Vie de famille
Argent: répartir les dépenses dans une famille recomposée
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L’argent est souvent source de conflits dans un couple, surtout quand les conjoints ont des enfants d’une union précédente. Quelques conseils pour répartir les dépenses et gérer les finances au sein d’une famille recomposée.
La famille de Marie-Josée et Sébastien se constitue de leurs deux enfants et de trois garçons nés d'une précédente union de Marie-Josée. «Dès le début de notre relation, j'ai confié à Sébastien à quel point je trouvais difficile de vivre avec un aussi grand écart en matière de responsabilités parentale et financière. J'étais propriétaire d'une maison et j'avais trois enfants à ma charge, alors que lui habitait chez ses parents et n'avait pas d'enfant. Il m'a tout de suite rassurée: il désirait tout partager avec moi. On a même décidé ensemble que je démarrerais ma petite entreprise à domicile afin d'être plus présente pour les enfants. Aujourd'hui, nous mettons réellement tout en commun. Nos salaires, nos prestations familiales, nos remboursements d'impôt et la pension alimentaire de mes aînés vont dans un compte conjoint qui sert à payer toutes les dépenses de la maison et de la famille», raconte la jeune entrepreneure.
Bien que la gestion des finances ait été abordée très tôt dans leur relation, elle provoque toujours certaines tensions. «Quand nous sommes trop serrés, Sébastien a tendance à accuser mon ex de ne pas verser une assez grosse pension, avoue Marie-Josée. Je constate aussi que mes plus vieux n'ont pas tout à fait droit aux mêmes égards que les plus jeunes. Par exemple, nous allons régulièrement au resto, mon conjoint, moi et nos deux enfants, les fins de semaine durant lesquelles mes grands sont absents. Mais si je mange au restaurant avec un ou deux d'entre eux, je sens que ça dérange Sébastien. Il me rappelle que nous sommes serrés. Les dépenses pour les plus vieux sont vues comme des frais supplémentaires, alors que celles effectuées pour les nôtres vont de soi!»
Gérer dans la générosité et le respect
Le scénario financier de Nathalie et Jacques est différent. Ils ont chacun deux filles nées d'une précédente union, travaillent à temps plein et gagnent de bons salaires. Nathalie est convaincue que pour réussir une vie de famille recomposée, il faut donner sans compter.
«Nous contribuons chacun, au prorata de notre revenu, aux dépenses communes, comme l'hypothèque, le téléphone, les taxes et l'électricité - l'argent nécessaire est placé dans un compte conjoint. Pour les frais de tous les jours, on ne calcule pas. Par exemple, c'est celui qui va à la pharmacie qui paie pour tous ceux qui ont besoin de quelque chose. Même chose pour les vêtements. Pour le reste, nous gérons chacun notre argent dans nos propres comptes», raconte-t-elle.
Le secret d'une saine gestion financière et familiale, selon Nathalie, repose surtout sur la maturité émotive de chacun. «Il faut être humainement généreux. Par contre, on ne doit jamais se mêler des arrangements que l'autre a conclus son ex-conjoint. Par exemple, Jacques a toujours assumé 100% de toutes les dépenses qui concernaient ses filles. La mère de celles-ci lui réclamait les montants déboursés pour les enfants, et il acquittait les factures. De mon côté, mon ex-conjoint et moi réglions les frais de l'école privée de nos filles moitié-moitié. Pour l'université, l'entente a été modifiée, de sorte que mon aînée doit maintenant payer le tiers de ses dépenses, tandis que son père et moi assumons le reste à parts égales.»
Pas de règle unique pour les familles recomposées
Selon Nancy Lamontagne, planificatrice financière à la Caisse Desjardins de Montréal-Nord, il n'existe pas de modèle unique de gestion financière pour les familles recomposées. L'important, c'est qu'elles choisissent un scénario qui respecte les valeurs et les objectifs personnels et professionnels de chacun.
«Que toutes les dépenses soient mises en commun, acquittées au prorata des salaires ou divisées en parts égales, ce qui compte, c'est d'être à l'aise avec le modèle choisi, que chacun y trouve une certaine satisfaction et, surtout, qu'un conjoint ne s'appauvrisse pas par rapport à l'autre.»
Régler sa situation passée et planifier l'avenir
Pour éviter de s'appauvrir, Nancy Lamontagne recommande de régler sa situation passée. «Si on est marié, on divorce. Sinon, notre ex-conjoint sera toujours l'héritier de notre patrimoine. Si on avait acquis une propriété ensemble, elle doit être vendue ou la part de l'autre doit être rachetée.»
La planificatrice recommande ensuite de rédiger un contrat de vie commune, qui établira le partage des responsabilités financières et des biens familiaux en cas de séparation. «Aux yeux de la loi, notre statut de conjoint de fait ne nous donne pas les mêmes droits et recours que celui d'une personne mariée. Il vaut donc toujours mieux régler ce genre de choses pendant que tout va bien. Si on ne signe pas de contrat, on garde toutes les factures des achats importants ainsi que celles de l'épicerie et des vêtements des enfants. Et si on achète une maison familiale, on se tourne vers la copropriété.»
Rédiger son testament
Comme les conjoints de fait ne sont pas reconnus au chapitre de la succession, il est important de faire un testament, rappelle Nancy Lamontagne. «Si notre partenaire décède sans en avoir rédigé un en notre faveur, sa part de la maison et des biens ainsi que son argent iront directement à ses enfants. Ce document protégera le conjoint survivant et la famille recomposée. C'est l'élément incontournable d'une bonne planification successorale.»
Pour que personne ne soit pénalisé en cas de décès, le couple de Nathalie et Jacques a opté pour une police d'assurance vie temporaire qui couvre la moitié de la valeur de leur résidence familiale. «Si Jacques meurt, je ne veux pas me retrouver propriétaire avec ses enfants. Dans son testament, il me lègue donc la maison et, en guise de compensation, il a désigné ses filles comme bénéficiaires de son assurance vie.»
Marie-Josée et Sébastien n'ont pas signé de contrat d'union de vie commune, mais leur testament respectif les favorise tout en protégeant les aînés de Marie-Josée. «Si je décède, la maison va à mon chum, et mes assurances vie sont partagées entre lui et mes trois plus vieux», conclut-elle, soucieuse de veiller au bien-être de tous ceux qu'elle aime.