Vie de famille
L'adoption internationale - Mythes et vérités
L'adoption internationale fait couler beaucoup d'encre, d'où l'impression de tout connaître sur le sujet. Est-ce vraiment le cas? On fait le point.
Devenir, enfin, parents. Voilà le rêve que poursuivent de nombreux couples. Pour le réaliser, certains d'entre eux se tournent vers l'adoption internationale. Ainsi, depuis 1990, des milliers de couples ont accueilli des enfants provenant des quatre coins du monde. Si les familles québécoises adoptent des enfants dans plus d'une vingtaine de pays, la Chine demeure leur premier choix, suivi d'Haïti, de la Corée du Sud et du Vietnam.Selon les statistiques du Secrétariat à l'adoption internationale(SAI), qui encadre ce domaine au Québec, on assiste toutefois à une diminution du nombre d'enfants adoptés à l'étranger. Au Québec, ce nombre était de 496 en 2007, comparativement à 908 en 2003, ce qui signifie une baisse de 46 %. Andrée Sévigny, adjointe par intérim à la Direction générale du SAI, signale que plusieurs facteurs sont à l'origine de ce phénomène. «Certains pays, qui permettaient autrefois l'adoption internationale, ont aujourd'hui des politiques de soutien aux familles ou favorisent l'adoption à l'intérieur de leur pays. D'autres limitent le nombre d'inscriptions en imposant des quotas ou en resserrant les critères de sélection des adoptants, refusant ainsi les candidats qui, autrefois, étaient acceptés.»
Par conséquent, les délais sont plus longs. Une fois le dossier déposé dans le pays d'origine, l'attente atteint maintenant, en moyenne, 24 mois au lieu de 12 pour les parents adoptifs québécois.
Des défis importants
Les médias nous présentent toujours l'arrivée de ces petits êtres comme une bonne nouvelle. Pourtant, leur histoire est plutôt dramatique: avant d'être dans les bras de ses parents adoptifs, le bout de chou aura d'abord vécu l'abandon. Souvent, il aura été négligé, victime d'un manque de bons soins. Tout cela laisse des séquelles.
Johanne Lemieux, travailleuse sociale, note qu'il arrive que les parents adoptifs comprennent mal la souffrance de l'enfant séparé de sa mère biologique. «Ils croient à tort que si l'enfant ne s'en souvient pas, il n'a pas été traumatisé. Ils se demandent pourquoi l'enfant ne leur fait pas confiance, alors qu'il a été mis en danger par des adultes.» Madame Lemieux est également co-auteure ,avec le docteur Jean-François Chicoine et Patricia Germain, de L'enfant adopté dans le monde (en quinze chapitres et demi), une référence en la matière. Selon elle, les difficultés peuvent être grandes. «Il faut être prêt à accueillir un petit qui vient d'ailleurs, qui sera différent de soi, qui présentera peut-être des problèmes de comportement ou encore de santé. Plus l'enfant est âgé à son arrivée, plus ces problèmes risquent d'être importants parce que l'enfant aura vécu plus longtemps dans des conditions très précaires.»Faire ses devoirs
Adopter un enfant étranger n'est pas une décision à prendre à la légère. Laetitia Toanen, mère de deux enfants adoptés en Haïti et auteure de L'adoption internationale - Guide à l'intention des futurs parents, explique que ce projet de vie soulève énormément de questions. «Qui sommes-nous pour aller chercher un enfant à l'autre bout du monde? Comment peut-on être certain que c'est mieux pour lui? Cela nécessite une profonde réflexion.»
Une fois leur décision prise, les futurs parents doivent bien se préparer. Johanne Lemieux recommande de se renseigner et de varier ses sources d'information (Internet, livres, magazines, séances d'information, consultation de professionnels, etc.). «On doit non seulement essayer de découvrir les problèmes potentiels, mais aussi d'identifier les solutions, indique-t-elle. Par exemple, il arrive souvent que ces enfants présentent des retards de développement. On aura donc besoin de consulter, pendant les premiers mois, un ergothérapeute qui s'y connaît en adoption internationale.»
