Vie de famille

Connaître et prévenir le baby blues

Connaître et prévenir le baby blues

Thinkstock Photographe : Thinkstock Auteur : Coup de Pouce

Presque toutes les mamans en souffrent, parfois sans même pouvoir le nommer. Quoi? Le baby blues. Voici des moyens de le prévenir et de l'apprivoiser.

Le baby blues, qu'on appelle aussi le «syndrome du jour trois», parce qu'il survient généralement autour de la troisième journée après l'accouchement, est un dérèglement émotif dont souffrent près de 80 % des nouvelles mamans. «Le baby blues est un état que j'appelle de l'incontinence émotionnelle. C'est une hyperémotivité qui arrive à l'intérieur des deux semaines suivant un accouchement, et qui est tout à fait normale», explique Marie-Josée Poulin, psychiatre en périnatalité et chef de la clinique en périnatalité du Centre hospitalier Robert-Giffard – la seule au Québec uniquement consacrée aux femmes en dépression post-partum.

Baby blues et dépression post-partum
Nombre de femmes qui en souffrent croient à tort que ce syndrome est le résultat de leur incapacité à être une mère adéquate. Ce dernier se produit pour une raison bien concrète: la fatigue, physique et émotionnelle, comme le mentionne Marie-Josée Poulin: «La fatigue accumulée à cause du manque de sommeil avant la naissance, les douleurs associées à l'accouchement et la charge émotive extrêmement grande due au fait d'avoir un enfant amènent à l'hyperémotivité du baby blues». Par ailleurs, l'ego souvent fragile de la nouvelle maman est particulièrement sensible aux commentaires des autres quant à la façon dont elle fait telle ou telle chose. «On s'abstient de dire à notre amie qui vient d'accoucher ce qu'elle doit faire et comment le faire, avise Marie-Josée Poulin. Sans le savoir, nos commentaires pourront aggraver le baby blues

Toutefois, cet état inquiète beaucoup de femmes qui le confondent souvent à la dépression post-partum, un mal beaucoup plus grave. Comment distinguer les deux maux? «Le baby blues se traduit par des pleurs, de l'impatience ainsi que de l'irritabilité. Mais ces symptômes ne durent que de deux à quatre jours, et la mère sera toujours capable de s'occuper de son bébé, indique la psychiatre. Une mère qui vivra un détachement complet de l'enfant de plus de quelques heures, qui a des idées noires et violentes envers elle-même ou envers le bébé, qui entend des voix, qui souffre de troubles du sommeil ou qui est habitée par un sentiment de désespoir et de détresse persistant plus de quelques jours devra absolument consulter, car elle souffre probablement de dépression post-partum.» De même, certains facteurs génétiques (parent dépressif, par exemple) et psychosociaux (vie affective déficiente, instabilité financière, etc.) peuvent constituer des éléments directement liés à la dépression post-partum. La plus récente étude faite à ce sujet établit que 18,7 % des femmes vivent une dépression post-partum, ce qui représente environ une femme sur six.Comment gérer le baby blues?
«Plusieurs femmes encore croient être des superwomen et pensent qu'elles auront l'accouchement idéal et le bébé parfait. Mais un bébé requiert des soins de façon intensive et constante», fait observer Marie-Josée Poulin. Ainsi, la nouvelle maman qui a entretenu une vision idéalisée de sa nouvelle vie risque d'en prendre pour son rhume… ou pour son baby blues! Une solution? Être réaliste! «Il faut que les femmes acceptent l'idée qu'elles seront sur le carreau pendant quelques jours à la suite de l'accouchement», souligne la spécialiste.

Une autre aide pour les nouvelles mamans: la création d'un réseau de soutien, et ce, avant la naissance de bébé. Ainsi, notre soeur pourra cuisiner des plats à congeler, une amie viendra faire le ménage pendant un certain temps, une autre encore s'improvisera massothérapeute en cas de crise de stress aigüe! De simples visites amicales éviteront par ailleurs qu'on reste seule trop longtemps, trop souvent – un facteur qui pourrait aggraver le baby blues. La jeune mère ne bénéficiant pas d'un réseau de soutien proche pourra faire appel au CLSC le plus près qui pourra la mettre en contact avec différents organismes, en plus d'offrir l'aide d'une infirmière durant les six premiers mois. Le gynécologue, le médecin de famille et le service d'urgence de l'hôpital sont aussi des solutions à envisager. Comme le baby blues ne dure pas longtemps, il suffit aussi de l'accepter, tout simplement. Et, surtout, on met la culpabilité au rancart!

Témoignages
Du repos
«Trois ou quatre jours après la naissance, je pleurais pour rien et je me demandais si j'allais y arriver. C'est comme si mes hormones allaient de travers. Même si je m'occupais de mon bébé, je me demandais souvent si je réussirais. Finalement, après quelques jours et du repos, tout est rentré dans l'ordre.» Marie, 32 ans.

L'humour
«J'ai eu trois bébés et, à chaque fois, j'ai traversé une période où je devenais très irritable. Même si j'ai tout ce dont j'ai besoin et que mon copain est le meilleur père au monde, j'ai de la difficulté à faire la part des choses. Heureusement, mon conjoint sait me brasser un peu en me faisant rire. À tout coup, cela a réussi à me faire sortir de mon baby blues.» Nathalie, 35 ans.

L'amitié
«Deux jours après mon accouchement, je suis devenue super émotive. Sans être déprimée, je pleurais pour rien et je me suis beaucoup remise en question. Heureusement, mon amie était là et elle m'a rassurée. Après deux jours, tout était bien.» Audrey, 25 ans.

Pour en savoir plus
  • Association canadienne pour la santé mentale
  • Partage X
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