Santé
Ferez-vous de vieux os?
Inévitable, l'ostéoporose? Pas si on prend bien soin de nos os... dès maintenant!
À 60 ans, Sally s'est cassé le poignet en tombant sur la glace. Le scénario s'est répété deux ans plus tard. «Je ne regardais pas où je marchais», avoue-t-elle. Sally, aujourd'hui âgée de 75 ans, n'était pas seulement distraite. Elle souffrait d'ostéoporose, comme 1,4 million de Canadiens, selon Ostéoporose Canada. Surnommée le «voleur silencieux», l'ostéoporose «dérobe» et détériore prématurément notre tissu osseux sans qu'on ait de symptômes. Il suffit alors d'une chute banale ou même d'un simple éternuement pour que les os fragilisés se fracturent.Des os qui vieillissent
Faits de collagène, de sels minéraux et de calcium, nos os sont des tissus vivants qui se renouvellent sans cesse. En effet, l'organisme forme et détruit constamment des cellules osseuses. Notre ossature se développe ainsi jusque vers l'âge de 30-35 ans. On atteint alors notre masse osseuse maximale. À partir de cet âge, les nouvelles cellules osseuses n'arrivent plus à remplacer les cellules détruites. On commence à perdre de notre masse osseuse.
Ce phénomène s'accélère à la ménopause. Le corps sécrète alors beaucoup moins d'oestrogènes et de progestérone, des hormones qui contribuent à maintenir et à former la masse osseuse. «Dans les 5 à 10 ans qui suivent la ménopause, la femme perd chaque année environ 1 % de sa densité osseuse», indique Jacques Brown, rhumatologue au Centre hospitalier universitaire de Québec. De plus, en vieillissant, on absorbe moins bien le calcium, nécessaire pour garder nos os solides. «Avec l'âge, la peau perd de sa capacité à synthétiser la vitamine D provenant des rayons solaires», dit la Dre Suzanne Morin, spécialiste en médecine interne à l'Hôpital général de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Or, cette vitamine accroît de 30 à 80 % l'absorption du calcium.
Le quart d'entre nous
Malgré le vieillissement et la ménopause, plusieurs femmes ne souffriront jamais d'ostéoporose. Leur réserve osseuse est suffisamment garnie pour composer avec la perte de masse osseuse. Mais, pour le quart des Canadiennes de plus de 50 ans, cela ne suffira pas. Fragilisés par l'ostéoporose, leurs os du poignet, de la hanche, de la colonne vertébrale et de l'épaule se fractureront lors de chocs banals. Les conséquences sont parfois dramatiques. Au Canada, l'ostéoporose cause chaque année environ 20 000 fractures de la hanche. «Le quart des victimes meurent dans l'année qui suit», dit Patrick M. Doran, endocrinologue à l'hôpital Royal-Victoria du CUSM. Elles décèdent, entre autres, des complications liées à l'opération.
L'ostéoporose prend parfois les traits d'un vilain mal de dos. En effet, les vertèbres, devenues plus fragiles, peuvent se fracturer à la suite d'un mauvais mouvement. «Dans les deux tiers des cas, les gens ont l'impression d'avoir "un tour de rein"», note le Dr Brown. En fait, chaque vertèbre fracturée s'affaissera et comprimera le reste de la colonne vertébrale. À long terme, ces fractures entraînent la courbure du dos et une réduction de la taille de plus de 4 cm.Suis-je à risque?
On ne connaît pas la cause exacte de l'ostéoporose, mais les recherches ont pu cibler certains facteurs de risque.
Certains signes ne mentent pas:
À 48 ans, Angiolina présentait quelques facteurs de risque. «Ma mère, ma tante et ma grand-mère ont souffert d'ostéoporose», explique cette petite femme (elle mesure 1,57 m et pèse environ 52 kg) qui n'a jamais été friande de produits laitiers. Elle a demandé à son médecin de famille d'effectuer une ostéodensitométrie, une radiographie mesurant la densité minérale osseuse (DMO). Angiolina a eu un bon instinct. Elle frôlait l'ostéoporose, et elle n'était pas encore ménopausée...
Ostéoporose Canada recommande aux gens de plus de 50 ans qui présentent un ou des facteurs de risque de passer une ostéodensitométrie. Et toute personne de plus 65 ans (autant les hommes que les femmes) devrait subir l'examen. Si on soupçonne une perte de masse osseuse rapide, on recommande une nouvelle radiographie un an plus tard. Chez les patients traités, le test peut s'effectuer tous les deux ou trois ans.
