Vie de famille
Noël: non à l’avalanche de cadeau!
Noël: non à l’avalanche de cadeau! Photographe : Anne Villeneuve
Donne-t-on trop de cadeaux aux enfants à Noël? Comment ne pas encourager la surconsommation, tout en préservant l’esprit des fêtes? Notre journaliste se questionne et propose des pistes de solutions.
Du papier d’emballage vole dans les airs. Des petites mains frénétiques déballent les présents à la vitesse de l’éclair. Des cris d’excitation. Un cadeau. Deux cadeaux. Trois. Les jouets s’entassent dans un coin pendant que les enfants, pressés, hypnotisés, déballent encore et encore. Debout dans un coin du salon, Je souris en apparence, mais, intérieurement, je grince des dents.
Malgré mon désir de simplicité, la période des fêtes et sa surconsommation éhontée sont entrées chez moi comme un ouragan. La scène dont j’étais témoin me frappait. Je ne voulais pas de tous ces présents, ni de cette exaltation, et encore moins de cette attitude d’enfants gâtés oscillant entre l’explosion de joie et la crise monumentale. Sofia a vécu à peu près la même chose lorsqu’elle a souligné, en même temps, les anniversaires de son garçon de quatre ans et de sa fille de deux ans. Une mauvaise idée. «J’ai dû cacher des cadeaux tellement il y en avait, dit-elle, troublée. C’était démesuré et intense. J’avais honte.»
Selon le Conseil québécois du commerce de détail, les Québécois ont dépensé en moyenne 375$ en cadeaux de Noël en 2014. On peut dire que cela fait beaucoup de bébelles... Comment en sommes-nous arrivés là? Est-il possible, à Noël, d’éviter l’avalanche de cadeaux? «Oui, répond la psychopédagogue Cadleen Désir. On peut faire plaisir à ses enfants tout en leur enseignant des valeurs de gratitude et de reconnaissance.»
En tant que parents, nous pouvons faire le choix — marginal, disons-le — de ne pas trop acheter de cadeaux aux enfants. Mais que dire aux proches, aux amis, à la famille? Le sujet est délicat... mais tout à fait abordable, selon Francine Nadeau, psychologue. «Le but de tous les parents, c’est d’enseigner à leurs enfants à être heureux. Or, ce n’est pas en les gavant, en leur donnant tout, tout de suite, qu’ils le seront. Le bonheur n’est pas lié à l’argent, assure-t-elle. Les recherches le démontrent! Cette prémisse peut être une bonne façon d’amorcer la discussion. Une fois dans le vif du sujet, on peut utiliser une formulation pour clarifier nos intentions, sans blesser ni juger. Par exemple: “Je sais que tu aimes beaucoup les enfants, mais j’aimerais que tu nous aides à les éduquer selon les valeurs qui sont importantes pour nous.”»
La cohérence est évidemment de mise: le parent qui se réfugie dans le magasinage pour se faire plaisir risque d’avoir plus de difficultés à être crédible dans sa demande de modération matérielle, selon Cadleen Désir. «C’est vrai que nous vivons dans une société de consommation, note-t-elle, mais on peut et on doit outiller notre enfant à comprendre ce que sont un besoin et un désir.»
Un cadeau fabriqué. Une sortie au théâtre. Un abonnement à un magazine jeunesse. Une série de coupons faits maison donnant droit à des «privilèges». Autant de présents qui seront à l’honneur chez moi cette année. Et qui me feront sourire pour de vrai.
Maude Goyer est la mère d’un garçon de neuf ans et d’une fille de sept ans.
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