Vie de famille
Les enfants et le nouvel amoureux
Photographe : Anne Villeneuve
Retrouver l’amour quand on est maman c’est possible, mais pour notre journaliste, le nouvel amoureux devait passer « le test » auprès de ses enfants pour qu’elle envisage un avenir avec lui.
Mon amoureux raconte toujours qu’il s’est enfin laissé aller à tomber réellement en amour avec moi seulement après avoir rencontré mes enfants.
C’est vrai pour moi aussi.
Mes enfants font partie de ma vie. Pas question de laisser une relation prendre son envol sans mettre cartes sur table dès le début. Je venais en package deal. C’était ça ou rien. On vivait notre amour les deux pieds sur le frein, car nous étions d’accord: si ça ne cliquait pas avec les enfants, il n’y aurait pas d’acharnement.
Indirectement, les enfants font souvent partie de la décision. On les observe, on les écoute et on sait.
Après quelques semaines de fréquentation, j’ai annoncé à ma progéniture que je voyais quelqu’un et que je voulais qu’on se rencontre tous les quatre. On a organisé un simple pique-nique déjeuner dans le salon, question de tester notre capacité à nous parler et à être simplement ensemble, puis on a écouté un film. Ma grande a jacassé tout le long et a cuisiné avec mon amoureux. Mon fiston a consenti à lui prêter une de ses petites voitures préférées. Le courant passait. Notre amour pouvait décoller.
Je l’avoue, je respirais mieux. Si ça n’avait pas collé, j’aurais dit non à la suite, aussi prometteuse semblait-elle. «Dans un couple, il est important de ne pas nier ses besoins. Et ce n’est pas en faisant semblant que tout va bien que les choses vont s’améliorer. Dans ce cas-ci, il était clair qu’il n’était pas possible de bien vivre une relation amoureuse sans inclure les enfants au quotidien», constate Claudette Guilmaine, travailleuse sociale et auteure de Parent au singulier: La monoparentalité au quotidien (Éditions du CHU Sainte-Justine, 2012).
Indirectement, les enfants font souvent partie de la décision. On les observe, on les écoute et on sait. Amélie le pense, aussi. Il y a cinq ans, elle a testé ses cinq jeunes «baromètres» en rencontrant un nouvel amoureux qui en avait trois de son côté. Huit enfants dans la maison! Il y avait de quoi se poser des questions... «Nous devons fréquemment remettre les pendules à l’heure et avoir de bonnes discussions. Mais au final, même si les enfants doivent parfois se dire que la vie serait plus facile si nous n’étions pas 10 dans la même maison, ils s’ennuient quand la troupe n’est pas complète. N’empêche que je n’aurais pas réussi cet exploit avec n’importe qui! Je l’avoue, faut être fait fort.»
En effet, jumeler nos vies, et ce, malgré tout l’amour qu’il y a dans l’air, n’est pas une évidence. Et puis, il y a des enfants qui diraient oui pour faire plaisir à leur parent et d’autres qui saboteraient la rencontre parce qu’ils ne veulent pas que quelqu’un de nouveau entre dans leur vie. «Les adultes doivent continuer à bien écouter les enfants. Ceux-ci ont déjà vécu la séparation de leurs parents et ils ont aussi envie que ça fonctionne s’ils sont bien avec le nouvel amoureux», note Claudette Guilmaine.
Le oui des enfants donne des ailes à la relation de couple, mais c’est aussi une brique solide sur laquelle on commence à construire, à coups d’efforts et d’adaptation, un nouveau clan familial capable de résister aux vents tout autour.
Nadine Descheneaux est mère de deux enfants de 14 et 10 ans