Vie de famille

Incontinence urinaire et grossesse: quand maman fuit

Incontinence urinaire et grossesse: quand maman fuit

Anne Villeneuve Photographe : Anne Villeneuve Auteur : Coup de Pouce

Une femme sur quatre en Amérique du Nord vit avec des problèmes d’incontinence à des degrés variables. Le témoignage d’une maman et les conseils d’une physiothérapeute.

À mon entrée dans la maternité il y a un an et demi, je savais tout. J'avais une opinion sur la suce, le co-dodo, le gluten, alouette. Je savais comment calmer les coliques avec une sécheuse et combien de temps mon corps prendrait pour récupérer.

La poussée à peine achevée, je suis tombée de haut et j'ai glissé dans mon pipi. Mon plancher pelvien était en grève syndicale et ma nouvelle sécheuse était superposée à la laveuse. Je me sentais trahie. On m'avait répété ad nauseam d'en profiter parce que ça passerait ô si vite - ce qui en soi est une information totalement inutile, considérant que l'appréciation du moment ne vient pas avec un chronomètre -, mais pas une fois on n'a jugé utile de m'avertir que ma vessie décréterait le free for all. On dirait qu'à la vue d'une femme enceinte, les parents du monde entier deviennent des vendeurs de chars usagés: le moteur passe effectivement de 0 à 100 km/h en 6 secondes, mais il serait de bon aloi de mentionner que l'huile fuit.

Même plusieurs mois après mon accouchement, tousser avait plus d'incidence sur mes culottes que sur ma gorge. J'ai abordé le sujet avec autodérision sur mon blogue personnel (monteedemilk.tumblr.com), et les messages de lectrices me remerciant d'alléger leur maternité ont afflué. Une femme sur quatre en Amérique du Nord vit avec des problèmes d'incontinence à des degrés variables, mais personne n'en parle. Les femmes se sentent seules devant les travers de leur nouvelle vie. Inévitablement, de concert avec leur plancher pelvien, elles cèdent sous la pression.

En maternité comme dans Fight Club, il y a des règles. La première, c'est qu'on ne parle pas de maternité pas glamour. C'est assez humiliant de se pisser dessus, ce n'est pas la peine de l'étaler sur la place publique (littéralement, dans le cas qui nous occupe). Une jeune mère qui fait du trampoline n'est pas le public cible d'une publicité de couches. Entre 4 et 70 ans, l'incontinence, c'est non. Même si les muscles de votre bassin se sont inclinés 3-0 contre un bébé. Ou plusieurs.

Heureusement, une nouvelle génération de mères branchées semble décidée à démanteler les tabous qui persistent. Parmi elles, Caroline Arbour, physiothérapeute et blogueuse. «Dans un monde idéal, affirmet- elle, on verrait toutes une physio en début de grossesse, en prévention.» Mais pour celles qui, comme moi, ne l'ont pas fait, il n'est jamais trop tard. La physiothérapie peut réduire ou éliminer plusieurs effets collatéraux de la grossesse et de l'accouchement.

En ligne, j'ai sondé les groupes de mamans pour savoir si, comme moi, elles éternuaient les cuisses serrées et ce qu'elles faisaient pour y remédier. Un nombre significatif de femmes a répondu par l'affirmative. Une maman a raconté qu'après son deuxième accouchement, alors qu'elle allait au pas de course s'abriter de la pluie, elle est rentrée chez elle le fond de culotte plus mouillé que la tête! À part pratiquer le fameux Kegel, la majorité des mères concernées a avoué ne rien faire pour régler la situation. Selon Caroline Arbour, le Kegel est un exercice pelvien efficace, mais dont on sous-estime la complexité. Elle affirme que, contrairement à la croyance populaire, il n'est pas normal pour une mère de souffrir d'incontinence à l'effort. Elle ajoute que «si les choses ont changé là-dessous, dites-vous pas juste que c'est normal. Allez voir une physio!»

Mais, en attendant de tonifier son muscle pubococcygien, vaut mieux en rire! Au risque de devoir changer de sous-vêtements souvent...

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