Vie de famille
Investir pour payer les études postsecondaires de son enfant
Difficile de savoir en regardant votre enfant s’il deviendra médecin ou ingénieur. Mais peu importe: il est sage d’investir dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour payer une partie de ses études postsecondaires. Il peut cependant être difficile de choisir parmi les différents types offerts.
«Cela peut paraître facile et intéressant, mais il est fortement conseillé de bien lire les détails du contrat proposé avant de signer», recommande Sophie Roussin, analyste en finances personnelles à l'Union des consommateurs.
Les avantages
D'abord, les avantages. Lorsque vous cotisez à un REEE, les deux paliers de gouvernement offrent des subventions qui atteignent 30 % du montant versé. «Les intérêts sont aussi importants. Même si les montants placés ne sont pas très élevés, après 15 ou 20 ans, le total avec les intérêts est intéressant», poursuit Madame Roussin.
Les familles à très faible revenu, qui reçoivent par exemple le Supplément de la prestation nationale pour enfants, peuvent même profiter, en ouvrant un compte REEE, d'une subvention appelée Bon d'études canadien sans avoir à verser de cotisation.
Lorsque vous cotisez à un REEE, le montant investi n'est pas déductible d'impôt, contrairement à lorsque vous le faites dans un régime enregistré d'épargne-retraite (REER). Vous avez donc déjà payé l'impôt sur ce montant. C'est votre enfant qui sera imposé sur les sommes qu'il touchera lorsqu'il entreprendra ses études postsecondaires. Toutefois, il pourrait payer très peu d'impôt sur son REEE, voire pas du tout, étant donné que les revenus des étudiants sont peu élevés.
REEE ou CELI?
Investir dans un REEE est beaucoup plus avantageux que dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI). «Entre les deux, je choisirais le REEE, répond sans hésiter Daniel Laverdière, directeur principal chez Planification financière Banque Nationale. Le REEE donne droit à des subventions, ce que n'offre pas le CELI.» La différence peut être notable. Toutefois, il est suggéré de se constituer un coussin de sécurité sous forme de CELI avant de cotiser au REEE.
Par exemple, pour un investissement de 1000 $ dans un CELI, à 4 % de rendement sur 20 ans, le montant initial aura atteint 2191 $, somme qu'on pourra retirer sans devoir payer d'impôt additionnel.
Pour le même 1000 $, placé cette fois dans un REEE, on ajoute dès le départ 300 $ en subvention. Toujours après 20 ans, au même rendement, le total sera de 2848 $. Si l'étudiant qui en profite ne paie pas d'impôt, l'écart au profit du REEE sera de 657 $.
«Même dans un cas très peu probable et extrême ou l'étudiant serait imposé à 40 %, pour le même montant investi au cours de la même période et au même taux, l'avantage va encore au REEE, l'écart étant cette fois de 37 $», poursuit Daniel Laverdière.
Les désavantages
Au chapitre des désavantages, d'où l'importance de bien lire le contrat proposé, il est possible que quelques programmes d'études postsecondaires ne soient pas admissibles. «Certains régimes, par exemple ceux des six fondations canadiennes spécialisées dans ces créneaux, sont plus contraignants; vous pourriez même perdre les intérêts générés par vos cotisations. Mais des subventions pourraient alors être transférées à d'autres enfants de la famille», note Sophie Roussin.
Et si votre enfant n'entreprend pas d'études postsecondaires? «La subvention devra être retournée entièrement au gouvernement, et le cotisant sera imposé sur le rendement, c'est-à-dire sur les intérêts générés. En plus du taux d'imposition, qui peut atteindre 40 % voire 48 %, ce qui est possible, il faut ajouter un 20 % de pénalité. La personne pourrait être imposée à 68 %. C'est beaucoup», soutient Monsieur Laverdière.
Il existe heureusement un moyen d'éviter une telle imposition: transférer le montant restant directement dans un REER. Il est possible d'y transférer jusqu'à 50 000 $, dans la mesure où l'on a des droits de cotisation REER inutilisés.
Et si l'étudiant décroche? «Les cotisations au REEE vous appartiennent et ne sont jamais perdues. Sur le plan des subventions, certains régimes offrent des délais. Le jeune pourrait ainsi délaisser ses études quelques années et ensuite les reprendre. Mais après un certain temps, les subventions devront être retournées au gouvernement ou peut-être transférées à ses frères ou sœurs.
En ce qui a trait aux intérêts générés, tout dépend des régimes. Mais généralement, c'est le cotisant qui sera imposé sur le montant restant des intérêts accumulés.
L'Union des consommateurs propose un site Web très complet sur les REEE. De l'information sur le Bon d'études canadien peut être consultée en ligne.