Nutrition
Comment guider un enfant qui veut devenir végétarien
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De plus en plus d’enfants et d’adolescents choisissent de devenir végétariens. Et ce n’est pas du caprice: les premiers motifs derrière leur motivation se transforment souvent en convictions. Comment faire pour suivre la tendance?
En quatrième année du primaire, Henri Fournelle a vu un documentaire sur l’industrie porcine. Un des segments traitait de la maltraitance des animaux. Le garçon de 10 ans a été plus que touché par ce qu’il venait de découvrir, il a été littéralement secoué. «J’ai pleuré à l’école, avoue-t-il. Et je me suis dit qu’il fallait que ça cesse!»
En rentrant à la maison, ce soir-là, Henri a annoncé à sa mère qu’il ne voulait plus manger de viande. Plus du tout. «J’étais fière de ses convictions, mais je ne pensais pas qu’il allait persévérer», nous dit Isabelle Bousquet, qui n’est pas végétarienne.
Cela fait maintenant plus de deux ans qu’Henri a fait le virage. «J’ai pris mon courage à deux mains et je n’ai jamais regretté», déclare-t-il avec aplomb.
Les enfants comme Henri, qui décident de leur propre chef d’adopter une alimentation végé, ne sont pas rares. «C’est une tendance, c’est dans l’air du temps», confirme Stéphanie Côté, nutritionniste. La raison principale dans la décision de délaisser la viande semble être l’amour des animaux et le souci de leur bien-être.
L’argument écologique, cependant, n’est souvent pas loin derrière. «Si plus de gens mangeaient végé, l’équilibre environnemental serait plus facilement atteint», explique Anaé Gagnon, 15 ans, végétarienne depuis qu’elle est toute petite, puisqu’elle n’a jamais aimé la viande. «En ce moment, dit- elle, la majorité de la population mange trop de viande; ça prendrait donc plus de végétariens pour compenser.»
Selon la diététiste-nutritionniste Nathalie Regimbal, il est important d’accueillir favorablement la demande de notre enfant et d’écouter les raisons qui justifient sa position. «Pourquoi veut- il faire ce choix? Qu’est-ce qui le préoccupe? On peut ensuite l’aider à se renseigner correctement en lui proposant des sources fiables d’information», dit-elle.
Stéphanie Côté indique que, chez l’adolescent, le désir de devenir végétarien peut découler d’un besoin de se distinguer, de marquer son indépendance, de suivre ses amis... ou de faire l’inverse de ses amis! «Si l’on essaie de le dissuader, il peut se braquer et le canal de communication parent-enfant va en souffrir, avance-t-elle. Il vaut mieux l’écouter et trouver un terrain d’entente quant à la façon de faire.»
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L’ENVERS DE LA MÉDAILLE
Pour la Dre Stéphanie Léonard, psychologue, il est important de garder en tête que ce choix peut cacher des motivations plus sombres. «Un pourcentage important de gens qui souffrent de troubles alimentaires sont ou ont été végétariens, souligne-t-elle. Ce choix peut être une manière détournée d’éviter certains aliments indésirables ou plus caloriques.»
Tous les parents du monde vont applaudir les valeurs liées à un tel choix... mais il n’en demeure pas moins que dans la vie de tous les jours, cela peut transformer la préparation des repas, souvent déjà accablante, en horreur. «Pas question pour moi de faire deux menus différents chaque soir», signale Line Parent, maman de Céleste Chiasson, 10 ans, végétarienne depuis un mois. «J’ai adapté le menu familial en faisant plus souvent des repas végétariens pour tout le monde.»
Sa fille, une athlète en gymnastique compétitive, va-t-elle maintenir le cap? «Je pense que oui! lance la mère, du tac au tac. Quand elle a quelque chose en tête...»
