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Les aliments influencent-ils nos états d'âme?

Les aliments influencent-ils nos états d'âme?

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

Du chocolat pour adoucir une peine d'amour, un café contre la déprime d'un matin pluvieux… Les aliments influencent-ils nos états d'âme?

Les aliments influencent nos états d'âme. Mais «d'ordinaire, affirme Marilyn Manceau, diététiste québécoise, la tête y est pour beaucoup!» L'aliment rêvé prend ainsi plus d'importance que l'aliment réel. Mais, tant que la tête et l'estomac suivent, pourquoi y aurait-il du mal à se faire du bien?

Sexe, vacances, famille et bonne bouffe

Pour nombre d'anthropologues et de penseurs de la nourriture, les seules activités de la vie quotidienne qui procurent plus de plaisir que de manger un bon repas, sont le temps passé en famille, les vacances et le sexe. C'est dire toute l'importance de la  nourriture comme leitmotiv de l'existence humaine! D'autant plus que le temps passé en famille, les vacances et le sexe font bon ménage avec la bonne bouffe.

Selon Marilyn Manceau, les aliments procurent en eux-mêmes du plaisir, par leur goût, leur texture et le contexte dans lequel ils sont consommés. «Ils améliorent notre moral, poursuit-elle, et nous donnent un sentiment de satisfaction. Un repas lourd et gras, difficile à digérer, risque par contre de perturber l'humeur. À l'inverse, notre état psychologique influence lui aussi notre consommation d'aliments. La colère et la joie, par exemple, nous poussent à manger davantage que le chagrin ou la peur.»

Chocolat et effet psychologique

«Lorsque je mange du chocolat, l'effet est instantané, s'enthousiasme Catherine, une femme dans la vingtaine. Tout de suite, la vie m'apparaît plus lumineuse.» Catherine est convaincue que l'effet est physique, et elle en est ravie. «C'est un mythe qui dure depuis trop longtemps», estime Marilyn Manceau. Il est vrai que le chocolat contient de l'amandamide, une substance qui agit comme le cannabis sur notre système. Il renferme aussi de la phényléthylamine, un antidépresseur et un stimulant. Mais, d'après la diététiste, les doses sont minimes et ne peuvent exercer une réelle influence sur l'humeur. «Pour que la phényléthylamine agisse sur l'organisme, il faut en consommer de deux à trois grammes. Une barre de chocolat en contient environ un tiers de gramme... Malgré tout, précise Marilyn Manceau, si la personne qui mange du chocolat est convaincue que cela lui remonte le moral, l'effet escompté sera sans doute dû au facteur psychologique.» Si effet physique il y a, on ne pourra donc l'expliquer que par les voies chimiques du plaisir. À ce titre, une bonne pomme pourrait être aussi enthousiasmante qu'une boîte de Laura SecordMD.


Et que dire du sucre, qui calme nos chagrins de minuit tout comme nos inquiétudes prémenstruelles? Marilyn Manceau note que le chocolat contient davantage de matières grasses que de sucre. «Avant tout, dit-elle, on recherche le plaisir gustatif, la texture douce du chocolat est plaisante. Par ailleurs, l'appétit de la femme augmente généralement pendant la période prémenstruelle. Elle mange donc plus de sucre, mais aussi plus de lipides et de protéines.»

Nourriture et souvenirs d'enfance

Les aliments peuvent encore mieux influencer notre moral quand on les associe, par exemple, à de bons souvenirs. À preuve, toutes ces nourritures d'enfance: macaronis au fromage, petits pots de crème, tartes fumantes. Un plat cuisiné par notre grand-mère nous rassurera et stimulera positivement notre moral, contrairement à un aliment qui nous a déjà rendus malades à telle ou telle occasion. Nous mangeons en quelque sorte pour mieux nous rappeler qui nous sommes. L'assiette est un attribut. La première bouchée, un soulagement.

Plus de fer, moins de fatigue

Des déficiences en acide folique, en fer ou en thiamine peuvent engendrer de l'inquiétude ou un état dépressif. «Mais attention, prévient la diététiste. En Amérique du Nord, on dénote très rarement des carences en thiamine. Par ailleurs, la majorité des Canadiens ne consomment toutefois pas les portions de fer et d'acide folique recommandées.» Dans les faits, trois femmes sur quatre ne consomment pas assez de fer. Conséquence: elles se sentent plus fatiguées et irritables et la recherche d'aliments réparateurs pourrait à la longue combler leurs déficits.

Aliments «réconfort»

«Pour Sophie, qui était gourmande, la bonne apporta sur la table un pain tout chaud et un grand vase plein de crème épaisse excellente. Sophie se jeta dessus comme une affamée.» - La comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie, 1859.


Pour la très vaste majorité d'entre nous, le «comfort food» demeure encore l'une des meilleures façons de se réchauffer l'âme et l'esprit. Tout le monde possède sa propre définition d'aliments ou de plats réconfortants: un bol de soupe maison lorsqu'on est malade, une simple assiette de pâtes-sauce-tomate au retour de voyage, une tartine à la confiture de Mamie, le pot-au-feu du dimanche de maman, l'odeur du poulet rôti... Ces aliments-doudous, souvent reliés à des souvenirs d'enfance, ont toutefois certains points communs: ce sont des mets simples, faits maison, plutôt économiques et conviviaux. Surtout, le «comfort food» ne doit pas être associé à un sentiment de culpabilité, sinon ce n'est plus un aliment réconfort...


S'occuper de l'âme, c'est aussi s'occuper de sa santé. Trois petits tours et le cholestérol passeeeee... ra.


Source

Comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie - La crème et le pain chaud, Casterman 2003. ISBN 2-203-13521-2.

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