Santé
Faire la paix avec la transpiration, c'est possible!
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La transpiration n’est pas qu’une nuisance, bien au contraire! L’humidité qui s’échappe de la peau maintient notre corps dans un état d’équilibre, repoussant la surchauffe de notre organisme.
Cependant, la sueur peut être une source de gêne considérable si elle se produit au mauvais moment ou en surabondance. En cette saison estivale qui rime avec grandes chaleurs, il est bon de se rappeler les fonctions importantes qu’elle remplit.
La transpiration, un mécanisme biologique essentiel à notre vie, réalise constamment des microajustements de notre température corporelle. Il s’agit même d’un cadeau que l’évolution a offert à l’humanité, lui permettant de dominer la planète, rien de moins! Des scientifiques affirment que c’est ce système de refroidissement qui a donné l’avantage à nos plus lointains ancêtres sur les autres animaux. Il y a plusieurs centaines de milliers d’années, les premiers humains pouvaient chercher de la nourriture sous le soleil plombant des savanes africaines, tandis que les grands prédateurs devaient se cacher à l’ombre. Ce fait et bien d’autres au sujet de la science de la transpiration sont mis en lumière dans le livre The Joy of Sweat (La joie de la sueur), de Sarah Everts.
Or pour plusieurs personnes, la transpiration n’est pas du tout un objet d’émerveillement. Elle peut être vraiment embarrassante au quotidien.
Des fontaines biologiques
Notre organisme travaille sans relâche pour maintenir ses fonctions vitales. En conséquence, notre corps
produit constamment de la chaleur. Même au repos, il génère autant d’énergie qu’une ampoule de 60 à 100W. Sans qu’on fasse grand-chose, notre peau relâche donc jusqu’à 1L de sueur par jour. En s’évaporant, ce liquide rafraîchit la peau, tout comme le sang qui coule dans les veines, juste en dessous. Tout cela dans le but de garder l’organisme à sa température idéale, soit environ 37°C. Pendant une journée de canicule, une personne perd autour de 1,5 à 2L d’eau en moyenne. Cette quantité peut s’élever à 3 ou 4L en une heure d’activité physique intense.
La transpiration vient des glandes sudoripares. Sous notre peau se trouvent de 1,4 à 4 millions de ces microscopiques tubes chargés d’évacuer les fluides. Il y a deux types de glandes sudoripares: les eccrines, situées sur presque tout le corps (en particulier sur les pieds et les mains), et les apocrines (surtout sous les aisselles), qui sont rattachées aux follicules pileux. Un ensemble de facteurs déterminent la quantité de sueur que nous produisons: l’âge, la masse corporelle, la taille, le taux de graisse, les hormones et l’état de santé.
Par exemple, les personnes en bonne forme physique ont tendance à produire de la sueur de façon uniforme sur tout leur corps. Quand on est moins actif, la transpiration se concentre sur certaines parties, comme le milieu du dos ou la poitrine. La santé mentale peut aussi avoir un impact sur la transpiration. Des épisodes d’anxiété ou de dépression sont des déclencheurs reconnus de sudation...
La genèse des odeurs
La sueur est composée à 99% d’eau. Le reste, c’est du sel et des molécules odorantes. Non seulement la transpiration maintient notre peau hydratée, mais elle relâche des quantités minuscules de ce que l’on consomme et inhale au quotidien: caféine, ail, nicotine, alcool, médicaments, etc. Ces substances expliquent en partie l’odeur bien connue. La senteur principale de la sueur, celle qui émane des aisselles, est produite par des bactéries. Les glandes apocrines qui s’y trouvent excrètent des molécules grasses, qui sont «comme du miel pour les millions de bactéries qui vivent sous nos bras», indique de façon poétique l’auteure du livre The Joy of Sweat. L’odeur désagréable émanant des aisselles provient essentiellement des déjections de ces bactéries. Les scientifiques nous apprennent que les hommes dégagent en général une odeur qui évoque le fromage, et les femmes, un mélange de fruit tropical mûr et d’oignon. Chaque individu a son propre cocktail de molécules qui s’évapore de la peau, donnant une odeur unique, comme une signature.
