Santé
Le vrai visage des boissons énergisantes
Photographe : Getty Images
Nombreux sont ceux qui ne jurent que par les boissons énergisantes pour stimuler leur vitalité. Associés à un mode de vie actif, ces liquides ne sont pourtant pas sans effets sur le corps humain, tout particulièrement chez les jeunes. Voici ce qu’il faut savoir au sujet de ces «produits miracles» controversés.
CE QU'ILS CONTIENNENT
- De la caféine: La caféine est une substance psychostimulante qui agit sur les neurotransmetteurs du système nerveux central. Dans les boissons énergisantes, elle peut être ajoutée sous forme de guarana, dont la principale substance active est la caféine, ou sous forme de caféine pure.
- Du sucre: Santé Canada recommande de limiter la quantité de sucre ajouté que l’on consomme à 125 g par jour. Une grande canette de boisson énergisante peut facilement contenir 50 g de sucre.
- Du glucuronolactone: Ce composant chimique procure un effet énergisant, mais on le soupçonne également de causer des problèmes rénaux lorsque consommé en trop grande quantité.
- Des extraits de plantes: Le ginseng et le guarana sont souvent intégrés aux boissons énergisantes, mais aucune étude n’a encore démontré leur effet stimulant sur le corps humain.
- De la taurine: La taurine est un acide aminé qui contribue à prolonger les effets de la caféine. On en trouve dans plusieurs aliments, mais en quantité moindre que dans les boissons énergisantes.
- Des vitamines B: Les quantités de vitamines B contenues dans les boissons énergisantes sont parfois si élevées qu’elles dépassent l’apport quotidien recommandé.
Geneviève a découvert les boissons énergisantes à l’université. «En période d’examens, je pouvais en boire trois par jour. Je n’aimais pas le café, et les boissons énergisantes me permettaient de garder le cap.» Une fois sur le marché du travail, la jeune femme a découvert le plaisir de boire un café le matin, mais sa consommation de boissons énergisantes n’a pas diminué. «J’avais de nombreuses responsabilités au travail et je m’occupais seule de ma fille, qui avait trois ans à l’époque. En après-midi, ça me prenait absolument un boost. J’avais toujours une réserve de Red Bull au bureau!»
Au fil du temps, Geneviève a commencé à éprouver des troubles du sommeil. «J’avais aussi des sautes d’humeur, que j’attribuais au manque de sommeil. Mon métabolisme était complètement déréglé. C’est mon médecin qui a fait le lien avec les boissons énergisantes.»
DES EFFETS INDÉSIRABLES
La grande majorité des études liées aux boissons énergisantes portent sur les effets de la caféine. «Bien que la teneur en caféine des boissons énergisantes se situe en deçà de la limite maximale quotidienne recommandée pour les adultes en bonne santé, la consommation combinée de plusieurs sources de caféine au cours d’une même journée peut mener à un apport élevé», mentionne un rapport publié en 2010 par l’Institut national de santé publique du Québec.
Or, de nombreux effets secondaires peuvent découler d’une surconsommation de caféine, dont des nausées, des tremblements, des troubles du sommeil et des problèmes cardiaques. «Les boissons énergisantes ne contiennent pas toutes les mêmes ingrédients et les effets secondaires peuvent varier d’une personne à une autre», rappelle Me Marianne Dessureault, analyste en politiques publiques à l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ).
«Les boissons énergisantes contiennent souvent beaucoup de sucre. Elles combinent donc les risques liés à la consommation de caféine et ceux qui sont liés à la consommation de sucre.» De plus, la déshydratation provoquée par la caféine incite souvent les gens à se tourner vers une deuxième, voire une troisième boisson énergisante, dans l’espoir d’étancher leur soif. L’apport quotidien maximal de caféine recommandé par Santé Canada, soit 400 mg, peut donc facilement être dépassé.
LES ADOLESCENTS: UNE CLIENTÈLE À RISQUE
L’ASPQ est formelle: la consommation de boissons énergisantes, pourtant vendues tout près des écoles secondaires, est nocive pour les jeunes. «Ils sont en pleine croissance, explique Me Dessureault. La caféine a un effet sur les changements hormonaux qu’ils vivent, sans parler des troubles du sommeil qu’elle peut entraîner. Leur organisme ne digère pas les boissons énergisantes de la même façon que celui d’un adulte.»
