Santé

Des substances toxiques dans nos produits de beauté

Des substances toxiques dans nos produits de beauté

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Du plomb dans le rouge à lèvres, de l’arsenic dans le maquillage, des phtalates dans les déodorants. Nos produits de beauté contiennent de nombreuses substances toxiques. Doit-on cesser de les utiliser pour protéger notre santé?

Les gestes beauté que nous posons quotidiennement ne seraient pas sans danger pour notre santé. De 85 000 à 100 000 produits chimiques sont actuellement utilisés dans la fabrication des cosmétiques, et un certain nombre d'entre eux seraient susceptibles de provoquer des cancers, des déséquilibres hormonaux ou des allergies, affirme Gillian Deacon dans son livre Du plomb dans votre rouge à lèvres, qui traite d'une vingtaine de substances à éviter.

Très impliquée dans ce qui touche la santé et l'environnement, la Fondation David-Suzuki a aussi établi, en 2010, une liste de 12 composés potentiellement toxiques présents dans les produits d'hygiène personnelle et les cosmétiques tels que les parabènes, le BHA, le BHT et les colorants dérivés du goudron de houille. Elle a ensuite invité les consommateurs à répondre à un sondage en ligne, afin qu'ils prêtent attention aux ingrédients inscrits sur l'étiquette de leurs articles d'hygiène personnelle. Résultat? Dans presque tous les produits, au moins un des 12 composés à éviter était présent.

Plus récemment, l'analyse de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a indiqué qu'il y avait du plomb dans 400 rouges à lèvres, notamment dans des bâtons de marques connues. Le taux moyen dans les produits testés était de 1,11 partie par million (ppm). L'absorption orale d'impuretés de plomb admise par la FDA va de 0,1 ppm pour des bonbons à 10 ppm pour des suppléments nutritifs et des produits appliqués sur la peau. Faudrait-il alors s'inquiéter de ces traces dans quelque chose qu'on ingère en petites quantités?

Doit-on s'inquiéter?

La présence dans les cosmétiques d'impuretés telles que le plomb et les métaux lourds comme l'antimoine, l'arsenic, le béryllium, le cadmium, le chrome, le mercure, le sélénium et le thallium n'est pas considérée comme nuisible par Santé Canada. Le Ministère estime que les petites concentrations font en sorte que leur absorption cutanée est relativement faible et que l'exposition orale est plutôt limitée. Santé Canada exige tout de même que ces substances ne soient pas ajoutées intentionnellement aux cosmétiques vendus au pays.

Lisa Gue, analyste en politique de santé environnementale à la Fondation David-Suzuki, ne voit pas les choses du même œil. «Par mesure de sécurité, on devrait renforcer les lois et la réglementation gouvernementale. Même si ces substances nocives sont présentes en très petites quantités dans un produit, il n'y a aucun niveau d'exposition sécuritaire. Toutes ces faibles doses que l'on retrouve dans les cosmétiques et l'environnement s'accumulent dans notre corps au fil du temps. Sans compter qu'aucune étude n'a été menée sur la synergie de toutes ces substances chimiques.»

De nouvelles habitudes plus saines

Pour éviter de s'exposer aux substances chimiques dangereuses, Gillian Deacon recommande de bien lire les étiquettes des produits cosmétiques et de faire des choix éclairés. Dans son livre, elle propose même quelques recettes maison pour remplacer les crèmes hydratantes, masques, tonifiants, dentifrices et autres rince-bouches.

Lisa Gue invite les gens à se tourner vers des produits certifiés biologiques, qui doivent respecter des seuils en ce qui concerne les substances non biologiques. «Les noms affichés, comme naturel ou biologique, sont cependant souvent trompeurs, prévient-elle. Il faut se fier à l'étiquette. Mais comme les fabricants ne sont pas tenus de divulguer les ingrédients présents dans les parfums, ce terme générique risque de masquer un cocktail chimique potentiellement nocif.»

Comme les cosmétiques présentent, pour la plupart, un risque de toxicité et qu'il n'est pas facile de s'y retrouver, Lisa Gue recommande simplement de ne pas en abuser. «Ils ne sont pas essentiels à la vie. On pourrait se maquiller un peu moins et moins souvent», conclut-elle.