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Comment empêcher notre climatiseur naturel de nuire
Dans un contexte professionnel et social, notre nature biologique peut être une source d’embarras: des cernes de sueur aux aisselles, des poignées de main détrempées, des odeurs qui émanent de pieds mouillés... Voilà des situations que nous préférerions tous éviter! Chez certaines personnes, une transpiration gênante peut se déclencher non pas avec la chaleur ambiante, mais à cause de la nervosité.
C’est le cas d’Ali, un ingénieur âgé de 36 ans: «Depuis mon adolescence, toutes les situations le moindrement stressantes s’accompagnent de transpiration excessive sous mes aisselles. Même l’anxiété liée à l’idée de me mettre à transpirer cause de la sueur indésirable.» Après plusieurs années à prévoir des vêtements de rechange, à choisir des couleurs et des tissus qui ne laisseront pas paraître la sueur, il a enfin eu l’idée de consulter son médecin de famille à ce sujet. «Elle m’a prescrit du Drysol, un produit à base de chlorure d’aluminium qui a fait une nette différence dès la première application. Avoir su avant, je me serais épargné beaucoup de complexes dans ma vie», reconnaît-il.
L’hyperhidrose: un trouble de transpiration excessive
Chez 3% de la population, les glandes sudoripares se déchaînent parfois dans une hyperactivité qui n’a rien à voir avec l’équilibre thermique du corps. C’est une transpiration excessive qui peut atteindre trois à quatre fois la production normale de sueur. «L’hyperhidrose est une grande source d’inconfort et de gêne dans les interactions sociales. Elle empêche la personne qui en souffre de vaquer normalement à ses activités», dit le Dr Antranik Benohanian, dermatologue au CHUM qui traite ce trouble depuis une trentaine d’années.
Selon la gravité du cas de transpiration excessive, il recommande de ne pas hésiter à consulter son pharmacien, médecin de famille ou dermatologue. Le médecin soignant doit vérifier s’il s’agit d’une hyperhidrose primaire, c’est-à-dire sans cause sous-jacente, ou secondaire, c’est-à-dire qu’une maladie provoque ce trouble. Les professionnels de la santé sont les mieux placés pour trouver «le meilleur traitement qui répond aux besoins individuels de chaque patient, celui qui cause un minimum d’effets indésirables et qui est accessible à un coût raisonnable», conclut-il.
Déodorant ou antisudorifique: lequel choisir?
Pour bien jouer son rôle de régulation de la température corporelle, la sueur doit s’évaporer. Si l’air est saturé d’humidité, l’évaporation devient difficile, car la sueur reste sur la peau et ne peut plus faire son boulot. Sous les aisselles, le liquide des glandes sudoripares a tendance à stagner. C’est pourquoi on peut y appliquer un antisudorifique qui resserre les pores de la peau et qui «bloque» la sueur.
Afin de gérer les odeurs, certains préfèrent l’usage d’un déodorant: un antiseptique qui tue les bactéries qui produisent des puanteurs.
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Le Botox et autres options thérapeutiques
Selon le Dr Antranik Benohanian, dermatologue au CHUM, les recours thérapeutiques en présence d’hyperhidrose diffèrent en fonction de l’âge du patient, de sa tolérance aux traitements, du site affecté et de la gravité du cas. Voici sa description de chacun d’eux:
- Le Botox (toxine botulique): Les injections de Botox empêchent la libération d’acétylcholine, l’agent principal qui demande aux glandes sudoripares de sécréter de la sueur. Ce traitement est coûteux, mais il peut être couvert par les compagnies d’assurance et la RAMQ. La quantité d’unités de Botox dépend de la gravité de l’hyperhidrose et du lieu où elle se manifeste. En général, le soulagement a une durée de 6 à 12 mois.
- Le traitement d’ionophorèse: Il consiste à tremper les deux mains ou les deux pieds dans des bacs remplis d’eau du robinet à travers lesquels passe un courant à faible densité. L’entreprise montréalaise Dermadry fabrique l’appareil d’ionophorèse.
- La technologie miraDry: On utilise un appareil à micro-ondes pour traiter les aisselles. Les séances ont lieu au bureau du médecin et coûtent relativement cher.
- L’intervention chirurgicale: Elle sert à déconnecter les filets nerveux responsables de la transpiration des mains et des aisselles. Une option de dernier recours qui se pratique en clinique.