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Guide pratique pour faire du vélo cet hiver
Photographe : Getty Images
On a pédalé tout l’été et on y a pris un tel plaisir qu’on n’a pas envie de remiser notre bécane pour la froide saison.
Se déplacer à vélo a plus d’un avantage: non seulement cela nous fait bouger, mais cela réduit aussi la congestion routière et la pollution (ambiante et sonore). Ce serait vraiment dommage de s’en priver six mois dans l’année.
Lorsque la neige commence à tomber, on a l’impression que ce sont uniquement les adeptes de sport extrême qui continuent. Pourtant, le vélo d’hiver est plus à notre portée qu’on le croit.
Est-ce pour moi?
«En réalité, ça dépend de nous. Le fait que les conditions météorologiques et l’état de la chaussée varient beaucoup nous incommode-t-il?» demande Magali Bebronne, chargée de programmes, transport actif chez Vélo Québec. Bien sûr, l’hiver apporte son lot de défis – obscurité, neige, glace, température en yoyo, gadoue, etc. –, mais rien n’est insurmontable.
«Faites des tests. Allez dans un parc quand il neige, par exemple, et voyez comment votre vélo réagit, comment il freine, à quel point il vous faut ralentir pour effectuer un virage, sentir l’adhérence au sol, etc.», conseille la spécialiste. Peut-être qu’on sera agréablement surpris et qu’on élargira nos possibilités. Mais, en tout temps, c’est le facteur «confiance» qui doit primer. Un matin, on ne le sent pas? On n’y va pas.
Finalement, pour que nos déplacements hivernaux soient agréables, on doit accepter de faire un peu plus de mécanique et d’entretien sur notre vélo. Rien de compliqué, mais une plus grande assiduité est recommandée pour que la conduite soit sécuritaire.
Pédaler en ville
Comme on ne roule pas à la même vitesse qu’en été, notre trajet habituel nous prendra plus de temps. Sans compter que certaines pistes peuvent être fermées. Il faut donc partir un peu plus tôt pour ne pas se sentir pressé par le temps et commettre des imprudences. En plus, on doit compter une dizaine de minutes pour s’habiller et déneiger notre vélo.
Si l’on avait l’habitude d’emprunter de grandes artères pour se rendre au travail, au début, on privilégie plutôt les rues tranquilles. On apprivoise ainsi les réactions de notre vélo et on prend de l’assurance. On évite les mouvements brusques. Nos virages sont plus larges, moins nerveux. Aussi, au lieu de freiner brusquement, on le fait progressivement.
Afin d’encourager les adeptes du transport actif, plusieurs villes étendent l’accès au réseau cyclable sur une plus longue période. Dans d’autres cas, les bandes cyclables changent de vocation, sont fermées ou mal déneigées. Il faut s’informer. Reste que le réseau blanc gagne de plus en plus de terrain à Montréal, à Gatineau, à Longueuil, à Candiac, à Sherbrooke, à Québec, à Laval, à Brossard, et ailleurs.
Et la campagne?
Quand il n’y a pas de pistes cyclables aménagées ou déneigées, on côtoie la circulation de plus près. L’espace qu’on a pour circuler après le passage de la gratte est plus restreint. On se demande si on est à l’aise ou si on peut modifier notre trajet pour être plus confiant.
© Unsplash | Max Adulyanukosol
Adapter son vélo
«L’hiver est dur pour les vélos: le sel et le gel-dégel les abîment. Il faut accepter de voir notre vélo se détériorer. C’est pourquoi certains préfèrent acheter un modèle peu cher pour leur pratique hivernale», note Magali Bebronne. Mais notre vélo habituel peut convenir. Quelques modifications suffisent!
Si on choisit de conserver nos pneus d’été, il faut se rappeler que leur adhérence n’est pas toujours maximale sur la neige et la glace. Les pneus à crampons ou profilés augmentent la traction sur la neige, réduisant du même coup la distance de freinage. Quant aux pneus à clous, ils sont super efficaces sur la glace, en cas de verglas.
Pour ce qui est de l’épaisseur, disons qu’un pneu trop large risque de flotter sur la neige et qu’un pneu plus étroit empêche les accumulations. Le mieux est de poser toutes nos questions à un professionnel, dans une boutique spécialisée. On en profite pour y faire nos modifications et nos réglages.
Pour éviter les éclaboussures, on munit notre vélo d’un garde-boue. Les journées sont courtes en hiver. On s’équipe d’un phare avant (blanc) qui éclaire notre chemin et nous rend visible pour les autres usagers. En arrière, on place un feu (rouge) à angle d’éclairage large pour être visible de tous les côtés.
Plusieurs modèles s’installent sans outils et sont rechargeables avec un câble USB. On peut aussi baisser la selle un peu, afin de pouvoir mettre le pied à terre plus rapidement.
S'habiller pour rouler
«Si on n’a pas un peu froid quand on sort, on aura trop chaud!» lance Magali. L’idéal: agir comme s’il faisait cinq degrés de plus qu’au thermomètre. On commence par des essais avec ce qu’on a chez soi. On évalue nos besoins et on s’équipe au fur et à mesure que les températures baissent.
On favorise les matières qui, comme la laine de mérinos, ne deviennent pas froides quand elles sont humides. On privilégie aussi l’habillement multicouche, un peu comme pour le ski de fond. Pour se faire voir des autres utilisateurs de la route, on opte pour des couleurs voyantes ou un dossard.
Il faut aussi garder nos mains au chaud, tout en conservant notre dextérité. Avec les gants, les doigts sont isolés, donc on risque d’avoir froid. Les mitaines offrent plus de chaleur. Un entre-deux? Il existe des mitaines «lobster claws» qui réunissent les doigts deux par deux.
Pour la tête, on choisit un bandeau ou une tuque mince. Et on porte toujours un casque – notre casque de vélo fait l’affaire, tout comme notre casque de ski. On protège nos yeux avec des lunettes de ski. Après s’être assuré d’être bien habillé, mais pas trop, on part!
L'entretien
On applique du lubrifiant sur la chaîne et les câbles de freins au bout de deux ou trois utilisations. «S’il y a de l’humidité entre le câble et la gaine des freins, le mécanisme peut geler», explique Magali Bebronne. On trimballe toujours une petite bouteille d’huile spécialement conçue pour les conditions hivernales. Très pratique!
En rangeant notre vélo, on enlève le surplus de neige. On peut aussi essuyer la chaîne pour prévenir la corrosion. Notre cadenas doit également être entretenu pour éviter que l’eau qui s’y infiltre gèle et nous empêche de l’ouvrir.