Vie de famille

Témoignage: J'ai eu un enfant à 18 ans

Témoignage: J'ai eu un enfant à 18 ans

  Photographe : Anne Villeneuve

Je venais tout juste de terminer mon secondaire quand deux petites barres rosées se sont affichées sur un test de grossesse. 

Cet événement m’a propulsée à vitesse grand V dans le monde des adultes.

 

J’avais à peine 18 ans quand j’ai rencontré l’homme de ma vie, de neuf ans mon aîné. Quand il a été muté dans le Bas-Saint-Laurent pour des raisons professionnelles, j’ai décidé de le suivre, refusant que mon premier amour me file entre les doigts.

Une fois là-bas, j’ai commencé une formation en soins infirmiers au Cégep de La Pocatière, cours qui a été interrompu par une grossesse surprise. Outre mon père, qui a bien failli s’étouffer avec sa bouchée de steak, la nouvelle a été accueillie favorablement par nos proches.

L’idée d’avoir un enfant à 18 ans me tétanisait. Je ne festoyais plus avec mes amies, et certaines ont été écartées de ma vie. Nous n’avions plus les mêmes centres d’intérêt et préoccupations. Le peu d’argent que je possédais ne me servait plus à me procurer la dernière paire de souliers en vogue, mais plutôt des articles pour bébé. Et c’est sans parler des préjugés que nous devions affronter.

La psychologue, conférencière et auteure Nathalie Parent compare la parentalité à l’adolescence à un tsunami. «Ça en fait, des vagues! À cet âge, on n’est pas du tout établi dans la vie; notre carrière est à bâtir, de même que notre coussin financier. On devra considérer un déménagement peut-être, être présent pour l’enfant, pour le couple et pour soi, tout en poursuivant nos études si elles ne sont pas terminées... C’est tout un défi!» convient-elle.

Lorsque j’ai accouché de ma fille, les professionnels de la santé me surveillaient constamment, de peur que je ne commette une erreur. On me disait quoi faire et, surtout, comment le faire. Malgré tout, je fonçais tête première. Avant même que je le réalise, ma fille a eu un an. Je ne sais pas si c’est mon innocence qui m’a permis d’accueillir cet événement avec autant de positivisme, mais tout se passait si bien que lorsque j’ai eu 22 ans, nous avons accueilli un deuxième enfant, puis un troisième un an plus tard et un quatrième à mes 25 ans.

Certes, nous avons dû faire des sacrifices, mais nous n’avons jamais manqué de rien. J’ai mis ma carrière et mes rêves en veilleuse pour devenir mère au foyer pendant quelques années. Il ne faut pas croire que je manquais d’ambition. Je me suis toujours organisée pour obtenir ce que je voulais. C’est d’ailleurs ce que j’inculque à mes enfants. Je suis désormais conseillère municipale à la Ville de Québec pour le district de Val-Bélair, et je participe à des triathlons.

Je vais souffler mes 38 bougies sous peu. Ma plus vieille a 19 ans et ma plus jeune, 12 ans.

Est-ce que je souhaite qu’ils soient parents à 18 ans? Pas nécessairement, mais je les épaulerais si ça arrivait. Mon objectif n’est pas qu’ils empruntent le même chemin que moi, mais qu’ils aillent plus loin. Pour l’instant, qu’ils profitent de leur jeunesse, ce que j’ai fait beaucoup plus tard. Cela dit, si c’était à recommencer, je ferais les choses exactement de la même manière. Je ne changerais rien du tout, pas le moindre détail. Les enfants et moi avons une relation de proximité, de complicité; je sais tout de leur vie. Je suis comme leur grande sœur. Si, à l’époque, j’avais su ce qui m’attendait, j’aurais eu le sommeil plus léger. Ma tribu, je l’adore!

Organisée, Bianca affirme sans ciller que les défis ne lui font plus peur!

 

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