Nutrition
Le végétalisme est-il meilleur pour la santé?
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Les professionnels de la santé recommandent de plus en plus de réduire notre consommation de viande, voire de l’éliminer.
Mais exclure en plus tous les produits d’origine animale, est-ce la solution santé promise?
On sait que les végétariens ne mangent ni viande, ni poisson, ni volaille, mais les végétaliens vont un peu plus loin en excluant également de leur alimentation tous les produits et sous-produits d’origine animale, comme les œufs, les produits laitiers et certains additifs alimentaires (gélatine, lécithine, mono et diglycérides d’acides gras).
«L’alimentation végétale optimale comprend donc au quotidien beaucoup de fruits et de légumes de toutes les couleurs, un assortiment de grains entiers (riz brun, quinoa, avoine, seigle, orge), du soya et ses dérivés (tempeh, tofu, edamames) et plusieurs types de légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots rouges et noirs), de graines (sésame, tournesol, citrouille) et de noix (amandes, pacanes, pistaches)», détaille Stéphanie Côté, nutritionniste chez Extenso, le centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal, et auteure de La santé par l’intestin: 21 jours de menus (Modus Vivendi).
Les bienfaits pour la santé
Les raisons de se tourner vers le végétalisme sont diverses, mais on entend souvent des raisons d’éthique animale (le refus d’exploiter et de faire souffrir les animaux) et environnementale (l’élevage de la viande est très polluant). «Mais pour une grande majorité de végétaliens, c’est aussi une question de santé», souligne la nutritionniste Anne-Marie Roy.
À ce sujet, la position officielle de l’American Dietetic Association et de l’association Les diététistes du Canada sur les régimes végétariens et végétaliens est claire: «Menés de façon appropriée, ils sont bons pour la santé, adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies.»
Cardiologue et chercheur clinicien à l’Institut de cardiologie de Montréal, le Dr Michel White n’est ni végétarien ni végétalien, mais il affirme faire «très attention » à son alimentation en diminuant entre autres sa consommation de viande et de produits laitiers. Il demande d’ailleurs à ses patients d’en faire autant et de surveiller également leur consommation d’œufs, surtout lorsqu’ils sont sédentaires ou font de l’hypercholestérolémie. «À l’institut, on rencontre beaucoup de patients qui souffrent de maladies induites par la consommation excessive de viande et de mauvais gras», dit-il.
Les études tendent en effet à démontrer que le régime végétalien réduit les risques de cancer, de diabète et de maladies cardiovasculaires. Il fait aussi baisser le taux de cholestérol sanguin ainsi que la pression artérielle. «Et la liste s’allonge», note la Dre Sophie Zhang, médecin de famille au CLSC des Faubourgs à Montréal, et elle-même végane. «Les recherches parlent aussi des effets de protection contre les maladies auto-immunes, inflammatoires, rénales et diverticulaires, sur les fonctions cognitives ainsi que sur les calculs biliaires entre autres.»
Mieux que le végétarisme?
Mais le végétalisme est-il vraiment meilleur pour notre santé que le végétarisme? «On entend depuis l’enfance que les produits laitiers et les œufs sont des aliments santé, mais les études montrent de plus en plus que ce ne sont pas des aliments qu’il faut manger en abondance», affirme la Dre Zhang. Des recherches associent entre autres la consommation de produits laitiers avec l’augmentation de risques de fractures osseuses ainsi que des bouleversements hormonaux divers, comme l’acné, les grossesses multiples, les problèmes de fertilité masculine et la puberté précoce.
Publiée en février 2016, une méta-analyse menée en Italie s’est penchée sur près d’une centaine d’études qui ont comparé les effets sur la santé des régimes végétariens, végétaliens et omnivores. La conclusion est que les régimes végétariens réduisent de 25% les risques et les décès liés aux cardiopathies ischémiques et de 8% les risques de cancers comparativement au régime omnivore, et que le végétalisme confère une protection encore plus élevée que le végétarisme contre les cancers (15% de réduction).
Les sources interrogées s’entendent tout de même pour dire que d’autres études doivent être menées sur les effets du végétalisme sur la santé. «Mais, en attendant, le plus important est de se détacher d’une alimentation basée sur la viande et de manger plus — voire beaucoup plus — de végétaux, dit Stéphanie Côté. Tout ce qu’on apprend à l’heure actuelle sur la flore intestinale et la santé confirme sans l’ombre d’un doute cette tendance.»
Anne-Marie Roy renchérit: «Ce qu’il faut retenir, c’est que les produits d’origine animale ne sont pas nécessaires dans notre alimentation et que ce sont les végétaux qui renferment les éléments ayant des effets protecteurs. Donc, plus la consommation de végétaux augmente, plus les bénéfices pour la santé augmentent. Et si certaines personnes veulent adopter une alimentation végétale à 100%, c’est encore mieux.»
«Je crois qu’on peut être en excellente santé générale et cardiovasculaire même si l’on mange des produits d’origine animale, pense pour sa part le Dr White. Mais c’est évident que le végétalisme est une bonne chose pour la santé. Il faut seulement se montrer plus créatif quand vient le temps de cuisiner afin de maintenir le plaisir de manger, et avoir une alimentation équilibrée afin d’éviter les possibles carences nutritionnelles.»