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Hirsutisme: surplus de poils synonyme de surplus de poids ?

Hirsutisme: surplus de poils synonyme de surplus de poids ?

iStockphoto.com Photographe : iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

L'hirsutisme, c'est l'art de la pilosité disgracieuse et mal placée. Mais il y a plus: le petit poil qui sort, c'est peut-être aussi un drapeau qui s'agite! Par exemple, y aurait-il quelques kilos en trop?

C'est un fait: les femmes n'affectionnent guère ces poils foncés qui apparaissent aux endroits où la nature les réserve habituellement aux hommes: sur le menton ou au-dessus de la lèvre (moustache), entre le pubis et le nombril, le haut des cuisses ou autour des mamelons. Mais parfois, sous ces poils se cache aussi un réel problème de santé, en commençant par le surplus de poids.

Les hormones qui font pousser le poil
L'unité pilo-sébacée (le poil, sa base et une glande qui produit de l'huile) peut rester petite et délicate ou s'activer sous l'influence de l'androgène (testostérone), une hormone que les hommes produisent suffisamment pour conserver leurs caractéristiques de mâles: voix grave, pilosité parfois galopante et carrure musclée. Nous, les femmes, produisons cette hormone qui est responsable des poils pubiens et axillaires en quantité moindre. Mais, dans certaines circonstances, nous sommes capables d'en fabriquer davantage, et d'un type qui stimulera des zones plus masculines. Et l'une de ces circonstances est le surplus de poids!

Quel est le lien entre la graisse et la pilosité?
Il faut que je fasse ici un petit détour. Vous savez que l'insuline est produite par le pancréas. Cette hormone fait passer dans les cellules le glucose qui circule dans le sang. Or, quand une personne prend du poids, l'insuline perd de son pouvoir et devient moins efficace. Elle appelle alors d'autres molécules d'insuline à l'aide pour maintenir un taux de sucre sanguin dans les limites de la normale. Dans notre jargon médical, nous parlons alors de «résistance à l'insuline». Cette surproduction d'insuline entraîne une foule de problèmes.Les effets d'une surproduction d'insuline
D'abord, l'insuline, en quantité excessive, stimule les ovaires à surproduire de la testostérone. Selon la quantité produite, des poils poussent (hirsutisme) là où ils ne devraient pas, les cheveux disparaissent à la base du front, la peau devient grasse et l'acné s'en empare. Parfois, la voix devient grave, les seins s'atrophient et le clitoris augmente de volume.

L'insuline a le pouvoir d'influencer la production de deux hormones produites dans le cerveau, l'hormone folliculostimulante (FSH) et l'hormone lutéinisante (LH). Ces hormones agissent sur les ovaires pour permettre d'avoir un cycle menstruel normal. Mais un surplus d'insuline réduit la production de FSH et augmente la production de LH. Résultat: le cycle devient tellement perturbé que l'ovulation ne se produit plus ou presque. Les règles deviennent peu abondantes ou disparaissent complètement. Enfin, cette stimulation anormale des ovaires par la LH mène à la formation de petits kystes, ou sacs de liquide, aux endroits où l'on aurait dû trouver un ovule en santé. C'est ce qu'on appelle les ovaires polykystiques.

Perdre du poids, c'est perdre des poils
Jusqu'à 10% des Nord-Américaines développent le syndrome d'ovaires polykystiques. En conséquence, la majorité d'entre-elles ont un surplus d'insuline et développent ainsi de l'obésité. Vous me suivez? Ces femmes souffriront de désordres menstruels (80%), d'infertilité (74%), d'hirsutisme (69%), d'acné (70%) ou alors n'auront aucun de ces symptômes.

Mais la solution est la même pour toutes: une perte de 15% du poids peut redonner à l'insuline tout son pouvoir et rétablir une chaîne normale d'événements. En attendant cette perte de poids, différentes stratégies ralentiront les ardeurs des androgènes. C'est le cas de l'¿strogène contenue dans les contraceptifs oraux dont la composition en progestatif est l'acétate de cyprotérone (c'est la petite pilule Diane.) Il existe aussi des médicaments efficaces pour induire l'ovulation et permettre de devenir enceinte.Alerte aux kystes ovariens
Il faut comprendre que plusieurs femmes risquent de développer le syndrome d'ovaires polykystiques: une femme sur quatre selon des échographies pratiquées chez des femmes en bonne santé apparente.

La majorité a davantage de poils au niveau du visage, et un test sanguin révèle déjà une augmentation du niveau d'androgène. Plusieurs ont commencé à accumuler des kilos et à donner du fil à retordre à l'insuline. Certaines de ces femmes sont minces et n'ont aucun problème menstruel. Leur condition est le plus souvent causée par une prédisposition familiale ou est la conséquence d'un autre type de problème endocrinien. Pour les unes comme pour les autres, l'utilisation du laser dans des cliniques spécialisées est un bon moyen pour mettre un terme à la présence d'une moustache ou de poils au menton. Mais comme cela peut représenter un problème caché, assurez-vous de vérifier votre état de santé auprès de votre médecin.

Alerte au diabète
La résistance à l'insuline, conséquence de l'obésité ou reliée à d'autres problèmes de santé, est une étape qui risque fort de vous mener vers un diabète franc. Remarquez que ce ne sont pas tous les diabétiques qui passent par cette étape. La résistance à l'insuline et son lien avec l'obésité sont connus depuis plusieurs années. Mais leur impact sur la santé des femmes s'est davantage précisé récemment. Les découvertes sont troublantes. En plus du désir esthétique de perdre du poids, nous pouvons nous laisser convaincre du besoin de conserver notre santé.

Les «femmes à barbe»
C'est le phénomène des «femmes à barbe», dont quelques-unes sont devenues célèbres (c'était l'une des spécialités du cirque Barnum and Bailey). Darwin en a décrit une, Julia Pastrana, que l'on promenait dans les foires, où elle était fameuse dans son numéro de danse écossaise. Marguerite d'Autriche, dont la maison romaine abrite désormais le Sénat italien, était la fille illégitime de Charles Quint: entre autres tares, nombreuses chez les Habsbourg, elle avait, dit-on, le menton velu. Ce qui ne l'a pas empêché de marier un Médicis, puis un Farnèse, petit-fils de pape. Les plus méchantes langues disaient aussi qu'elle préférait les dames à ces messieurs. Dans la même veine aristocratique, vous pouvez revoir «La comtesse de Bâton Rouge» du Québécois André Forcier où la belle Geneviève Brouillette, à peine enlaidie, joue à merveille son rôle de femme à barbe.

Le saviez-vous?
À l'approche de la ménopause, il n'est pas rare de voir surgir des poils noirs et drus au menton ou sous le nez. Ils sont dus à la chute de l'oestrogène que les ovaires ne fabriquent plus et qui veillait sur l'équilibre de notre pilosité féminine.

Remerciements au Dr Robert Hemmings, à l'hôpital Royal-Victoria.
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