Dix toxines courantes à éviter

Goudron: Le goudron est une substance chimique dérivée de la houille qui est utilisée dans les traitements contre la peau sèche et les rougeurs du visage, les exfoliants pour le bain, les teintures à cheveux ainsi que les shampoings contre les poux et les pellicules.
On évite: goudron, p-phénylènediamine, et les colorants dont le nom est composé de CI suivi de cinq chiffres, ou de FD&C ou D&C suivis d'une couleur et d'un numéro (p. ex. FD&C Rouge n°6).

DEA, TEA et MEA: Ces substances chimiques sont utilisées comme agents émulsifiants et moussants dans les shampoings, les produits de maquillage et les nettoyants pour le visage et le corps.
On évite: DEA, TEA, MEA, cocamide diéthanolamine, lauramide diéthanolamine et oléamide diéthanolamine.

Phtalates: Des phtalates sont présents dans les articles parfumés, les déodorants et les lotions corporelles. Le phtalate de dibutyle est utilisé comme plastifiant dans les produits pour les ongles.
On évite: phtalate de diéthyle (DEP), phtalate de dibutyle (DBP) et les termes parfum et fragrance, puisque les fabricants de ces substances dévoilent rarement leurs recettes.

Formaldéhyde: On le retrouve comme additif de durcissement dans les vernis à ongles, des dissolvants de cuticules, les colorants pour cheveux, des additifs pour faux cils, des shampoings et de nombreux autres produits de beauté.
On évite: hydantoïne DMDM, diazolidinylurée, imidazolidinylurée, méthénamine et quarternium-15.

Parabènes: Utilisés comme agents de conservation, les parabènes sont présents un peu partout: shampoings, crèmes hydratantes, lotions solaires, mousses à raser, gels nettoyants, lubrifiants et dentifrices.
On évite: les ingrédients dont le nom contient parabène, paraphénylène, paraphénylène diamine (PPD), p-phénylènediamine et diamino-1,4-benzène.

Oxybenzone: Ingrédient actif de plusieurs crèmes solaires, l'oxybenzone filtre les rayons UV sur la surface de la peau et convertit la lumière en chaleur.
On évite: benzophénone-3, benzoyl-5, 5-méthoxyphénol, 2-hydroxy-4-méthoxybenzophénone, méthanone et solaquine.

Polyéthylène de glycol (PEG): Utilisé dans certaines bases de crèmes cosmétiques, cette substance favorise la pénétration du produit et peut contenir du 1,4-dioxane et de l'oxyde d'éthylène, deux carcinogènes.
On évite: PEG, macrogol, propylène glycol et polypropylène glycol.

Triclosan: Utilisé comme agent de conservation antibactérien dans de nombreux cosmétiques et produits antibactériens, tels que des savons, des désinfectants pour les mains, des nettoyants pour le visage et des désodorisants.  
On évite: les produits antibactériens qui contiennent du triclosan ou du microban.

Laurylsulfate de sodium (SDS): Additif chimique qui fait mousser les shampoings, produits pour le bain, dentifrices et nettoyants domestiques. Il est facilement absorbé par la peau et peut contenir du 1,4-dioxane, une substance potentiellement cancérigène.
On évite: laurylsulfate de sodium (SDS), laureth sulfate de sodium, dodécylsulfate de sodium, PEG (1,4), sel de sodium, acide sulfurique, ester monododécyle.

Parfum ou fragrance: Produits chimiques cachés, associés à de nombreux problèmes de santé tels que les allergies, un affaiblissement du système immunitaire, les maux de tête et les étourdissements. Action cancérigène soupçonnée.

 

Pour aller plus loin

DEACON, Gillian. Du plomb dans votre rouge à lèvres, Éditions de l'Homme, 2012, 288 pages.

Ébauche de la politique sur les impuretés de métaux lourds contenues dans les cosmétiques au Canada

Les 12 ingrédients à éviter dans les produits de beauté, par la Fondation David-Suzuki

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