueurs, alors?

Faut bien que les oiseaux mangent, non? Et que les pommiers soient fertilisés, non? Et que le miel coule sur nos toasts, non?

 

Source

Chicoine, J.-F., Anthropologie médicale de l'aventure, Montréal, Colloque Santé-Voyage 2002.

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