Questions d'enfants: maman doit-elle avoir réponse à tout?

Pourquoi les feuilles tombent des arbres? Pourquoi ma tante est malade? Tant de questions auxquelles nous ne savons pas toujours quoi répondre. Bon ou mauvais de ne pas tout savoir?

Je ne me rappelle plus du jour ou de l'endroit, ni même de la question que m'a adressée ma fille de 5 ans cette fois-là. Avec toutes les questions qu'elle pose dans une journée, je dois avouer que je perds parfois le fil. Comme tous les enfants de son âge, ma grande me questionne sans arrêt. Pourquoi je ne peux pas manger de bonbons le matin? Pourquoi les garçons ont-ils des pénis? Parfois, elle donne dans le plus existentiel. Pourquoi dit-on que Papi est au ciel s'il est au cimetière? C'est qui, Dieu? Qu'elle fasse dans le philosophique ou dans le terre-à-terre, parfois je sais quoi répondre, parfois non.

Cette fameuse fois, je ne savais pas. J'ai toutefois ajouté: «Je pense que papa connaît la réponse, par contre.» C'est alors qu'elle m'a lancé tout de go: «Tu ne connais pas beaucoup de choses, toi, hein, maman?» Ouch! Encore pire qu'une affirmation, elle me questionnait sur mon ignorance! Si cette remarque a d'abord infligé une sale blessure à mon orgueil, elle m'a aussi beaucoup fait réfléchir. Est-ce vrai que je ne connais pas grand-chose? N'exagérons pas! Par contre, il est vrai que je ne sais pas tout. J'ai alors réalisé que je n'hésite jamais à dire à mes filles ces quatre mots décevants: je-ne-sais-pas. Aurais-je tort de me montrer aussi faillible à leurs yeux?

Pourtant, j'ai grandi avec une mère qui avait toujours réponse à tout, même lorsque cette réponse n'en était pas vraiment une et qu'elle servait à mettre un terme à la négociation ou à une discussion à la fin d'une journée éreintante. Une maman qui avait toujours raison, dans ses réponses comme dans ses arguments. Jusqu'au jour où j'ai réalisé avec frustration et déception que ce n'était pas toujours le cas. Ma mère pouvait avoir tort, ma mère pouvait ne pas savoir, ma mère pouvait se tromper. Vlan!

Selon Germain Duclos, psychoéducateur et orthopédagogue, un enfant doit toujours être élevé dans la vérité même quand cette vérité laisse entrevoir nos failles. «L'enfant qui se retrouve devant un parent qui ne fait jamais d'erreurs ou qui n'avoue pas en faire se sent dans l'obligation d'être le digne héritier de ce parent parfait, explique-t-il. Bien souvent, l'enfant s'impose des exigences, devient perfectionniste et n'accepte pas de faire des erreurs qui sont pour lui synonymes d'échecs.» Pour ce spécialiste, le parent doit être un modèle d'apprentissage plutôt qu'un modèle de perfection. «Les parents ne sont pas des encyclopédies et ne peuvent pas tout savoir. Par contre, il est essentiel d'aider l'enfant à trouver la réponse afin de ne pas brimer sa curiosité, qui est essentielle à son développement.»

Tout comme ma mère, je ne suis pas une mère parfaite et il m'arrive de ne pas savoir ou de me tromper et ça, je ne m'en suis jamais cachée devant mes filles. Cela m'a permis de leur enseigner à ne pas voir l'erreur comme une fin puisqu'il est toujours possible de corriger l'inexact ou l'injuste. Avec elles et pour elles, j'apprends qu'il est permis de ne pas savoir, mais que de ne pas chercher la réponse, par paresse ou abdication, ça ne l'est pas. Dans le traintrain quotidien, je n'ai pas toujours l'énergie d'aller chercher sur Internet, dans les livres de la maison ou à la bibliothèque pour répondre à leurs 1001 questions. Je continue néanmoins d'y voir une façon de cultiver leur curiosité et la mienne, et de leur apprendre que les questions niaiseuses n'existent pas. Les gens parfaits non plus, d'ailleurs. Leur surprise en sera juste moins grande à l'âge adulte!

À lire: 10 super-pouvoirs que chaque mère devrait avoir