Vie de famille

Témoignage heureux d'une grand-maman taxi

Témoignage heureux d'une grand-maman taxi

  Photographe : Anne Villeneuve

Lorsque j’observe mes petits-fils, les yeux brillants à la suite d’une victoire sportive, j’ose croire que j’y suis un peu pour quelque chose. 

Être «grand-maman taxi» me permet d’assister à des moments qui n’ont pas de prix.

Le sport s’est immiscé très tôt dans ma vie de parent. L’un de mes garçons jouait au hockey, l’autre s’adonnait au karaté et ma fille pratiquait la natation. À l’époque, mon conjoint, qui était militaire, était régulièrement déployé aux quatre coins du globe dans le cadre de missions. C’est ainsi que, tout naturellement, j’ai endossé le rôle de «maman taxi».

Pendant près de 29 ans, à raison de six jours par semaine, j’ai parcouru, au volant de ma Honda Civic, les routes me menant aux différentes pratiques et joutes sportives de mes enfants. Beau temps, mauvais temps, en semaine, le week-end, j’étais prête à rouler... aussi loin qu’à Ottawa! Après tout, je ne pouvais pas laisser mon fils de sept ans quitter la maison seul avec une poche de hockey sur le dos.

À ce sujet, la psychologue Lory Zephyr émet une mise en garde. L’anxiété de certains parents, qui souhaitent éviter de présumés scénarios catastrophes qui ne s’avéreront probablement jamais, peut rapidement augmenter la charge parentale et entraîner un déséquilibre. «Lorsqu’il y a beaucoup d’activités parascolaires, ce ne sont pas les déplacements, mais leur quantité qui peut alourdir la charge, souligne-t-elle. Il faut effectuer une prise de conscience et envisager d’en éliminer. Ça peut être agréable pendant six mois, mais au bout de trois ans, lorsque c’est toujours le même parent qui dépasse ses limites, l’équilibre entre l’obligation et l’écoute de ses besoins n’y est plus.»

Mon agenda était certes bien rempli. Mais avec une planification hebdomadaire serrée – boulot, devoirs, repas, activités sportives –, j’y arrivais. Je m’exécutais sans rechigner, parce que mes enfants étaient comblés. Avec le recul, je réalise que j’ai pu être témoin de moments inoubliables qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

Puis j’ai vieilli. Mes enfants aussi. Ils ont eu des gamins à leur tour, et la vie a fait en sorte que je suis devenue une «grand-maman taxi». Si mes deux garçons ont quitté le nid familial pour s’en construire un bien à eux, ma fille et ses deux fils, pour leur part, demeurent avec moi. Puisque ma fille ne conduit pas, je m’assois de nouveau derrière le volant de ma Honda Civic, afin de conduire mes petits-fils à leurs pratiques de hockey, de patin de vitesse et de soccer. Mais à la condition que ma fille nous accompagne. Ainsi, nous sillonnons les routes minimalement quatre fois par semaine, nous échangeons, tissons des liens.

Mme Zephyr convient qu’un véhicule peut être le théâtre de moments très riches et de conversations merveilleuses. «On peut tomber sur une chanson qui nous allume, on peut chanter, discuter et ça peut certainement solidifier des relations. Tout dépend du contexte», nuance-t-elle.

Pour ma part, je partage des moments de qualité avec mes petits-fils; je les vois grandir, évoluer. Je suis spectatrice de leurs défaites et de leurs victoires. Si je n’étais pas leur grand-maman taxi, tout cela serait impossible. Je suis leur plus grande admiratrice!

Parfois, je préférerais rester à la maison, mais je monte à bord de mon véhicule pour le plus grand bonheur de mes petits-fils, et ce, même si je n’ai que très peu de répit. Le jour viendra où je devrai malheureusement prendre ma retraite. À ce moment, j’espère monter à bord de leur «taxi» à mon tour. Ce serait un juste retour du balancier.

 

Josée Fleury, fière maman et grand-maman, n’est pas pressée de se retrouver dans le siège du copilote. 

 

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