Santé
Bien vivre sa convalescence
Se faire opérer, ce n'est jamais drôle. On s'évitera bien du stress en sachant à quoi s'attendre et en se préparant bien.
Subir une chirurgie qui demande une période de convalescence, ce n'est pas facile. Bien des gens sont tristes ou se rebiffent à l'idée de devoir mettre leurs occupations habituelles en veilleuse pendant un certain temps pour soigner leur santé. Il est pourtant primordial de le faire. «Pour le corps, une chirurgie, c'est une agression», explique l'infirmière Nathalie Turgeon. Celui-ci a besoin de temps et de repos pour s'en remettre.D'abord, parce qu'il a une plaie à guérir. «Après la chirurgie, les processus cellulaires s'enclenchent pour cicatriser ou régénérer les tissus», explique le Dr Stéfane Lebel, chirurgien général à l'Hôpital Laval. En ne prenant pas au sérieux cette période où le corps est en rémission, on risquerait entre autres de rouvrir une plaie qui n'est pas cicatrisée.On peut ressentir une certaine douleur, notre mobilité peut être réduite, les médicaments peuvent aussi nuire à notre concentration. Cela ne veut pas dire qu'on soit confinée au lit, comme l'explique le Dr Lebel: «Il n'y a pas de danger à être actif quand on est en train de guérir. Une personne qui n'a pas d'activités intenses susceptibles de l'incommoder, la fatiguer ou la blesser peut maintenir un certain train de vie», continue-t-il. Voici quelques conseils pour préparer notre convalescence.
On s'informe!
Lors des rencontres préopératoires, on peut recueillir de l'information sur la meilleure façon d'aborder notre convalescence. On y verra le chirurgien, l'anesthésiste et une infirmière. Michèle, 56 ans, qui a subi une hystérectomie, a profité de cette rencontre pour se faire rassurer. «Ce fut une journée fatigante, mais après, je savais vers quoi je m'en allais», raconte-t-elle. «On note nos questions par écrit, pour éviter d'en oublier», suggère le travailleur social Benoît Lévesque, du soutien à domicile du CSSS mission CLSC de Québec.
Quelques questions utiles:
Notre CLSC peut nous renseigner sur nos limitations. Des rencontres préopératoires avec une infirmière ou un ergothérapeute peuvent être organisées. Si le délai d'attente est trop long, on recevra au moins un retour d'appel. «On dresse pour la personne une liste des difficultés qu'elle rencontrera à la suite de sa chirurgie et on lui demande ce qu'elle veut réussir à faire par elle-même au retour à la maison», explique Caroline Chartrand, ergothérapeute dans l'équipe de soutien à domicile au CLSC La Source, à Québec.On aménage la maison à l'avance
Avant l'opération, on prépare notre domicile pour se faciliter la vie.
Notre lieu de repos
Salle de bain accessible
Cuisine sans cuisinière
Passons au salon
Ma maman est malade?
Les jeunes enfants peuvent aussi être déstabilisés de voir leur mère affaiblie et moins présente. On doit leur expliquer, avec des mots simples, que nos limites sont temporaires. Surtout, on sécurise l'enfant sur notre santé, et on essaie de rester en contact avec lui. Si l'enfant est encore petit, on demande à quelqu'un de nous mettre l'enfant dans les bras plutôt que d'essayer de le soulever nous-même. Si on ne peut pas le prendre dans nos bras, on trouve d'autres manières d'être près de lui, en l'asseyant près de nous ou en partageant un repas.De retour à la maison...
La durée de l'hospitalisation varie selon le type de chirurgie et c'est au médecin que revient de déterminer le moment propice pour notre retour à la maison. Quoi qu'il en soit, quand l'heure du départ sonne, on doit être prête à recevoir beaucoup d'information en peu de temps: ressources à domicile, médications, signes de complications à surveiller, soins de plaie, etc. Affaiblie par l'opération, l'anesthésie et les calmants, il est possible qu'on ait de la difficulté à tout retenir. «C'est toujours préférable d'être accompagnée à ce moment-là», dit Nathalie Turgeon.
Il faudra délaisser certains efforts pour éviter de se surmener. «Les tâches comme l'entretien ménager, la préparation des repas et les courses sont les premières choses qu'on suggère de laisser de côté ou de déléguer», dit l'ergothérapeute Caroline Chartrand.
Il est aussi possible que, selon le type de chirurgie, on perde de la mobilité. Cela affectera des activités quotidiennes comme l'hygiène et l'habillage. C'est là que notre réseau entre en jeu. «On demande d'abord un coup de main à notre famille ou à notre entourage, et il ne faut pas se gêner, explique Benoît Lévesque. «On voit des femmes en convalescence qui continuent leur rôle de pivot de la famille alors qu'elles devraient limiter leurs tâches pour se concentrer sur leur guérison, raconte Benoît Lévesque. Ce sera au détriment de leur récupération, et ça peut retarder leur guérison.» Gare à vous!
Soigner notre moral
«Quand les gens n'ont plus accès à leurs activités ou à leurs loisirs, le moral est moins bon. Généralement, après la chirurgie, il survient une période où on peut difficilement compenser le vide des activités qu'on met de côté, surtout si on était très active», explique Caroline Chartrand. Certaines peuvent en venir à ressentir des symptômes reliés à la dépression: tristesse, idées noires, fatalisme, etc. «Il faut surtout éviter de s'isoler», insiste Benoît Lévesque. On pense à se divertir: scrapbooking, tricot, sudoku, mots croisés, jeux vidéo, Internet, etc. On se fait une réserve de musique ou de livres de bibliothèque, ou on écoute sur DVD une série qu'on se promettait depuis longtemps de voir.
«Il n'y a pas de recette magique pour amener une guérison plus rapide. Il faut bien manger, se reposer et respecter ses limites», explique le Dr Lebel. Pour le retour au travail, si on sent que l'énergie nous fait défaut ou qu'on a toujours des malaises qui nous empêchent de fonctionner, on revoit notre médecin un peu avant la date de retour prévue. Se remettre dans l'action peut être très bénéfique.
En savoir plus