Vie de famille
Initier les enfants aux saveurs
Nathalie Dion Photographe : Nathalie Dion
Capricieux, notre enfant est-il condamné à manger des pâtes blanches pour le restant de sa vie? Pas du tout!
Les parents qui ont plus d'un enfant le savent: ce n'est pas parce que l'un d'eux adore les avocats qu'il en sera de même pour les autres. Normal. Car si tous les enfants aiment le sucré et le salé, chacun a une façon unique de capter les saveurs. «Un peu comme si nos papilles gustatives formaient une empreinte digitale unique à chacun», explique Stéphanie Côté, nutritionniste à Extenso, le centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal, et rédactrice en chef du site nospetitsmangeurs.org. «De plus, manger implique tous nos sens. Un enfant pourra être plus dédaigneux d'une certaine texture, odeur ou couleur qu'un autre. On doit garder ça en tête lorsque notre enfant ne veut pas toucher à son assiette.»
Élargir leurs horizons
«On me dit souvent que mes enfants ne sont pas normaux! lance Brigitte, maman de deux garçons de 3 et 6 ans. Ils adorent le canard et le kale, et ils se chamaillent au souper pour savoir qui aura la dernière portion de salade.» Si Brigitte croit que ses enfants sont plutôt curieux de nature, elle admet avoir favorisé ce sens de l'aventure gustative dès leur plus jeune âge. «Quand ils étaient bébés, je faisais des mélanges de purées, par exemple poires-avocats, et j'ajoutais des fines herbes et des épices. Je ne m'empêchais pas de leur présenter des aliments en présumant qu'ils n'aimeraient pas ça.» Un point crucial. «C'est sûr que si on n'aime pas les zucchinis, on n'aura pas tendance à les cuisiner. On pourra même se dire que nos enfants non plus ne les aimeront pas, dit la nutritionniste. Or, ce n'est pas nécessairement le cas. On ne doit pas imposer nos propres limites à nos enfants.»
Faire preuve de patience
Et on doit s'armer de persévérance! Que notre enfant ait 7 mois ou 7 ans, il faudra peut-être lui présenter le même aliment 10 ou 15 fois avant qu'il daigne le porter à sa bouche. Et c'est une erreur de mettre de la pression ou même de punir l'enfant qui ne veut pas manger. «Oui, il finira peut-être par manger ce morceau de courge, affirme la nutritionniste. Mais il l'aura fait pour nous, pas parce qu'il aura appris à aimer ça. Si on veut que notre enfant aime une grande variété d'aliments et qu'il ait un bon rapport à la nourriture, les repas doivent être pris dans un contexte agréable et détendu.»
Et qu'on ne s'inquiète pas: il ne se laissera pas mourir de faim et il ne manquera pas des nutriments dont il a besoin pour grandir. À condition de ne pas lui servir des tartines au Nutella s'il n'a pas voulu manger son souper! «Surtout, pas de deuxième repas, insiste Mme Côté. Idéalement, on s'arrange pour mettre au moins une valeur sûre dans l'assiette de notre enfant.» Il n'a pratiquement rien mangé? Inutile de le priver de dessert et de collation en soirée: ce type de chantage ne sert à rien.
Finalement, on ne doit pas oublier que notre propre rapport à la nourriture est un facteur essentiel dans le développement du goût chez nos enfants. «Si on a tendance à picorer, notre enfant sera influencé par notre comportement, dit Mme Côté. Par ailleurs, on n'hésite pas à dire combien tel aliment est savoureux, juteux, tendre... Le fait de faire l'éloge d'un aliment ou d'un plat va piquer la curiosité de l'enfant et peut-être accélérer son envie d'y goûter.» Et de l'aimer.
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