Santé
Arrêt cardiaque: efficaces, les défibrillateurs?
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Lorsqu’une personne tombe «raide», victime d’un arrêt cardiaque, quelles sont ses chances de survie si on la réanime avec un défibrillateur?
Quand quelqu'un s'effondre devant nous, c'est la panique. Inconsciente et sans pouls, la personne semble morte. Pourtant, en réalité, les cellules cardiaques ont, pour quelques précieuses minutes, assez de vie pour reprendre le travail... si on les aide.
Pour diverses raisons, dont la plus fréquente est le blocage d'une artère coronaire qui alimente en oxygène une partie du muscle cardiaque, le coeur est soudainement empêché de pomper efficacement. De multiples zones du coeur malade produisent des mini-circuits électriques qui tournent en rond. Ces activités électriques - sans coordination - ne réussissent qu'à produire des tremblements répétitifs (fibrillation ventriculaire) ou alors provoquent des contractions si rapides que le sang reste sur place (tachycardie ventriculaire sans pouls).
En appliquant des décharges électriques sur le thorax, il est possible de remettre de l'ordre dans ces activités électriques et de redémarrer le circuit automatique normal.
Les défibrillateurs automatiques
Utilisés la première fois en clinique en 1962, les défibrillateurs se sont tellement perfectionnés qu'ils peuvent être utilisés en toute sécurité par les ambulanciers et même les premiers répondants. Le défibrillateur externe automatisé (DEA) peut reconnaître les rythmes anormaux du coeur (arythmies), ce qui permet à l'utilisateur de déclencher une décharge électrique seulement si la défibrillation est utile.
Le succès de cette défibrillation dépend de plusieurs facteurs. Notons d'abord la condition du patient. Si son coeur a déjà été affaibli par une insuffisance cardiaque, il a moins de chances d'être réanimé que s'il s'agit de son premier infarctus. Ensuite, plus tôt on intervient en réanimation cardiorespiratoire (RCR), meilleures sont les chances de voir le coeur redémarrer. Dans les premières secondes, la compression cardiaque permet une circulation sanguine dans le coeur, ce qui rend les cellules plus réceptives à la défibrillation. Une intervention dans les cinq premières minutes augmente le taux de survie, et ce, sans séquelles. Pour chaque minute d'attente avant la défibrillation, le taux de survie après un arrêt cardiaque diminue de 7 à 10 %. Peu de victimes survivent à un arrêt de plus de 12 minutes.
Utilité des DEA
Une étude publiée en 2004 dans le New England Journal of Medicine s'est penchée sur le succès des défibrillateurs dans des endroits publics (centres commerciaux, centres récréatifs, hôtels et immeubles à appartements) dans trois villes canadiennes et 21 villes américaines. Pour cette étude, des volontaires de 497 communautés avaient été formés à la réanimation cardiorespiratoire. Dans 496 autres communautés, des volontaires avaient été formés à la fois en réanimation cardiorespiratoire mais aussi à l'utilisation des défibrillateurs. En comparant les deux groupes, on a observé plus de survivants dans le groupe utilisant les défibrillateurs: 30 survivants pour 128 arrêts cardiaques. Dans le groupe ne pratiquant que la réanimation, on a sauvé 15 personnes sur 107 arrêts.
Dans les lieux fréquentés par une population à haut risque d'arrêts cardiaques - les centres de dialyse, par exemple, ou les cabinets de cardiologues -, les défibrillateurs peuvent sauver beaucoup de vies. C'est d'ailleurs surprenant, si je puis me permettre, que cette technologie soit si peu disponible dans des endroits où les risques d'assister à un événement urgent sont majorés. À Seattle, aux États-Unis, dans le cadre d'une étude menée pendant sept ans, des chercheurs ont placé 779 défibrillateurs dans des endroits stratégiques: 117 victimes d'arrêts cardiaques ont ainsi été sauvées. Dans une zone à plus faible risque, 1928 défibrillateurs ont été distribués et 16 vies ont été sauvées.
Distribuer les DEA, apprendre la RCR
L'application d'une décharge électrique à partir d'un DEA est très efficace pour réanimer une personne qui vient d'être frappée d'une défaillance cardiaque. La Fondation des maladies du coeur du Canada a d'ailleurs émis des recommandations pour améliorer la distribution d'un tel service.
J'encourage néanmoins chacun d'entre vous à suivre cette formation de réanimation cardiorespiratoire qui peut avoir un impact important sur la fin de l'histoire.
Sources
Fondation des maladies du coeur du Canada