En 2017, la Société canadienne de pédiatrie a d’ailleurs sonné l’alarme en publiant un rapport de principes portant sur les dangers que représentent les boissons énergisantes pour les enfants et les adolescents. Les auteures du rapport, la pédiatre Catherine Pound et la nutritionniste Becky Blair, indiquent que ces boissons peuvent augmenter l’anxiété et les troubles du comportement, sans oublier les risques d’obésité et de mauvaise santé buccale.
Depuis 2012, les fabricants de ces produits sont d’ailleurs tenus d’indiquer sur l’emballage des boissons énergisantes que leur consommation n’est pas recommandée chez les enfants. Mais comme les jeunes peuvent toujours s’en procurer en toute légalité, cette réglementation de Santé Canada s’apparente à un coup d’épée dans l’eau.
UN COCKTAIL DANGEREUX
Les boissons énergisantes sont légion dans les bars, où les clients n’hésitent pas à les ajouter à leur boisson alcoolisée de prédilection dans l’espoir d’atténuer les effets sédatifs de celle-ci. Le mélange vodka-Red Bull, par exemple, est un classique des fêtes universitaires. «Les boissons énergisantes augmentent les effets de l’alcool, et vice versa. Les gens ne se rendent pas compte qu’ils ont trop bu, parce que les boissons énergisantes masquent les signaux naturels du corps humain», mentionne Marianne Dessureault.
Déshydratés par leur consommation d’alcool, de sucre et de caféine, les fêtards seront alors tentés de prendre un autre verre, voire une énième boisson énergisante. «Les études ont démontré que les épisodes de consommation excessive d’alcool, qu’on appelle binge drinking, étaient beaucoup plus fréquents lorsqu’il y a aussi consommation de boissons énergisantes. Qui dit consommation excessive dit intoxication à l’alcool, coma éthylique et hospitalisation.» Qu’on ait 20, 40 ou 60 ans, donner un coup de pep à notre verre de bière est un jeu dangereux qui n’est pas sans risques pour la santé.
UNE QUESTION DE MARKETING?
Les entreprises qui commercialisent les boissons énergisantes associent leurs produits à un mode de vie trépidant. Selon l’Association pour la santé publique du Québec, la publicité entourant ce type de boisson devrait être mieux encadrée. «Il faut s’assurer que les effets secondaires des boissons énergisantes soient connus, affirme Me Dessureault. On a aussi dénoncé le fait que les compagnies de boissons énergisantes commanditent souvent les compétitions sportives et les athlètes.»
En attendant une réglementation plus serrée, les boissons énergisantes sont en vente libre dans une multitude de commerces, y compris dans certaines écoles. Selon Marianne Dessureault, les parents gagnent à aborder le sujet avec leur progéniture. «On peut en discuter de façon ouverte avec nos enfants et leur demander s’ils en consomment. Si oui, est-ce parce qu’ils manquent de sommeil et qu’ils veulent rester éveillés ou parce qu’ils aiment le goût? Connaissent-ils les effets secondaires? Il faut aussi donner l’exemple en ayant de saines habitudes de vie.»
S.O.S ÉNERGIE
Il existe de nombreuses façons de faire le plein d’énergie sans mettre notre santé en péril. En voici quelques-unes:
- Collationner: On souhaite diminuer notre consommation de boissons énergisantes? On prévoit des collations nourrissantes qui nous soutiendront efficacement entre les repas. «Pour bâtir une collation soutenante, je recommande habituellement de miser sur le trio composé d’un produit céréalier à grains entiers, d’une source de protéines et d’un fruit ou d’un légume», explique la nutritionniste Cynthia Marcotte.
- Prendre l’air: Rien ne vaut une promenade à l’extérieur pour s’oxygéner après avoir passé la matinée devant l’ordinateur. Faire quelques pas à l’heure du midi peut avoir un effet miracle! Aussi, on veille à aérer notre résidence en ouvrant fréquemment les fenêtres, même pendant la saison hivernale.
- Faire du sport: Contrairement à ce qu’on pourrait croire, pratiquer une activité physique aide à se requinquer après une baisse d’énergie. On ne se sent pas l’âme d’un grand sportif? On commence en s’activant 10 minutes à la fois, deux ou trois fois par jour.
- Faire la sieste: Difficile d’être productif quand les nuits de sommeil complètes se font rares! Pour finir la journée en beauté, on s’autorise une sieste de 10 à 15 minutes en rentrant du bureau. Pas question de dormir deux heures, cependant: notre cycle de sommeil s’en trouverait perturbé.