Forme
Le bateau-dragon... ou la rame synchronisée
Catherine Cr�peau Photographe : Catherine Cr�peau
Inventé par les Chinois, popularisé par les survivantes du cancer du sein, le bateau-dragon est un sport d'équipe récréatif et de compétition pratiqué par tous, mais qui séduit particulièrement les femmes.
«Le bateau-dragon est une activité accessible qui s'adresse à tout le monde. Elle valorise le travail d'équipe et le dépassement personnel», explique Pierre-Olivier Girard, entraîneur et coprésident du club H2O Playground, pour expliquer la popularité du sport. Motivant, rassembleur, le bateau-dragon est aussi exigeant. Les muscles du dos et des épaules en savent quelque chose au lendemain d'un entraînement!
Mais qu'est-ce que le bateau-dragon? L'origine de l'activité remonte à 3000 ans avant Jésus-Christ, en Chine. On célébrait alors le dieu Dragon, maître des rivières et des mers. Le rite incluait des combats de bateaux. Depuis, c'est devenu un sport international, qui compte aujourd'hui quelque 60 millions d'adeptes.
L'embarcation mesure habituellement 13 mètres de long pour un mètre de large et peut avoir à son bord 20 rameurs, assis deux par deux, face vers l'avant. À l'arrière, un barreur assure la direction, et à l'avant, un batteur rythme le mouvement. Les jours de compétitions, les bateaux sont décorés de têtes et de queues de dragons, ce qui ajoute une note festive. Les épreuves sont disputées sur 250, 500, 1000 ou 2000 mètres. Le défi pour chaque équipage consiste simplement à ramer et... à tenir la distance. Le tout en restant parfaitement synchronisé.
Rythme et synchronisme
La pratique du bateau-dragon exige un excellent travail d'équipe, du rythme, de la coordination et de la concentration pour ramer en parfaite synchronisation avec ses partenaires. Peu importe son âge, sa grandeur ou sa force physique, chaque membre a son rôle, selon son emplacement dans le bateau. À l'avant, on donne le rythme, au centre, la puissance, et à l'arrière, le petit plus qui permet de faire glisser le bateau, jusqu'à la prochain poussée.
Le bateau-dragon est aussi une bonne façon d'améliorer sa condition physique, puisqu'il fait travailler tous les muscles du corps et qu'il accroît le rythme cardiaque. Le principe est de plonger la rame le plus loin possible devant soi en tournant les épaules. Cette rotation du haut du corps permet de tirer l'eau avec plus ou moins de profondeur ou de vitesse. On travaille avec le dos, les épaules et les jambes pour bien appuyer le mouvement. «La technique n'est pas naturelle, mais avec l'entraînement, les défauts majeurs s'estompent. Ensuite, c'est une question d'ajustement», explique Pierre-Olivier Girard. On peut ainsi passer des années à se perfectionner.
Un sport accessible
Apprendre à ramer n'est pas très difficile. Ce qui l'est, c'est d'arriver à ce que 20 personnes effectuent le même mouvement de la même façon au même rythme, souligne Pierre-Olivier Girard. Mais c'est cette particularité qui contribue à créer l'esprit d'équipe. «On doit apprendre à se parler, à travailler ensemble et à s'ajuster à ceux qui rament en avant de nous si on veut être efficace. Il se crée alors une véritable solidarité; tout le monde veut donner son maximum pour réaliser la meilleure performance possible», raconte Éric Salvas, qui a participé aux Championnats internationaux de bateau dragon en Chine, en 2010.
Le bateau-dragon récréatif
La majorité des clubs de bateau-dragon comptent des équipes récréatives et d'autres plus sportives, dans les catégories hommes, femmes ou mixtes.
Les équipes récréatives proposent en général des entraînements hebdomadaires ou bihebdomadaires de mai à août ainsi qu'une participation à une, deux ou trois compétitions. À Montréal, les séances sur l'eau se déroulent au bassin olympique ou sur le canal Lachine. À Trois-Rivières, c'est la rivière Saint-Maurice qui sert de cadre aux entraînements, alors qu'à Sherbrooke et à Québec, les pagayeurs s'exercent sur les lacs des Nations et Beauport. Les lieux où il y a peu de vagues, de vent et de courant sont particulièrement recherchés.
Le bateau-dragon de compétition
Les équipes sportives sont généralement formées de rameurs plus expérimentés désireux de perfectionner leur technique et de pousser l'entraînement. Elles exigent souvent des tests d'évaluation physique lors du recrutement, et imposent des séances de course à pied et de musculation au gymnase en plus des sorties sur l'eau. Et ce, été comme hiver. «Nous nous entraînons en équipes deux fois par semaine, mais nous avons aussi un programme de musculation quotidien. C'est très exigeant, mais ça vaut la peine», raconte Allison Kell, membre de l'équipe montréalaise Adrenaline Women.
Où sont les hommes?
Le bateau-dragon s'adresse aux hommes et aux femmes, mais ces dernières semblent particulièrement apprécier le sport. En compétition, outre les équipes mixtes - composées d'un minimum de huit femmes et huit hommes -, largement majoritaires, on compte davantage d'inscrits dans les catégories unisexes féminines que masculines.
Les clubs éprouvent même de la difficulté à recruter des hommes depuis quelques années, au point où certaines équipes mixtes ont dû fusionner. «J'ai presque 80% de filles dans le club. Par exemple, l'an dernier, j'ai créé une nouvelle équipe débutante et en deux jours j'avais recruté neuf filles et aucun gars, illustre Pierre-Olivier Girard. Le club de Trois-Rivières a le même problème.»
Pour l'entraînement et la solidarité
Qu'est-ce qui explique cet engouement de la part des filles? Difficile à dire. Certains l'attribuent à la nature du sport, aux qualités qu'il exige, d'autres à l'ambiance qui règne pendant les compétitions. À moins que ce ne soit dû au fait que l'activité a été popularisée au Canada au milieu des années 1990 par des équipes de survivantes du cancer du sein et que, grâce à elle, ces femmes ont pu retrouver la santé et récolter des fonds pour la cause.
«Le bateau-dragon répond à tout ce que je cherche dans un sport. Il y a le côté entraînement, mais aussi le volet social. Après les pratiques, on se retrouve pour discuter au bord de l'eau. C'est ce que les gens aiment», retient Geneviève Lamarre de ses six années de bateau-dragon.
Les clubs et associations
H2O Playground (Montréal)
22Dragons (Montréal)
Club de bateau-dragon de Montréal
Club nautique de Sherbrooke
3R Dragon (Trois-Rivières)
Club de bateau dragon de la Capitale (Québec)
Festival international de courses de bateaux-dragons de Montréal
Bateau-dragon Canada - Une filiale de la Fédération internationale de bateau-dragon
La version originale de cet article a été publiée sur le site Servicevie.com.