Santé
L’hormonothérapie: pas de risque pour la santé
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L’hormonothérapie prescrite aux femmes ménopausées n’est pas aussi néfaste qu’on l’a décrite ces dernières années. C’est même un traitement fortement recommandé et sécuritaire pour soulager les femmes des symptômes handicapants de la ménopause.
En janvier 2009, les experts de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) ont émis de nouvelles directives à l'endroit des médecins. Après avoir mené de nouvelles recherches et remis en contexte les résultats négatifs de la Women's Health Initiative (WHI) de 2002, ils estiment que les traitements hormonaux pris durant moins de cinq ans sont inoffensifs et peuvent aider les femmes à se débarrasser de symptômes gênants.
Dans la mise à jour publiée dans le numéro de janvier du Journal d'obstétrique et gynécologie du Canada, les chercheurs recommandent aux médecins de voir l'hormonothérapie comme «une option viable et sûre pour bon nombre de femmes, pourvu qu'elle soit mise en œuvre au début de la ménopause et qu'elle serve, à court terme, à soulager des symptômes occasionnant des difficultés», comme les bouffées de chaleur.
Dissiper la confusion
Le Dr Robert Reid, professeur d'obstétrique et de gynécologie, directeur de la division d'endocrinologie de la reproduction et infertilité de la Queen's de Kingston en Ontario, et auteur principal de la mise à jour, souligne qu'il y avait une confusion réelle au sujet de l'hormonothérapie. Il était donc essentiel de «faire ressortir les faits, de manière à pouvoir offrir des conseils de qualité, fondés sur des données probantes, aux femmes et à leurs médecins».
Le Dr Reid précise que ce ne sont pas toutes les femmes qui doivent avoir recours à l'hormonothérapie (HT), «cependant, bon nombre de femmes qui présentent des symptômes entraînant des difficultés n'ont pas osé se prévaloir de cette option [uniquement] en raison d'une mauvaise compréhension des véritables risques qui y sont associés».
Cancer du sein et risque cardiovasculaire: des mythes?
La mise à jour, commandée par la SOGC, porte sur les progrès depuis 2006 et sur les rapports antérieurs obtenus en 2002 dans le cadre de la WHI. Cette étude menée aux États-Unis avait montré qu'après quatre ans d'hormonothérapie pour traiter des symptômes ménopausiques, les cancers du sein augmentaient de 26 % chez les femmes ménopausées.
Pour les experts de la SOGC, les risques sur la santé sont nuls si l'hormonothérapie dure moins de cinq ans. Au-delà de cette période, le risque de contracter un cancer du sein augmente légèrement, mais pas davantage qu'avec d'autres facteurs que les femmes assument habituellement, telle la consommation d'alcool.
La SOGC conclut également que l'hormonothérapie ne fait pas augmenter le risque de crise cardiaque chez les femmes ménopausées plus jeunes. En fait, le mode de vie serait davantage en cause que les hormones.
Le problème de l'étude WHI, c'est qu'elle a été menée sur des femmes âgées surtout de 60 à 70 ans, lesquelles avaient commencé l'hormonothérapie plusieurs années après la fin de leurs symptômes. À un âge trop avancé, selon le Dr Reid.
L'âge des femmes: un facteur important
La Dre Jennifer Blake, professeure d'obstétrique et de gynécologie, obstétricienne-gynécologue en chef au Sunnybrook Health Sciences Centre et au Women's College Hospital de Toronto, et l'une des coauteurs de la mise à jour, a précisé que «de plus en plus de comptes rendus de recherche soulignent l'importance de déterminer à quel moment l'administration d'œstrogène doit commencer, ainsi que le lien qui existe entre ce moment et les risques de cancer du sein, de cardiopathie et de déclins des fonctions cognitives».
Après avoir évalué une étude rapportée par les médias, le groupe d'experts a été en mesure d'affirmer que les risques du déclin des fonctions cognitives ne sont pas fondés, dans le cas des femmes à qui l'on administre des hormones d'œstrogène avant l'âge de 65 ans.
Les femmes et la ménopause
Le groupe d'experts a mis l'accent sur le fait que la ménopause est une phase de transition naturelle dans la vie d'une femme et qu'il n'existe pas de solution universelle qui puisse convenir à chacune d'entre elles. Les symptômes et les traitements peuvent être différents selon chaque cas. Cette mise à jour avait pour but principal de faire connaître les faits réels et d'encourager les femmes à s'informer au sujet des options qui s'offrent à elles.
Le Dr Michel Fortier, professeur d'obstétrique et de gynécologie à l'Université Laval de Québec et coauteur de la mise à jour, a conclu «qu'il existe plusieurs mesures que les femmes peuvent elles-mêmes mettre en œuvre pour soulager les symptômes pénibles de la ménaupause. Toutefois, si elles ont besoin de plus d'aide, elles devraient discuter avec leur médecin et ne pas avoir peur de l'hormonothérapie et de d'autres traitements qui pourraient leur convenir».
Les résultats et conclusions de la mise à jour complète sont disponibles en anglais sur le site de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada.