Vie de famille
Couches lavables: L'heure du jugement
Photographe : Anne Villeneuve
Devenir parent vient avec son lot de décisions à prendre. Notre premier enfant est encore tout chaud dans notre ventre que déjà on s’informe et, surtout, on achète: un lit, une poussette, un coussin d’allaitement et parfois aussi... Des couches lavables!
Ce n’est pas un choix anodin que d’habiller le derrière de nos petits. Coton, bambou, chanvre? Pour plusieurs, il s’agit d’un choix écologique et même économique à certains égards. Qu’importe ce qui motive leur décision, les parents doivent souvent justifier celle-ci auprès de leurs amis, de leur famille et même de leur garderie.
Bien que de plus en plus d’endroits l’offrent, le CPE que mes enfants ont fréquenté n’acceptait pas les couches de coton. J’ai donc choisi de n’utiliser le coton qu’à la maison. Malgré tout, mon entourage trouvait que je me compliquais la vie, que je devais me reposer davantage et passer plus de temps avec mon bébé. Rassurez-vous, même s’il me fallait ajouter une brassée de couches à mon lavage, j’arrivais à lire une ou deux histoires avant le dodo de mon enfant et même à lui cuisiner des muffins!
J’en ris aujourd’hui, mais il est évident que le jugement des autres sur nos choix familiaux peut nous affecter durement. La psychologue Julie Roussin, elle-même maman de deux jeunes enfants, en sait quelque chose. «J’ai déjà ressenti cette pression concernant les choix parentaux qu’on doit faire ainsi que les critiques de notre entourage à propos de ceux-ci», explique-t-elle.
Chaque parent a un idéal qu’il aimerait atteindre. «Lorsque quelqu’un sous-entend que cet idéal ne l’est peut-être pas, on ne l’accepte tout simplement pas. C’est comme si l’on nous disait qu’on “botchait” le projet le plus important de notre vie, qu’on négligeait ce qui avait le plus de valeur pour nous», explique la psychologue.
Pour Marie-Ève, 35 ans, les critiques autour des couches de coton qu’elle emploie l’ont très peu affectée. «Des gens autour de moi ont fait pas mal de commentaires sur mon choix, et celui qui revenait le plus souvent, c’était que je donnais l’impression de régresser socialement. Que les femmes n’avaient plus besoin de laver de couches. Mais moi, ça me tentait de le faire, alors pourquoi est-ce que ça dérangeait tant?», demande-t-elle. Son truc? S’informer pour mieux répliquer. Avant d’acheter, elle a suivi une formation en boutique, afin de bien comprendre comment utiliser les couches. Elle y a aussi puisé les arguments nécessaires pour pouvoir en discuter sans se sentir attaquée personnellement.
Avec les années, moi aussi, je me suis sentie plus solide sur mes pattes parentales. «Après tout, les parents sont les mieux placés pour savoir ce qui est bon pour leurs enfants», explique la psychologue. Quel que soit votre choix, qu’il s’agisse de couches, de nourriture, de sports ou de type d’école, je vous rassure: une décision prise selon nos valeurs, en s’écoutant, soi – et pas les autres! – sera toujours la bonne. Promis!