Être dans le bon état d'esprit
Enfin, la travailleuse sociale conseille fortement de faire une thérapie si on en ressent le besoin. «Avant d'opter pour l'adoption internationale, les couples sont souvent passés à travers les problèmes d'infertilité. Ils ont dû faire le deuil de la parentalité biologique. Or, l'enfant adopté a lui aussi vécu des épreuves. Ces éléments peuvent créer une chimie explosive entre le parent et l'enfant. D'autant que l'enfant nous demandera beaucoup d'énergie et nous confrontera souvent. Il est préférable de déminer ses "mines interpersonnelles" avant l'arrivée de l'enfant.»
Parallèlement, il nous faut recueillir de l'information sur les nombreuses conditions et démarches qui se rattachent à l'adoption internationale. Pour ce faire, le meilleur endroit où s'adresser est le SAI. On y trouve notamment une trousse d'information comportant, entre autres, une liste des pays où l'adoption est possible à l'aide d'un organisme, agréé par le ministère des Services sociaux du Québec, qui oeuvre à l'étranger. Ces organismes sont également une bonne source d'information.
Le Code civil établit les conditions pour qu'une personne puisse adopter un enfant étranger. Cette personne doit être majeure, domiciliée au Québec, avoir 18 ans de plus que l'enfant adopté et avoir fait l'objet d'une évaluation psychosociale. Il précise aussi que les démarches en vue de l'adoption doivent être effectuées par un organisme agréé. Pour déroger à cette règle, il faut notamment soumettre son projet au SAI et obtenir son autorisation avant d'entreprendre toute démarche. Comme la grande majorité des futurs parents choisissent d'utiliser les services de telles agences, c'est de cette formule dont il sera question plus bas.
L'évaluation psychosociale
On doit ensuite décider dans quel pays on souhaite adopter un enfant, puis se renseigner sur celui-ci auprès du SAI. Par la suite, on doit faire faire son évaluation psychosociale par laquelle le législateur veut s'assurer de nos capacités parentales. L'évaluation est positive? On préparera alors un dossier qui sera acheminé à l'étranger. À cette fin, on devra recueillir divers documents: certificats de naissance et de mariage, certificat de bonne conduite délivré par la Gendarmerie royale du Canada, bilan financier effectué par un comptable, etc.
Après quelques mois, si tout va bien, l'agence proposera un enfant aux parents adoptifs. Cette proposition peut être accompagnée de divers documents: photos de l'enfant, information médicale et psychosociale, etc. Si on accepte la proposition, on poursuivra les démarches légales et administratives afin d'obtenir l'accord du pays d'origine et faire reconnaître celui-ci au Québec. Ces procédures varieront en fonction du pays d'origine, mais l'agence pourra nous guider à cet effet. Ensuite, une fois que les autorités du pays d'origine de l'enfant auront donné leur accord, l'agence nous informera qu'on peut aller chercher le petit (certains pays proposent plutôt de l'escorter eux-mêmes jusqu'ici). L'ensemble des procédures peut coûter entre 9 000 et 30 000 $, incluant les frais de transport, les frais de l'agence, les services d'un interprète et la contribution financière à l'orphelinat où séjourne l'enfant.
Ce sera là le début d'une grande aventure.Voici la liste des principaux pays où on peut adopter des enfants et un résumé de leurs conditions.
Chine
Colombie
Haïti
Kazakhstan (inscriptions limitées)
Mali (inscriptions limitées)
Moldavie (inscriptions limitées)
Niger (inscriptions limitées)
Philippines
République Kirghize
Taiwan (inscriptions limitées)
Thaïlande (inscriptions limitées)
Vietnam (inscriptions limitées)
Pour en savoir plus:
Abandon, adoption, autres mondes
Quebecadoption.net
Educaloi