Santé

La schizophrénie, cette méconnue...

La schizophrénie, cette méconnue...

Auteur : Coup de Pouce

On associe souvent, à tort, la schizophrénie  à un dédoublement de la personnalité ou à des gestes violents. Regard sur cette grave maladie mentale encore mal connue…

La schizophrénie est une maladie mentale qui affecte environ un pour cent de la population, soit près de 300 000 Canadiens et 75 000 Québécois. Généralement, elle débute vers la fin de l'adolescence chez les hommes (17-23 ans) et entre l'âge de 20 et 30 ans chez les femmes. Cette maladie touche autant les hommes que les femmes et affecte des individus de toutes races et de toutes classes socioéconomiques.

On ne connaît pas les causes exactes de cette maladie chronique, mais l'hypothèse d'une vulnérabilité neurophysiologique semble faire consensus parmi les experts. D'ailleurs, on sait que le risque d'être atteint de schizophrénie augmente si un autre membre de la famille en est affecté. De plus, chez les schizophrènes, le niveau de dopamine (un neurotransmetteur du cerveau) est plus élevé.

Perte de contact avec la réalité
Lorsque vient le temps de décrire les symptômes de la schizophrénie, les psychiatres les regroupent en trois catégories:

  • Les troubles cognitifs: ce sont les premiers symptômes qui apparaissent et ils affectent la mémoire, l'attention, la concentration, le jugement et la capacité d'organisation des schizophrènes.

  • Les symptômes positifs: ce sont les hallucinations et les délires. Les hallucinations se définissent comme des distorsions dans la perception des sens. Par exemple, il est fréquent que les schizophrènes entendent des voix que personne d'autre n'entend. De plus, ces voix sont souvent à teneur négative: elles les tourmentent, les accusent, leur donnent des ordres ou les menacent. Quant aux délires, il s'agit de croyances non fondées ou de convictions irrationnelles. Un schizophrène délirant peut penser qu'on veut le tuer ou que le téléviseur lui envoie des messages ou contrôle ses pensées. Lorsqu'ils sont hallucinés et délirants, les schizophrènes ne sont plus en contact avec la réalité, ils adoptent généralement des comportements plutôt bizarres et leur discours est incohérent. Par exemple, ils peuvent parler à leur téléviseur, se terrer au sous-sol dans la noirceur ou se promener nu dans la rue.

  • Les symptômes négatifs: ils font référence à la perte de capacités émotives et sociales qui survient chez les schizophrènes. Généralement, ils s'isolent socialement, se replient sur eux-mêmes, sont peu expressifs ou expriment leurs émotions de façon inappropriée. De plus, ils ont de la difficulté à converser, ils manquent d'intérêt pour les activités de la vie quotidienne, ils ont peu ou pas d'initiative et ne semblent pas motivés.

    La schizophrénie se manifeste par des épisodes aigus de psychose où le schizophrène est halluciné et délirant. Ces rechutes psychotiques sont souvent favorisées par un stress dans l'environnement du sujet ou par la consommation de drogue. Une fois la psychose résorbée, une grande majorité d'entre eux restent aux prises avec des difficultés chroniques (symptômes négatifs et troubles cognitifs).

    Il est important de mentionner que les symptômes varient beaucoup d'un individu à l'autre et peuvent même varier d'un épisode psychotique à un autre. D'ailleurs, il existe plusieurs formes de schizophrénie (paranoïde, désorganisée, catatonique, indifférenciée, simple et résiduelle). Mais de façon générale, le schizophrène perd progressivement ses capacités de fonctionner normalement dans toutes les sphères de sa vie (personnelle, scolaire, professionnelle, sociale, familiale, etc.).Parmi les nombreux préjugés dont on assaille les schizophrènes, celui qu'ils soient tous dangereux et violents est très répandu. Or, la plupart des schizophrènes ne sont pas violents et ils évitent les contacts sociaux. Toutefois, lorsque la maladie n'est pas bien soignée, certains malades peuvent le devenir comme l'explique le docteur Pierre Lalonde, médecin psychiatre à la clinique jeunes adultes (schizophrénie) de l'Hôpital Louis-H.-Lafontaine. «En phase aiguë, lorsqu'ils sont hallucinés, délirants et qu'ils se sentent en danger, ils peuvent parfois se défendre de façon agressive. Mais une fois sous traitement, la probabilité de violence diminue énormément.»

    Signes avant-coureurs
    Quelques semaines ou quelques mois avant que les tout premiers symptômes psychotiques n'apparaissent, il est possible d'observer des signes avant-coureurs de la schizophrénie. Durant cette phase, la personne a tendance à négliger son hygiène personnelle, se désintéresse de ses activités habituelles et s'isole de ses amis et de sa famille. Elle peut également se comporter de façon bizarre, parler en utilisant des expressions inhabituelles, écrire des textes tout à fait incohérents ou vivre la nuit et dormir le jour. Il n'existe pas de tests de laboratoire pour diagnostiquer la schizophrénie. Le diagnostic est établi lorsque les symptômes sont présents sur une période de plus de six mois.

    Traitement
    Actuellement, il n'existe pas de moyen de guérir définitivement la schizophrénie. Toutefois, il est possible de minimiser les conséquences de cette maladie chronique avec un traitement à long terme. Ce traitement repose généralement sur deux aspects importants: la médication et la réadaptation.

    Pour soigner les symptômes de psychose (hallucinations et délires), les psychiatres ont recours aux médicaments antipsychotiques. Lorsque l'épisode psychotique est important, il est parfois nécessaire d'hospitaliser le malade. La prise d'antipsychotique se poursuit habituellement lorsque les symptômes psychotiques ont disparu, et ce, afin de prévenir d'éventuelles rechutes.

    Il est important de noter que la nouvelle génération de médicaments antipsychotiques (Clozaril, Risperdal, Zyprexa, etc.) peut également avoir un effet bénéfique sur les symptômes négatifs tout en provoquant moins d'effets secondaires (tremblements, rigidité musculaire, agitation, etc.). Toutefois, il n'y a pas de solution miracle et les schizophrènes traités avec ces médicaments doivent être surveillés étroitement. «Le gros problème avec l'utilisation de ces médicaments à long terme, c'est la possibilité de développer le syndrome métabolique (un syndrome qui désigne une série de problèmes liés à un mauvais métabolisme), car ils font prendre du poids, augmentent le cholestérol et le glucose dans le sang et peuvent causer de l'hypertension. Des études ont même démontré qu'il existe un lien entre le diabète et la schizophrénie, car il y a quatre fois plus de diabète chez les schizophrènes que dans le reste de la population», explique le docteur Lalonde.

    Tout aussi importante que la médication, la réadaptation permet au malade de récupérer ou de développer ses fonctions cognitives, affectives ainsi que ses habiletés sociales et professionnelles. Il existe également un peu partout au Québec de nombreux groupes d'entraide qui soutiennent les familles dont un des membres est atteint de cette maladie.

    Pour en savoir davantage:
    Société québécoise de la schizophrénie
    Société canadienne de la schizophrénie
    Association des parents et amis du malade mental
    Fondation des maladies mentales
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