Il y a autant de familles que de façons de faire. Si certaines familles choisissent d’emboîter le pas en devenant entièrement végés, d’autres font des compromis. «Avec un peu d’efforts, cela peut apporter des changements bénéfiques pour tout le monde», glisse Mme Regimbal. Elle cite en exemple des repas où une protéine différente (tofu, tempeh, haricots, lentilles, etc.) sera préparée pour l’enfant végétarien.
UN MENU VARIÉ
Parce que le nerf de la guerre, pour l’enfant en pleine croissance, c’est d’ingérer tous les nutriments et vitamines nécessaires à son bon développement. «Si notre enfant devient végétarien, il ne peut pas simplement couper la viande, il doit la remplacer, dit Mme Côté. Selon son âge, on essaie de le faire participer à la planification et à la préparation des repas.»
La clé du succès est donc la variété... et une certaine ouverture. «Ce sera plus facile si l’enfant est prêt à explorer du côté des légumineuses, des noix, des graines, des pousses, des boissons végétales, des épices, des herbes pour apporter du goût et de la texture», prévient Mme Regimbal. Dans tous les cas, les parents devront partir à la recherche de recettes et faire des tests. «Je n’avais jamais cuisiné de tofu, révèle Isabelle Bousquet, la maman d’Henri. Mais on fouille sur Internet, on s’éduque et on essaie des choses.»
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EN VISITE, ON FAIT QUOI?
Lorsqu’on est en visite chez les amis ou chez les grands-parents, la Dre Stéphanie Léonard suggère de soutenir son enfant sans entrer dans un débat ou dans les justifications. «On peut montrer qu’on appuie notre enfant sans tenter de convaincre ou de faire l’unanimité, expose-t-elle. Je pense que c’est une bonne idée de préparer notre enfant en amont en lui proposant de courtes réponses à des commentaires qu’il pourrait recevoir. Par exemple: “Je comprends ta réaction, mais mes parents gèrent bien ça, et moi, je me sens bien là-dedans.”»
Si certains choisissent d’annoncer leurs couleurs avant de débarquer chez leur hôte, d’autres apportent leur propre mets, ou seulement leur protéine. «Je propose toujours de fournir une partie du repas, nous confie Chao Lee, 16 ans, végétarien depuis quatre ans. Mes amis s’en servent comme plat d’accompagnement alors que, pour moi, ce sera mon plat principal. Ça marche bien!»
Et si, au bout d’un moment, on constate un manque d’équilibre dans l’assiette et qu’on s’inquiète des conséquences pour la santé de notre enfant, il est recommandé de consulter un ou une nutritionniste. «C’est important de se faire accompagner dans ce parcours», conclut la Dre Léonard. Un bilan sanguin donnera un juste portrait de la situation.
VÉGÉTARISME VS VÉGÉTALISME
Ces deux types d’alimentation peuvent sembler similaires, mais ils sont, dans les faits, bien différents.
Si le végétarisme exclut la viande et désigne un régime alimentaire constitué de fruits, de légumes, de céréales, de noix, de légumineuses et de substituts de viande (comme du tofu et du tempeh), le second exclut tout aliment d’origine animale. Cela comprend les produits laitiers, la gélatine, le miel et les œufs.
Le type de végétarisme le plus répandu est le lacto-ovo-végétarisme, soit une alimentation sans viande, mais qui inclut les produits laitiers et les œufs.
ATTENTION AUX VITAMINES!
L’une des vitamines qui manquent fréquemment aux végétariens (comme aux omnivores, d’ailleurs) est la D. Elle se trouve particulièrement dans certains poissons et produits laitiers. Une autre bonne source: les boissons végétales (de soya, d’amande, de riz, etc.).
Quant aux végétaliens, ils doivent porter une attention particulière à leur absorption de B12. Cette vitamine se trouve dans les viandes, certains poissons, fruits de mer, fromages et œufs. Puisque tous ces aliments ne font pas partie d’un régime végétalien, il est important que les végétaliens en consomment dans les boissons végétales enrichies, les produits du soya et la levure alimentaire. Ils peuvent aussi se rabattre sur des suppléments de B12.