Vie de famille

Quand papa reste à la maison

Quand papa reste à la maison

� iStockphoto Photographe : � iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

Ils seraient quelque 100 000 papas au Canada à avoir choisi de rester à la maison. Bien qu’ils représentent une minorité, ces pères au foyer sont de plus en plus nombreux. Portrait de ces papas qui ont troqué la mallette contre les sacs de couches.

Diane Dubeau est professeure-chercheuse au département de psychoéducation et de psychologie de l'Université du Québec en Outaouais. Selon elle, plusieurs facteurs expliquent la hausse, ces dernières années, du nombre de pères québécois au foyer. D'abord, il y a le désir des hommes d'être plus présents auprès de leur progéniture. Par ailleurs, les conditions de vie actuelles des familles, dans lesquelles les deux parents travaillent souvent, exigent un engagement accru des pères et un partage des responsabilités - tâches ménagères, éducation des enfants, etc. Le dernier facteur, et non le moindre, est la possibilité de choisir.

«Avant, on avait une vision très stéréotypée des rôles parentaux Aujourd'hui, il n'est plus automatique que ce soit la mère qui reste à la maison. La décision est mûrie et prise à deux», observe la spécialiste. «Il y a aussi le fait que les femmes gagnent de mieux en mieux leur vie», ajoute de son côté le psychologue et sexologue Yvon Dallaire.

Exit les stéréotypes!

Les deux experts s'accordent sur un point: bien que la société soit de plus en plus ouverte à l'idée qu'un papa reste à la maison, dans l'idée populaire, l'image traditionnelle de l'homme pourvoyeur est encore très présente. «Malheureusement, le regard posé sur les pères au foyer est encore teinté de préjugés négatifs qui touchent leur identité masculine et parfois même leur virilité. Et les mères n'y échappent pas. Beaucoup se font dire: "Pourquoi c'est ton conjoint qui reste à la maison et pas toi? Tu n'es pas capable de t'occuper de tes enfants?" La plupart des couples sont confrontés à ça», affirme Diane Dubeau. «Au-delà des préjugés, il y a les réactions émotives. Des mamans qui se sentent coupables de ne pas rester auprès de leurs enfants, ce n'est pas rare. La société évolue, mais on ne modifie pas des années de traditions - mère nourricière, père pourvoyeur - en deux générations», souligne Yvon Dallaire.

Les papas nouveau genre n'ont que faire des stéréotypes. Non, ils ne sont pas des versions masculines de Martha Stewart. Ils réinventent plutôt leur rôle. «Un homme paterne ses enfants, il ne les materne pas!» précise le psychologue. Diane Dubeau acquiesce: «Les travaux de recherche montrent que les pères sont tout aussi compétents que les mères pour prendre soin de leurs enfants. C'est leur façon de faire qui est différente», explique-t-elle.

Ainsi, les papas seraient plus portés à interagir avec leur progéniture dans des contextes de jeu et d'action. Ils auraient tendance à être plus exigeants, à amener plus rapidement leur enfant vers l'autonomie et à favoriser son esprit d'initiative. «Les mères, elles, seraient davantage enclines à vouloir protéger leur enfant et à s'adapter à ses besoins. Il n'y a pas une façon de faire qui soit meilleure que l'autre. La plus grande richesse pour un enfant, c'est de bénéficier des deux», note la spécialiste.

Qui sont ces papas au foyer?

Il est difficile de dresser le portrait type des hommes qui choisissent de devenir papas au foyer. «Les statistiques englobent tous ceux qui sont à la maison, qu'ils aient perdu leur emploi, soient bénéficiaires de l'assistance sociale ou aient décidé, de leur plein gré, de s'occuper des enfants», rapporte Diane Dubeau. On peut donc s'attendre à déceler des caractéristiques bien différentes pour ces divers sous-groupes de pères au foyer. Cela dit, il semble que les hommes qui font le choix de rester à la maison aient, en général, un niveau de scolarité et un statut socioéconomique plus élevés que la moyenne.

Toujours rose, la vie de père au foyer? «Non, répond la professeure-chercheuse. Outre le regard des autres, la principale difficulté vécue par ces hommes est l'isolement. Quand ils vont dans des lieux publics avec leurs enfants, par exemple au parc, où il n'y a que des mamans, leur présence suscite parfois un malaise. Lorsqu'ils se retrouvent entrent amis, les autres discutent de leur travail alors qu'eux auraient plutôt envie de parler de leurs enfants. Ils se retrouvent en marge de leur groupe d'appartenance, ce qui en amène certains à se sentir isolés.»

Quoi qu'il en soit, les bénéfices liés à l'implication paternelle sont nombreux, et ce, pour toute la famille. Les enfants qui ont la chance d'avoir un père impliqué présentent moins de troubles du comportement, s'intègrent mieux à la société et persévèrent davantage dans leur cheminement scolaire. Les mères sont moins stressées et plus satisfaites de leur relation conjugale. Quant aux papas, en plus de partager cette satisfaction, ils jouissent d'un plus grand sentiment de compétence ainsi que d'une meilleure santé physique et psychologique.

  

Suggestion de lecture

jeunepapa.com

Suggestion de lecture 

Enquête de paternité, Geneviève Landry et Sébastien Raymond, Éditions de l'Homme, 232 pages, 2009.

 

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