Vie de famille

Édito octobre 2016: L'essoufflante conciliation

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Édito octobre 2016: L'essoufflante conciliation

  Photographe : istockphoto.com

La conciliation travail-famille est un enjeu majeur dans ma vie présentement. J’ai un boulot relativement prenant, avec son lot de deadlines et d’urgences à régler. J’ai deux jeunes enfants, l’une à l’école et l’autre à la garderie. Et je gère une équipe où les jeunes mères sont en majorité: au total, on a 15 enfants, dont 8 de moins de cinq ans! Rares sont les années où il n’y a personne en congé de maternité, et rares sont les semaines où personne n’a de rendez-vous chez le pédiatre ou d’enfant qui commence un rhume.

Mais curieusement, c’est un sujet sur lequel je trouve difficile d’écrire dans le magazine. D’abord, parce que la grande majorité d’entre vous sont des expertes en la matière. Il y a belle lurette qu’on a arrêté de vous dire que préparer les lunchs la veille facilite le quotidien: vous le savez déjà. Quelles sont vos options si un enfant est malade, si un autre a un spectacle scolaire, si le travail exige que vous soyez au poste un samedi matin? Elles vous appartiennent, et vous les connaissez mieux que nous.

Ensuite, parce que la marge de manoeuvre dont chacun dispose est très différente d’une personne à l’autre. Le métier que j’exerce me permet assez facilement de travailler de la maison, de varier mon horaire et même d’emmener un enfant au bureau quand je n’ai pas d’autre choix. Encore mieux: j’ai un conjoint qui peut faire de même. Mais ces possibilités sont des privilèges, pas la norme. Si j’étais infirmière, policière ou chauffeuse d’autobus, ces options ne seraient pas à ma portée. Idem si je travaillais pour un employeur qui ne voudrait rien entendre de la vie personnelle de ses employés...

Ceci dit, même si on connaît les solutions pratiques pour faciliter notre double vie de parent et de travailleur, on n’atteint pas la sérénité pour autant. Dans son livre Qui s’occupe du souper? (Québec Amérique), paru au printemps, la journaliste Nathalie Collard aligne des chiffres troublants: un sondage Léger réalisé pour le Réseau Québec Famille au printemps 2014 indiquait que 45 % des parents québécois dont les enfants étaient âgés de six ans et moins disaient avoir de la difficulté à concilier le travail et la famille; et un avis scientifique de l’Institut national de santé publique du Québec publié en 2013 montrait que plus de la moitié des mères québécoises travaillant à temps plein et ayant au moins un enfant de moins de 11 ans se considéraient comme «constamment tendues».

Vous reconnaissez-vous dans ces chiffres? Moi, oui. Quand l’imprévu arrive (et Dieu sait qu’il se pointe souvent), quand j’ai l’impression qu’il faudrait que je me sépare en deux pour remplir toutes mes obligations et quand je me retrouve à courir de la maison au bureau (ou l’inverse) en mangeant un semblant de dîner dans un wagon de métro, il m’arrive d’avoir envie de crier: «JE N’AI QUE DEUX BRAS!»

En se penchant sur le rôle que peuvent jouer les employeurs pour favoriser l’équilibre entre les obligations familiales et les responsabilités professionnelles (Les champions de la conciliation travail-famille, à la page 68), on espère apporter des pistes de réflexion et de bonnes idées à tous ceux qui sont préoccupés par la question. Et à tous ceux qui voient venir la saison des virus, devoirs et journées pédagogiques avec un brin de stress, je dis: «Courage! Un jour à la fois, on va tous y arriver!»

Claudine St-Germain
Rédactrice en chef
Octobre 2016

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