Vie de famille
Mon ado ne viendra pas en vacances avec nous
Photographe : Anne Villeneuve
Mon amie Julie se souvient bien de la première fois où son plus vieux lui a annoncé qu’il ne partirait pas en camping avec eux. « J’ai trouvé ça dur de le laisser seul. On avait toujours passé nos vacances d’été en famille. Sa décision marquait la fin d’une époque et je devais en faire le deuil.»
C’est normal que les parents ressentent un peu de tristesse quand leurs jeunes ne veulent plus suivre, reconnaît la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers. «Ça fait partie du développement des adolescents de vouloir plus d’indépendance, soutient-elle. Dans cette période, les amis prennent beaucoup de place. Les ados ne veulent pas manquer de sorties avec eux, et c’est normal. Ils tiennent aussi à leur emploi d’été, parce qu’ils veulent de l’argent pour leurs dépenses.» Elle conseille aux parents de voir le bon côté des choses: «Si notre ado ne veut pas suivre, c’est le signe qu’il gagne de l’autonomie, qu’il a de bons liens avec ses amis ou qu’il est assez responsable pour avoir un emploi.»
Avant de le laisser seul pendant quelques jours, il faut toutefois évaluer s’il est prêt. «On peut se fier à notre jugement et aux expériences qu’on a eues avec notre ado, dit la psychoéducatrice. La meilleure façon de prédire un comportement, c’est de regarder ce qui a été fait. Si notre jeune respecte bien les couvre-feux qu’on lui donne, s’il nous appelle ou nous texte quand on lui demande de le faire, s’il est capable d’accomplir quelques tâches ménagères et de se préparer de petits repas, c’est signe qu’on peut lui faire confiance.» Et le mieux, c’est de le responsabiliser progressivement. «Déjà, quand mes garçons étaient en sixième année, ils restaient seuls après l’école, en attendant qu’on rentre du travail, se souvient Julie. Ils avaient de petites règles à respecter, et je pense que ça les a préparés.»
Et pour ne pas s’inquiéter tout le temps du voyage, on met un petit filet de sécurité autour de notre ado. «J’avais fait l’épicerie et je lui avais laissé de l’argent, dit Julie. Il savait où nous joindre et il avait les numéros de ses grands-parents en cas de besoin. On s’est aussi appelés chaque soir pour prendre des nouvelles.» C’est une bonne idée de se donner un rendez- vous quotidien. «Ça peut se faire par texto, par courriel ou par Skype, dit Stéphanie Deslauriers. On peut aussi demander à des proches de passer, au cours de la semaine, voir si tout va bien.» À la fin, l’expérience est souvent positive. «Quand je suis revenue de vacances, j’ai été surprise de voir comment mon grand avait bien pris soin de lui et de la maison, se rappelle Julie. J’étais fière de lui!»