Grossesse
Qu'est-ce qu'une grossesse nerveuse?
Arrêt des menstruations, nausées, prise de poids… Une grossesse nerveuse présente des symptômes identiques à ceux d'une grossesse réelle. À un détail près: aucun enfant n'est à venir. On fait le point sur ce trouble rare.
La grossesse nerveuse, aussi connue sous le nom scientifique de «pseudocyesis», est un trouble psychique très rare dont les causes n'ont pas été établies hors de tout doute. Il se traduit par l'apparition des symptômes d'une grossesse (nausées, prise de poids, arrêt des menstruations...) alors qu'il n'y a pas eu conception.
«La grossesse nerveuse est une sorte de compromis entre deux tendances opposées: d'une part, un très fort désir d'avoir un enfant et, de l'autre, l'impossibilité physique de concevoir», explique Irène Bleton, une psychanalyste qui s'intéresse aux questions entourant la grossesse depuis plus de 20 ans. Dans certains cas, cette impossibilité est évidente - absence de relation sexuelle ou ménopause - et pourtant la personne est convaincue d'être enceinte. Aussi, une femme qui a très peur de tomber enceinte alors qu'elle nourrit intérieurement un fort désir de concevoir un enfant pourrait développer une grossesse nerveuse. «Dans les deux cas, il y a un conflit déchirant autour de l'idée de la grossesse qui peut faire naître ce trouble psychique», observe la psychologue Ludmila Girvan.
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Grossesse nerveuse: un phénomène très rare
Aucune des deux professionnelles n'a rencontré de cas de grossesse nerveuse dans le cadre de sa pratique. Rien d'étonnant selon Irène Bleton: «Les femmes concernées ne consultent ni médecin, ni psychologue durant les mois que dure leur trouble. Elles restent dans cet état de rêve éveillé.» C'est plutôt en se présentant à l'hôpital pour accoucher que ces femmes apprendront durement qu'il n'y a jamais eu de bébé, ce qui peut être très traumatisant pour elles. C'est pourquoi «elles auront besoin d'un soutien inconditionnel», affirme Ludmila Girvan. «Toute personne qui manifeste des symptômes aussi spectaculaires a besoin d'une psychothérapie», croit Irène Bleton.
On estime à environ une à six grossesses nerveuses pour 22 000 grossesses effectives. Il s'agit donc d'un trouble extrêmement rare. En revanche, il est plus commun que des femmes essayant de tomber enceinte depuis un certain temps ressentent de mini symptômes, comme des douleurs aux seins et des nausées, et qu'elles interprètent ces sensations dans le sens de leur désir. «C'est très différent d'une grossesse nerveuse, car ces femmes feront un test pour vérifier si elles sont enceintes», note Irène Bleton. En effet, elles ne resteront pas dans l'illusion d'une éventuelle grossesse. «Elles acceptent le fait qu'il n'y a pas eu conception malgré leur déception, et continueront à essayer d'avoir un bébé», ajoute Ludmila Girvan.
Autres troubles entourant la grossesse
Il faut également distinguer la grossesse nerveuse de la grossesse sympathique, ou «couvade», que l'on observe chez certains futurs pères. S'ils présentent des symptômes similaires à leur conjointe, notamment une prise de poids importante, ces hommes savent très bien qu'ils n'attendent pas de bébé. À l'opposé de la grossesse nerveuse, il y a le déni de grossesse, un autre phénomène inconscient impressionnant, puisque les femmes concernées continuent d'avoir leurs menstruations et gardent un ventre plat alors qu'elles portent un enfant. Certaines découvrent leur condition en accouchant et vivent alors un choc immense en réalisant la situation.