Guide des maladies
Salpingite
Guide des maladies Photographe : iStock
La salpingite est une infection des trompes de Fallope et une des principales causes évitables de stérilité.
La salpingite est une infection des trompes de Fallope habituellement causée par une infection sexuellement transmissible (IST). La chlamydia et les gonocoques sont actuellement les grands responsables des nombreux cas de salpingites, conséquences de relations sexuelles non protégées. On estime que de 70 à 80 % des stérilités d'origine tubaire sont attribuables aux chlamydias.
Les microbes responsables de la salpingite peuvent se transmettre par les rapports sexuels via l'échange de liquides biologiques au contact des muqueuses génitales, orales ou anales. Ce qui veut dire que la chlamydia est transmise principalement par la pénétration vaginale ou anale non-protégée et/ou par le sexe oral (fellation). Elle peut aussi se transmettre de la mère à son bébé lors de la naissance. Elle est rarement transmise par cunnilingus.
Ces bactéries, qui se transmettent lors de rapports sexuels non protégés, se multiplient dans l'appareil génital. Non traités, les germes remontent vers l'utérus pour envahir les trompes et déclencher une salpingite. Il faut en moyenne de deux à trois semaines aux microbes non traités pour remonter jusqu'aux trompes.
L'infection a pour effet de boucher les trompes ou d'en modifier les parois, multipliant les risques d'avortement spontané ou de grossesse extra-utérine. Une femme qui a déjà eu une salpingite a d'ailleurs un risque de grossesse extra-utérine multiplié par six. Mais, parmi les conséquences de la salpingite, c'est l'infertilité qui occupe le premier rang. La salpingite est fréquemment découverte à posteriori lors d'un bilan médical pour infertilité, ce qui confirme la fréquence de l'évolution «silencieuse» de cette maladie.
Plus une femme a souffert fréquemment de cette infection, plus le risque de stérilité est grand: après un épisode, le risque est d'environ 15 %. Après deux, le risque double à 30 % et il atteint 60 % chez les femmes qui ont eu trois salpingites ou plus.
La salpingite peut se manifester par des douleurs assez violentes, de la fièvre et des pertes, ce qui amène à consulter rapidement et à traiter. Mais, chez certaines femmes, elle peut évoluer très discrètement sans provoquer de signes évocateurs pendant des mois, voire des années. Cette forme dite chronique est assez redoutable, car les dommages sont alors plus importants.
Symptomatologie:
Douleurs abdominales récentes uni ou bilatérales (un ou les deux côtés), parfois intenses, irradiant vers le bas du dos, les cuisses, les organes génitaux externes;
Syndrome infectieux : fièvre souvent élevée avec ou sans frissons; le plus souvent l'état général est conservé;
Leucorrhées (pertes vaginales) abondantes et jaunâtres (parfois purulentes);
Parfois métrorragies (saignements excessifs);
Signes fonctionnels urinaires : urine turbide (pus dans l'urine), brûlures mictionnelles;
Signes d'irritation péritonéale (bas du ventre) discrets : nausées, ballonnement, constipation.
Dans le meilleur des cas, on réussit à détecter l'infection quand elle se situe encore au niveau du col de l'utérus, lors d'un examen gynécologique de routine. Mais, plus souvent, on ne découvre l'infection que lorsqu'elle a déjà attaqué une, voire les deux trompes de Fallope.
Pour diagnostiquer la salpingite, un examen gynécologique classique suffit parfois, mais certains cas plus «silencieux» nécessitent une échographie, une radiographie et parfois même une laparoscopie, sous anesthésie générale, pour visualiser directement les trompes.
Le traitement de la salpingite repose sur la prise d'antibiotiques pendant parfois plusieurs semaines, selon le germe en cause. Le partenaire devra bien évidemment être également traité. Le médecin veille aussi à assurer une bonne cicatrisation des trompes et c'est pourquoi des anti-inflammatoires sont souvent associés au traitement antibactérien. Une femme n'est jamais immunisée contre la salpingite: elle peut en contracter plusieurs au cours de sa vie.
Le traitement peut exiger une hospitalisation et une thérapie antibiotique intraveineuse. Dans les cas moins graves, une thérapie antibiotique par voie orale peut suffire.
Une femme avec une salpingite peut éviter de la transmettre en informant ses partenaires sexuels (le médecin ou le département de santé publique peut aider à contacter les partenaires et à les traiter), en n'ayant pas de relations sexuelles (incluant le sexe oral) avant que le traitement ne soit complété, c'est-à-dire au moins 7 jours et en s'assurant que tous les partenaires soient testé(e)s et traité(e)s en même temps, brisant ainsi la chaîne de transmission.
La prévention de base: avoir des relations sexuelles protégées, c'est-à-dire utiliser le condom. Évidemment, le mieux est de bien connaître son partenaire. Le port du condom n'offre pas une garantie à 100 %, mais il protège suffisamment pour éviter de nombreux problèmes. Utiliser un condom (masculin, féminin, ou une digue dentaire lors de sexe oro-génital) en tout temps et avec tous vos partenaires et se faire dépister régulièrement pour les ITS.
L'abstinence sexuelle ou une relation sexuelle monogame avec un partenaire connu n'ayant aucune ITS est un moyen efficace de prévenir la chlamydia et la gonorrhée, ainsi que les autres ITS.
Le meilleur moment pour passer un dépistage: après trois mois de relation stable (si on veut cesser d'utiliser le condom) et dès le moindre symptôme d'ITS (pertes vaginales anormales et saignement après les relations sexuelles).