Vie de famille

Témoignage: des beaux-parents se racontent

Témoignage: des beaux-parents se racontent

  Photographe : Anne Villeneuve

Encore peu valorisé, le rôle de beau-parent n’est pas toujours facile. Il comporte son lot d’écueils: syndrome de l’imposteur, manque de reconnaissance, difficultés à définir la place à prendre et la manière de le faire... 

Mélissa a vécu ça lorsque, presque du jour au lendemain, elle est devenue la belle-maman à temps plein de deux jeunes enfants.

 

«T’es pas ma mère!» Cette fameuse phrase, Mélissa, 38 ans, belle-mère depuis 10 ans, l’a entendue elle aussi. Après avoir pris une grande inspiration, elle a répondu: «Oui, je suis bien au courant. Mais je suis l’adulte responsable dans cette maison, alors on va faire ça ensemble.»

Au moment où elle rencontre son conjoint, les deux enfants de celui-ci ont 4 et 7 ans. D’abord partagée, la garde des enfants devient complètement sous la responsabilité du père. Ça ne fait que quelques mois que les amoureux se fréquentent; Mélissa est médusée.

«Je me disais que les souliers étaient trop grands pour moi, lance-t-elle. Quand tu les as une fin de semaine sur deux, tu peux te permettre d’avoir juste du fun, de ne pas trop te préoccuper de la discipline... Mais une garde à temps plein, c’est autre chose. C’est le quotidien, la routine, avec des responsabilités et des consignes.»

Comment s’est-elle glissée dans ce rôle, un peu flou, délicat et souvent ingrat? En prenant son temps. Et en mettant ses frustrations de côté. «C’est nous, les adultes, indique-t-elle avec aplomb. On le sait qu’on embarque dans une famille éclatée. L’important, c’est d’y aller tranquillement... et d’établir ses priorités. Moi, qu’est-ce que je veux? Qu’est-ce que j’accepte et n’accepte pas?»

Marc-André, beau-père des enfants de 5, 7 et 11 ans de son conjoint, a lui aussi fait le choix d’entrer dans sa nouvelle vie sur la pointe des pieds. «Au début, ça passe beaucoup par le jeu et le plaisir, raconte-t-il. J’ai créé des liens graduellement. Ils ont appris à me connaître. Je peux dire qu’aujourd’hui, je les aime comme si c’était les miens. Ils sont notre priorité, à mon chum et moi.»

Au Québec, environ une famille sur sept est recomposée (Statistique Canada, 2016). Parmi celles-ci, une fois sur trois, le couple a au moins un enfant ensemble.

Pour Nathalie Parent, psychologue, auteure et conférencière, ce serait une erreur de banaliser l’impact d’une séparation et d’une recomposition familiale pour l’enfant, qu’il soit très jeune ou adolescent. «Il faut leur donner le temps d’accepter la séparation et de s’adapter à la nouvelle situation, souligne-t-elle. C’est important de nommer les choses, d’être prêt à les entendre et de tenir compte de la réaction des enfants.»

L’âge de l’enfant, tout comme son tempérament, joue aussi dans l’équation. «Plus ils sont grands, plus ils sont matures et rationnels, ajoute Mme Parent. Quand ils sont plus petits, ils sont plus émotifs. Faire preuve d’empathie et endosser un rôle de guide sont de bonnes stratégies pour le nouveau beau-parent.»

Mélissa croit qu’un autre facteur vient jouer sur la facilité d’embrasser son rôle de beau-parent: la place laissée par l’ex... et l’entente entre les deux ex-conjoints. «S’il y a une vraie coparentalité et qu’on s’entend sur les valeurs et l’éducation de base, les enfants ne se retrouvent pas pris dans un conflit de loyauté. Tout devient plus fluide et, en fin de compte, ça aide tout le monde!»

 

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