Santé

La vaccination contre le VPH en 5 questions

La vaccination contre le VPH en 5 questions

Trois chercheuses ont récemment demandé un moratoire sur la vaccination contre le virus du papillome humain (VPH), relançant un débat déjà houleux. Dr Marc Zaffran répond à nos questions sur le sujet.

Le 5 octobre dernier, trois chercheuses universitaires de Concordia et de McGill ont publié une lettre ouverte dans Le Devoir, lançant un appel urgent pour obtenir un moratoire sur la vaccination contre le VPH, c'est-à-dire la suspension de la campagne de vaccination lancée en 2008 pour les filles dès la 4e année du primaire. Les raisons qu'elles invoquent sont inquiétantes et soulèvent des questions.

Dr Marc Zaffran répond à cinq d'entre elles. Le médecin généraliste a entre autres été chercheur invité à l'Université de Montréal pour un projet sur la transmission des valeurs éthiques en médecine, en plus d'y donner un cours d'éthique clinique. Il a été chroniqueur pour la radio, la télévision et la presse et a tenu un blogue sur le site passeportsante.net. Sous le pseudonyme Martin Winckler, il a rédigé une quarantaine d'ouvrages (romans, contes, essais, etc.), dont plusieurs livres sur la contraception.

1. C'est quoi le VPH exactement?

Le virus du papillome humain (VPH) est une famille de virus composée d'une centaine de souches. Les VPH sont aussi contagieux que le rhume et se transmettent par une simple poignée de main; donc, tout le monde en est infecté. Comme la majorité des souches ne provoquent pas de symptômes, elles passent inaperçues; par contre, deux souches de VPH sont reconnues pour causer une infection transmissible sexuellement (ITS), les condylomes ou verrues génitales, et une dizaine d'autres contribueraient au développement du cancer du col de l'utérus.

Dans les pays développés comme le Canada, la majorité des femmes guérissent du VPH sans traitement et ne gardent aucune séquelle. Pour une minorité, surtout celles qui ont une autre ITS, le virus reste dans l'organisme et peut causer des anomalies cellulaires sur le col de l'utérus. Ces lésions précancéreuses, si elles ne sont pas traitées, peuvent se transformer en cancer en une dizaine d'années ou plus.

2. Pourquoi ce débat concernant la vaccination anti-VPH?

Les vaccins, comme les médicaments, doivent être utilisés à bon escient: ce n'est pas parce qu'un vaccin existe contre une maladie qu'il faut absolument vacciner tout le monde. Il faut que cette maladie soit très fréquente et qu'elle provoque la mort; il faut aussi que le vaccin soit efficace et sans danger pour ne pas faire courir de risque inutile à la population. Avant de décider de vacciner une population contre une maladie, on doit réfléchir au rapport bénéfice-risque et, en ce qui concerne le vaccin contre le VPH, la balance penche plutôt en défaveur de son utilisation généralisée, selon moi.

Par exemple, les vaccins anti-VPH ont en ce moment des bienfaits hypothétiques sur le cancer du col et de plus en plus d'effets secondaires importants sont rapportés partout dans le monde (embolie pulmonaire, réactions anaphylactiques, paralysie, etc.), sans compter que leurs effets secondaires à long terme demeurent inconnus. Bref, si l'on constate dans 20 ans que le vaccin a peu ou pas d'effets sur le cancer du col mais que de nombreuses femmes ont subi des effets secondaires graves, est-ce qu'on se dira simplement qu'on a eu tort de vacciner? C'est faire courir d'importants risques à beaucoup de femmes pour un bénéfice très minime, selon moi.

À lire: Le vaccin contre le VPH est-il vraiment utile?

Il faut aussi savoir que le cancer du col, ça se dépiste, ça se prévient et ça se traite. Il existe d'ailleurs déjà un système de prévention très efficace pour prévenir ce cancer, soit le test Pap. Effectué aux trois ans à partir de 25 ans, ce frottis vaginal permet de prélever des cellules du col de l'utérus pour détecter des lésions précancéreuses, qui peuvent ensuite être traitées avec un haut taux de succès. On a malgré tout lancé une campagne de vaccination massive anti-VPH en nous faisant croire que c'était un problème de santé publique. Pourtant, le cancer du col de l'utérus ne représente pas une menace pour les jeunes filles; ce n'est pas comme la polio ou la rougeole, des maladies graves contre lesquelles les enfants ont besoin d'être protégés. Certains se demandent donc pourquoi administrer un vaccin qui ne sert à rien, qui est potentiellement dangereux et qui coûte très cher.

3. Dois-je faire vacciner ma fille?

Je ne le conseille pas parce que les femmes ne sont pas menacées par le cancer du col de l'utérus avant d'être actives sexuellement. (Les souches de VPH pouvant causer le cancer du col de l'utérus sont le plus souvent transmises sexuellement.) Puis, comme les lésions précancéreuses causées par le VPH prennent plusieurs années avant de se transformer en cancer - chez une minorité de femmes, rappelons-le -, on a amplement le temps de les détecter avec un test Pap et de les traiter avant qu'elles ne se transforment en cancer. Il faut aussi dire que les filles qui voudront se faire vacciner à l'âge adulte pourront toujours le faire. Cette campagne de vaccination ne représente pas leur dernière chance de recevoir le vaccin.

4. J'ai déjà fait vacciner ma fille, devrais-je m'inquiéter?

Non, surtout si cela s'est bien passé, mais je conseille de refuser le rappel parce que ça ne vaut pas la peine de courir des risques une seconde fois. Par contre, s'il y a eu des effets secondaires, peu importe s'ils se sont déclarés trois jours ou trois semaines après la vaccination, ils doivent absolument être rapportés. C'est très important parce que c'est de cette façon que l'on connaîtra la dangerosité exacte du vaccin.

5. Quels sont les meilleurs moyens de prévenir le cancer du col de l'utérus?

C'est de rester prudente dans sa sexualité en se protégeant et de faire des tests Pap à tous les trois ans à partir de 25 ans. La raison pour laquelle il y a encore des cancers du col au Canada, c'est parce que les femmes n'ont pas toutes accès au test Pap régulièrement, en particulier celles qui n'ont pas de médecin de famille, qui proviennent de milieux socio-économiques défavorisés ou qui vivent dans des régions éloignées. Si l'on désire vraiment prévenir le cancer du col de l'utérus au Québec, il faut s'assurer que toutes les femmes passent leur test Pap aux trois ans. C'est une mesure qui coûterait beaucoup moins cher au système de santé que la vaccination et elle engendrerait d'autres effets bénéfiques en permettant au médecin de faire un bilan de santé complet pendant cette visite.

 

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