Cet examen radiologique a néanmoins des limites, selon le Dre M. Doran. Il mesure la teneur minérale des os, mais n'examine pas leur architecture interne. Or, l'os spongieux, une composante du tissu osseux, peut être perforé à certains endroits, ce qui fragilise l'os. On peut donc avoir une densité minérale(DMO) normale, mais quand même se casser un poignet sans traumatisme important. Selon le Dr Brown, le médecin de famille doit prendre au sérieux cet événement et traiter la patiente avant que l'ostéoporose s'installe vraiment.
Traiter l'ostéoporose
Bonne nouvelle: même si on ne peut pas tout à fait prévenir les chutes, on peut prévenir les fractures qui en découlent en rendant nos os plus résistants. Jusqu'à récemment, on avait recours à l'hormonothérapie substitutive pour stopper la perte osseuse et augmenter la DMO. Mais, depuis l'étude de la Women's Health Initiative, en 2002, qui a notamment montré qu'elle amenait une augmentation du risque de maladie coronarienne et du cancer du sein invasif, on l'offre seulement aux femmes qui ont des symptômes ménopausiques modérés à sévères, et non uniquement pour prévenir l'ostéoporose.
D'autres médicaments, comme les bisphosphonates (Fosamax, Actonel, etc.), permettent aussi de ralentir et de stopper la perte de masse osseuse. En décembre dernier, Santé Canada a approuvé l'acide zolédronique (Aclasta), un médicament que l'on injecte une fois l'an par intraveineuse.Prévention: vive le calcium
Entre 19 et 50 ans, on devrait consommer chaque jour 1 000 mg de calcium et 400 unités internationales (UI) de vitamine D, selon Ostéoporose Canada. Chez les 50 ans et plus, les besoins quotidiens en calcium et en vitamine D grimpent respectivement à 1 500 mg et 800 UI. Des cibles difficiles à atteindre! Il faut pratiquement boire un litre de lait pour obtenir 1 000 mg de calcium.
On recommande donc aux femmes ménopausées et à risque de souffrir d'ostéoporose de prendre des suppléments de calcium (de 500, 1 000 ou 1 500 mg) et de la vitamine D3 (800 UI), en plus de consommer des aliments riches ou enrichis en calcium. Si on n'est pas à risque, on devrait, selon la plupart des experts, tenter d'aller chercher notre calcium dans notre alimentation: si on n'y arrive pas, on peut avoir recours aux suppléments.
Pour maximiser leur réserve osseuse, les jeunes femmes doivent consommer des produits laitiers dès l'adolescence, selon le Dr Brown. Ils renferment de fortes doses de calcium, et celui-ci est facilement absorbé par le corps humain. Si on n'aime pas le lait, on peut adopter d'autres produits laitiers, comme le fromage ou le yogourt. Puisque notre masse osseuse atteint sa densité maximale au début de la trentaine, il vaut mieux prendre tous les moyens pour préserver nos os avant cet âge. Évidemment, ces bonnes habitudes devraient se poursuivre après 30 ans pour ralentir la perte de masse osseuse. Et, en plus de prendre du calcium, on devrait limiter notre consommation de café: selon certaines études, boire plus de quatre tasses de café par jour pourrait entraîner la sécrétion du calcium dans l'urine. Parti, le précieux calcium!
Pour faire le plein, on mange:
On boit:
Pour les portions exactes et l'apport en calcium, on consulte:
Santé Canada
Ministère de l'Agriculture des États-Unis
Passeport-santé
On lit Ménopause, nutrition et santé, de Louise Lambert-Lagaçé.Exercices pour nos os
On conseille aussi de faire des exercices avec mise en charge (qui sollicitent les articulations qui nous supportent) au moins trois fois par semaine durant 30 minutes. De bons choix: marche, course, tennis, etc. L'activité physique exerce une «charge» (une force accrue) sur nos os, qui répondent en augmentant leur masse de façon à bien répartir la charge sur une plus grande surface osseuse. Ces sports améliorent également l'équilibre et la coordination, ce qui diminue les risques de chute. Malgré ses mésaventures, Sally marche souvent, même l'hiver. Mais elle regarde maintenant où elle met les pieds.
En savoir plus:
Ostéoporose Canada
Agence de la santé publique du Canada